Archives mensuelles : août 2011
Le train, c'est l'avenir !
train : ça me laisse beaucoup de temps pour écrire toutes mes âneries.
du train Bruxelles-Maastricht, avec ses retards fréquents, ses suppressions inopinées
(comme aujourd'hui matin) : ça me laisse encore beaucoup plus de temps.
temps, c'est tout ce qu'il me faut pour écrire toutes mes âneries.
jamais vraiment compris les travailleurs qui se plaignaient des retards de leur train. Ce n'est
pas de leur faute s'ils sont en retard, c'est de la faute du train. Donc, normalement, ils doivent être
payés comme s'ils étaient présents au boulot. En outre, les retards, ça permet de se reposer, de lire, d'écrire, bref de faire ce
qu'on veut de sa vie. Donc, haut les cœurs, vive les retards ! Vive la SNCB !
j'ai fait deux constats.
même minimaliste – qu'avec un journal. En effet, je regarde les premières
statistiques du "Devinoscope" (notre nouveau blog de devinettes
visuelles, à Léandra et à moi), et j'arrive à une soixantaine de visiteurs
différents dès ce premier jour, soit plus du double du taux de fréquentation moyen
du présent journal. La grande majorité de ces soixante visiteurs sont
originaires de Facebook car des amis (et des amis d'amis, sans doute) ont eu la
sympathique idée d'en partager le lien sur leur profil ; quelques uns ont aussi
été redirigés depuis Twitter, où officient Léandra et Andrew ; les
derniers, enfin, viennent du forum MonLégionnaire, où d'anciens camarades de
combat ont cru bon de créer un post à ce sujet. Maintenant, il faut voir si
j'arrive à fidéliser et à garder mon public, comme on dirait dans un bureau
d'études commerciales.
pourquoi un blog de jeu fonctionne-t-il mieux ? Première hypothèse : parce que
c'est un jeu justement et que, de manière générale, beaucoup d'humains aiment se torturer
les méninges pour avoir l'immense satisfaction de la découverte, cette
petite "étincelle neuronale" qui soudain prend sa source dans une partie indéterminée du cerveau.
"Eurêka", comme dirait l'autre. Ici, ça ressemble plus à un :
"Bordel, j'ai enfin trouvé la solution de cette putain de devinette à la
con !". Bref, la découverte de la réponse est une immense victoire...
Pourquoi tant de gens aiment jouer au Sudoku dans le train ? Pourquoi tant
de gens aiment les énigmes du père Fouras ? Je suppose que c'est dans le
même ordre d'idée, même si personnellement, je déteste le Sudoku et ai
constamment envie d'arracher la barbe postiche du faux vieillard de Fort Boyard.
Je sais ainsi de source sûre que, quand j'ai lancé le concept de ces énigmes
pour la première fois sur Facebook, certaines personnes n'arrivaient pas à
dormir s'il restait une devinette non résolue à la tombée de la nuit !
Conclusion : ces devinettes ridicules peuvent devenir une drogue, tant
d'ailleurs pour le découvreur que pour le créateur (va falloir que je fasse
gaffe !). Seconde hypothèse : ce journal, faut se le taper. Il n'est
pas spécialement marrant, ni même spécialement intéressant, sauf pour moi-même.
C'est un truc personnel : au départ, je l'écrivais d'ailleurs juste pour
moi. C'est encore un peu le cas maintenant, même si le fait de savoir que je
suis lu change forcément ma façon de l'écrire, dans le sens où je m'amuse à
faire de plus en plus de références ; mais aussi où j'ai de plus en plus
peur de ce que j'y évoque ("Comment va-t-il/elle le prendre ?",
"Est-ce que je dis ça ou pas ?").
m'amène au deuxième constat de cette journée : ce que j'écris dans ce
journal a des répercussions sur le monde extérieur parce que je n'y parle
pas que de moi, mais aussi de mon entourage plus ou moins proche... C'est même "pire"
que ça : je parle de ma façon de voir les autres. Ces autres-là, se
voyant dans le miroir déformant que je leur tends, n'ont pas demandé à être
décrits. Cette façon de faire ne pose aucun problème pour des inconnus
rencontrés dans un café ou au hasard d'une navette de train. Et comme me le
fera comprendre Léandra, elle n'en pose pas plus pour les personnes qu'on
n'aime pas et qu'on ne côtoie donc pas. C'est tout autre chose avec
les amis. Certains adorent, d'autres détestent.
portée de ce que je raconte. Mais ça ne change rien en fait, car tout le monde se reconnaît,
forcément (bah oui). De même, Léandra me dira que c'est pour ça que, dans son journal à
elle, sauf exception, elle décrit les faits les uns
après les autres, du début à la fin de la journée. Elle fait bien plus que ça,
pourtant, quand j'y réfléchis : un style d'écriture, même s'il se veut factuel,
purement descriptif, permet de faire passer beaucoup plus d'idées que ne le pense le
rédacteur. L'écriture trahit : une plume n'est jamais
neutre. De toute façon, je ne pourrai jamais faire comme Léandra, car j'ai
pris pour parti depuis quelques mois de laisser tomber certains pans de ma
journée pour me consacrer de manière plus précise à d'autres, que je décris dès
lors de manière plus analytique.
ça pour dire que je me suis rendu compte de cet aspect des choses aujourd'hui. Je ne parle
jamais à la deuxième personne dans ce journal (sauf pour me tutoyer quand je suis saoul)
et je vais donc utiliser un chemin détourné pour faire passer ma pensée : si
certaines personnes qui me lisent ne veulent pas/plus figurer ici, il est
très facile de me le faire savoir. Je ne m'en vexerai pas le moins du monde. Je
peux même supprimer jusqu'à leur présence si elles le désirent (mais ça me
prendra un certain temps dans ce cas, surtout pour des amis proches).
Zahra a constamment le sourire aux lèvres. Elle aura par ailleurs clairement un effet calmant sur Andrew. Le gars qui l'accompagne est beaucoup moins causant. Il ne parle pas français et nous sortira : "Brussels is an international city, so I don't need to speak french" (ou une phrase approchante). Je déteste ce comportement. C'est comme si j'allais à Londres et que je ne faisais pas l'effort de parler anglais, parce que "Londres est une ville internationale". Bref. De toute façon, il est assez laconique, même en anglais, et restera la moitié de sa soirée sur son téléphone (mais à qui me fait-il penser ?).
On entend "London Calling" des Clash et je me dis qu'ils passent de la bonne musique ce soir. Pas de bol : juste après, c'est au tour de Queen. J'ai pensé trop vite.
Zahra et Monsieur je-ne-parle-qu'anglais s'en vont. La fille fait une bise chaleureuse à tout le monde en guise d'au revoir. Le gars me sert la main sans me regarder. Quel contraste ! J'apprends que c'est chez ce type que Zahra est allée habiter lorsqu'elle venait d'arriver à Bruxelles, délaissant dès les premiers jours la chambre que Léandra avait préparée pour elle.
Plus tard, Andrew parlera, je ne sais pour quel raison, d'un sujet assez casse-tête. En résumé, ça donne : en amour, vaut-il mieux tenter le coup avec quelqu'un dont on n'est pas spécialement amoureux mais avec qui on a toutes ses chances ou vaut-il mieux au contraire tenter le grand amour, même si ça semble mal parti d'avance ? La question est toute théorique à mes yeux vu que je ne tente jamais rien, à quelques infimes exceptions près. À un moment, je lancerai quand même un très beau : "De toute façon, il ne faut pas réfléchir autant : il faut se lancer, c'est tout !" (de ma part, fallait oser). Toujours est-il que mon petit cerveau a déjà vécu à plusieurs reprises ce genre de petit débat interne... à mes dépens d'ailleurs, vu que j'ai toujours eu le chic pour choisir des relations impossibles et qu'au final, je ne sors jamais avec personne... C'est la vie !
Scepticisme
aujourd’hui sur Facebook entre Callys et moi, tournant autour d’une vidéo
apportant soi-disant (hem) la preuve de l’existence secrète d’une
technologie électromagnétique au sein du bombardier furtif américain B-2 Spirit
(le fameux bombardier high-tech en forme de triangle plat). Apparemment, je
suis le seul à avoir visionné cette vidéo ou alors personne ne l’a trouvée... euh...
bizarre ? Ou alors – troisième solution – tout le monde s’en fout. En tout
cas, à l’heure où j’écris ces lignes, je suis le seul à commenter. La vidéo est
l’œuvre de Jean-Pierre Petit, l’astrophysicien-ufologue-conspirationniste-etc.
Elle montre quelques images, répétées en boucle, d’un B-2 franchissant le mur du
son. Parfois, l’image passe en fausses couleurs, pour faire croire à une analyse
colorimétrique très sérieuse. Le bouclier sonique sur le dessus est plus
lumineux et prouverait la présence d’une "ionisation anormale",
causée par l’utilisation d’une "énergie de type électromagnétique". Gné ?
regarder la vidéo plusieurs fois, je n’y vois que la bulle de condensation,
propre au passage du mur du son, dans certaines conditions, illuminée par le
soleil. Mais non, malheureux ! C’est totalement impossible que ce soit le
soleil (ha ?) : c’est un truc secret, on nous cache plein de trucs.
De là à dire que les Américains disposent d’une technologie d'origine extraterrestre,
il n’y a qu’un pas, qui n’est pas franchi ici (ouf !).
En fait, je m'énerve tout seul à la pause café en écoutant cette vidéo. C'est un peu con, je m'en rends bien compte. C'est une réaction presque viscérale. Callys, un gars adorable au demeurant, dit souvent de moi que je suis un "scientiste". En fait, il a sans doute raison (dans le sens où je considère la science comme quelque chose de globalement bénéfique, un peu à la mode des philosophes rationalistes du XVIIIe siècle, et où je déteste toute forme de mysticisme et de métaphysique), mais le terme a l'air tellement négatif à ses yeux...
Ma collègue Wynka dit la même chose de moi : "Monsieur Hamilton le scientiste", me lance-t-elle parfois le sourire aux lèvres (elle est gentille et intelligente, Wynka, faut pas croire !), "tout ne s'explique pas par la science. Il y a des choses dans ce monde au-delà de l'humaine compréhension !". Ouais, peut-être, mais si on a une espérance de vie moyenne d'environ 80 ans en Occident, ce n'est pas grâce aux chamans de la Forêt amazonienne, hein... Et puis, ce qui est au-delà de l'humaine compréhension est juste... au-delà de l'humaine compréhension, c'est tout, pour le moment du moins. Pas besoin à mon sens d'échafauder des théories pseudo-scientifiques pour tenter d'expliquer des choses que l'on ne comprend pas encore.
Un jour, Wynka m'a également sorti que la science n'était pas vue de la même manière partout dans le monde. Je lui ai répondu que si, justement. Pour qu'une expérience soit prise au sérieux dans le monde scientifique, il faut suivre une série de règles, héritées de Karl Popper et, de manière plus lointaine, de l'empirisme anglais. Parmi les principes de base, pour qu'une expérience soit considérée comme vraie au sens scientifique, il faut (dans les très grandes lignes) qu'elle soit reproductible à l'identique dans les mêmes conditions par d'autres scientifiques et qu'elle puisse être réfutée empiriquement.
Bon, j'arrête là, sinon les potes de Léandra vont encore lui dire que je suis trop didactique.
ma collègue Charlotte parle d’un de ses rêves, tournant autour d’un steak tueur
(mais où va-t-elle chercher tout ça ?). Pour le moment, elle rêve aussi de
temps en temps qu’elle perd ses dents. D’après ma collègue Sylvette (qui
possède chez elle un livre sur l’interprétation des rêves – au secours, je suis
entouré de mystiques !), rêver qu’on perd ses dents signifie qu’on a
quelque chose d’inachevé dans sa vie. Moi, hilare : "Oui, le fonds
d’archives dont elle réalise l’inventaire depuis de longs mois !".
Faut dire que ce fonds d’archives est une horreur totale dans le sens où la
personne qui l’a constitué avait un peu (beaucoup ?) la tête dans les étoiles et n’a établi aucun
classement. Ainsi des poèmes côtoient-ils dans le même classeur des archives
politiques et des dessins sont-ils rangés à côtés de coupures de presse... Pauvre Charlotte ! Elle a hérité du cauchemar de tout archiviste : inventorier du
"vrac", du "divers", du "un peu de tout"...
lance mon blog de devinettes visuelles (oui, encore un blog, pfff...) et je
me rends à la Maison du Peuple de Saint-Gilles. J'ai déjà posté sur ce blog une série de devinettes qui doivent tomber aujourd'hui et demain aux heures fatidiques (midi et 20h). J'ai par ailleurs retrouvé sur mon PC d'anciennes devinettes visuelles que je n'ai jamais mises en ligne, mais je n'arrive plus à savoir ce que je voulais dire en les créant (ah, le con !). Sinon, c'est sympa : Callys et Léandra ont relayé le lien du blog sur leur statut Facebook.
Quand j'arrive à la Maison du Peuple, Emily est déjà là, avec son PC portable. Ce café est vraiment devenu notre quartier général, notre call-center comme nous l'appelons parfois (c'est un peu ridicule, d'être tous là-bas avec nos ordinateurs). Léandra passe en coup de vent. Elle revient de chez le médecin (mon médecin traitant, en fait, que je lui ai conseillé, à raison semble-t-il). Il lui a donné une semaine de congé et elle doit faire une prise de sang car... elle a trop de tension (décidément, le cœur n'est pas notre point fort).
Je passe donc la soirée avec Emily (qui a dit : "Pour ne pas changer" ?). Elle a plus le moral aujourd'hui que ce week-end. Je repense à ma théorie sur le travail, même si ce n'est sans doute pas ça qui joue dans son cas : lorsqu'on reprend le boulot, après un week-end à "faire ce que l'on veut", on est forcément plus en forme car on voit plein de monde et on a la possibilité de s'immerger dans autre chose, dans la routine du travail...
À la fin de la soirée, on s'amuse à créer un jeu de Pac-Man avec des morceaux de cartons pour symboliser les gommes, deux parties de sous-bock pour faire Pac-Man et une feuille de papier déchirée pour faire le fantôme. Emily s'occupera également du "Game over", sur un petit rectangle de papier. On imagine la gueule des serveurs. Vont-ils aimer notre création ? Ou vont-ils soupirer en voyant à nouveau tous ces petits morceaux de carton ? En tout cas, on a gardé une trace photographique du montage, au cas où...
Café, boss ?
Que raconter un dimanche ? Pas grand-chose, ça va aller très vite.
Je me couche vers 6 h 32 et je me réveille quatre heures plus tard. Je ne fais rien pendant une bonne partie de la journée, si ce n'est relire des Lucky Luke. Quand Goscinny est au scénario, cette bande dessinée de Morris est vraiment formidablement bien construite. Morris et Goscinny arrivent à mettre en cases des moments chargés d'humanité très difficiles à saisir, comme par exemple, dans Le Pied-Tendre, l'émotion très palpable de Lucky Luke face au testament de son vieil ami qui vient de décéder. Je n'ai pas la BD sous les yeux, mais de mémoire ça donne une séquence de ce genre : Luke lit le testament, roule une cigarette sans rien dire mais n'y arrive pas, faisant tomber le tabac. Le notaire touche son épaule et lui dit simplement : « Tu es ému, Luke ». Un autre grand « moment », relu également aujourd'hui : dans En remontant le Mississippi, Ned, « le meilleur et le plus menteur des pilotes du fleuve », boit café sur café, servi par Sam, son « fidèle verseur » (!), qui lui lance son sempiternel « Café, boss ? ».
* * *
Le soir, je me rends à la Maison du Peuple de Saint-Gilles avec mon ordinateur pourri mais le Wi-Fi ne fonctionne pas. Pas moyen de travailler sur mes devinettes visuelles. Tant pis, ça attendra. Emily me rejoint une heure plus tard environ, à l'improviste. Elle a mis son linge à la wasserette – tiens, je me rends compte en vérifiant l'orthographe que ce terme est belge – toute proche et l'a laissé tourner sans surveillance. La laverie en question constitue une expérience bobo du nom de « Wash & Web » : « Ne perdez pas votre temps », disent-ils sur un panneau, « surfez sur le Web ! » (le Wi-Fi est gratuit pour les utilisateurs des machines à laver). Pourquoi pas ?
Andrew nous rejoint un peu plus tard, au Verschueren. On termine la soirée à manger un couscous aux « Mille et une Nuits », rue de Moscou. La serveuse est sympathique, l'ambiance feutrée, les canapés confortables. Un des sujets de discussion : les cours d'éducation sexuelle à l'école. Je me rappelle ma dernière année de primaire, aux alentours de douze ans donc. Au premier semestre, nous avions eu droit à un cours de secourisme avec un certain Monsieur Mouton (si ma mémoire est bonne). Il nous a appris à faire des bandages complexes et à faire du bouche à bouche. Au dernier cours de l'année, il avait ainsi apporté un mannequin en plastique grandeur nature, sur lequel il fallait pratiquer à tour de rôle (oui, oui) le fameux bouche à bouche. Si on le faisait bien (autrement dit, si on arrivait à insuffler de l'air dans le mannequin), un petit voyant vert s'allumait ; si on le faisait mal, un voyant rouge. Je garde un souvenir très précis de Monsieur Mouton me disant, devant une classe hilare : « Bravo, c'est toi qui le fais le mieux dans cette classe ». Je n'ai jamais vraiment profité sur le moment de cette éphémère renommée (j'étais jeune et innocent).
Au second semestre, le secourisme était remplacé par des cours d'éducation sexuelle. La classe était mixte et les professeurs au nombre de deux (un homme et une femme). Les premières séances étaient consacrées aux questions. Chaque élève écrivait de manière anonyme sur un papier les interrogations qui lui passaient par la tête et plaçait le papier dans une urne. Puis, les professeurs sélectionnaient les questions, les reformulaient et y répondaient. Parmi les questions les plus marrantes : « Combien de litres de sperme a-t-on dans les testicules ? » ou encore « À quoi sert une érection ? ». Les heures suivantes étaient consacrées à décortiquer en long et en large, en plan de coupe et tout et tout, les appareils reproducteurs masculin et féminin. A priori, ça ne donnait pas trop envie, mais je me souviens tout de même d'un gars de ma classe, un peu « en avance sur le programme », lançant, excité, en cours de récréation : « Raaaah, j'ai envie de le faire, j'ai envie de le faire ! ». De bons souvenirs, ces cours (la géographie des corps, ça changeait des mathématiques).
Étranglement
Peu avant l'arrivée de mes invités, mes propriétaires passent à l'improviste (je les ai informés avant-hier d'un petit dégât dans une des pièces de l'appartement, dégât apparemment lié aux fortes pluies de ces dernières semaines), avec leur petite fille de... quel âge au fait ? Trois ans ? Peu importe. La petite fille me parle d'un bobo qu'elle s'est fait à la main, à cause d'un "méchant" morceau de verre. Mes proprios sont sympas. Je n'ai jamais vu, en plus de douze ans de location, des propriétaires aussi "réglos". Ils sont vraiment impressionnants à ce niveau. Ils ont à chaque fois l'air content d'avoir loué leur appartement à quelqu'un qui ne leur cause aucun problème (d'après eux, ce n'est pas toujours le cas, loin de là).
Il est six heures du matin. Comment résumer le souper chez moi, de manière concise ?
Il y avait six invités.
Emily, que je n'ai jamais vue aussi... mélancolique ?
Andrew, que je n'ai jamais vu aussi... fatigué ?
Mary, qui était en forme.
Un copain à elle, Jerry, invité surprise de la soirée.
Walter.
Léandra, qui arrivera plus tard (à cause d'un ennui de train).
Que dire d'autre ?
Jerry, que je vois pour la seconde fois, a de très bons goûts : il reconnaît directement les vinyles de Slint et de Low qui trônent dans mon salon ou dans ma salle à manger, il adore Sonic Youth et, quand on parle de séries télévisées, il cite The Wire comme une référence absolue. Il termine en ce moment ses études de "romane", avec un mémoire qui a pour thème les auteurs modernes sans œuvre, comme le surréaliste Jacques Vaché. J'aime bien ce gars.
Mary me ressort, en entendant Yo La Tengo, que son père a les mêmes goûts que moi en matière de musique, et aussi qu'il a dix fois ma collection de bandes dessinées (ça doit faire un peu moins de 10.000 BD, quel veinard !).
Walter voudra mettre sa musique à différents moments de la soirée, mais je répondrai toujours pas un "non" catégorique.
Léandra revient de Namur. Elle devait y rencontrer un gars qu'elle n'avait jamais vu en chair et en os, mais ce dernier a décidé d'annuler, prétextant une surcharge de travail (ça sentait déjà le roussi hier). Quel con. Léandra n'a pas de bol, pour le moment. Elle a tout de même profité de son périple à Namur pour voir Maïté et Gaëlle, et les autres.
Andrew est vraiment à bout. Il lutte contre la fatigue et finira par s'en aller, pour happer le dernier tram. J'espère qu'il a réussi à se reposer un tant soit peu cette nuit.
Et Emily... Emily... Je ne l'ai jamais vue aussi mal en point. Elle a lutté contre ses fantômes toute la soirée et a fait du mieux qu'elle pouvait pour paraître en forme devant tout ce monde. Walter et elle sont restés jusqu'à très tard dans la nuit. Nous avons joué à quatre parties des "Colons de Catane". Walter, assez incroyablement, ne s'est rendu compte de rien. La fragilité d'Emily est touchante. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider, et ça me rend triste, vraiment.
Mais de quoi parle "Melancholia" ?
Toutes les clés se trouvent en fait dès le début du film, dans la longue séquence d'introduction, remplie de symboles. Par exemple, cette scène où l'on voit Justine sous Melancholia, le petit garçon sous la Lune et Claire sous le soleil. Ce sont trois visions différentes du monde : une vision mélancolique, une lunaire et une solaire. D'ailleurs, le petit garçon, lunaire, est le seul personnage qui a réellement un point commun avec Justine. Le cheval qui s'écroule... Justine en robe de mariée retenue par des fils qui l'empêchent d'avancer... Etc., etc. Toutes ces scènes (y compris celle de la planète qui s'écrase sur la Terre) n'ont rien de réel, elles sont totalement oniriques et représentent la façon de penser, malade, de Justine.
Enfin, sans Léandra, on termine la soirée au Bon Vieux Temps. Je refuse d'aller à l'Imaige Nostre-Dame, sans donner la raison, mais Andrew a l'air de la connaître, en tout cas il me comprend (Andrew attache de l'importance à la symbolique du lieu, entre autres). Je ressemble aussi un peu à Léandra, sur ce coup-là, avec mes souvenirs qui refont surface.
Haut-le-cœur
La malédiction "Melancholia"
Féerie canadienne
Bref, toujours est-il que ce lundi, j'ai revu à la Maison du Peuple une Léandra à l'humeur joyeuse (cette phrase n'est pas ironique). Ce sont là les bienfaits d'un week-end musical et de nouvelles rencontres. En fait, Léandra est en forme quand elle sait que des gens s'intéressent à elle et totalement déprimée quand elle croit que personne ne l'aime. Léandra rentre tôt chez elle. Je reste à peine cinq minutes tout seul à la Maison du Peuple avant que n'arrive Mary, revenant du badminton. Mary est contente de me voir. Elle me parle de ses sujets habituels ("T'as personne en vue pour le moment ?", "Tu devrais être plus avenant, faire comprendre que tu tiens réellement aux gens", etc.). Mary veut toujours bien faire, mais elle ne me changera pas.
Voilà pour la fin de soirée de lundi, en résumé.
Ce mardi soir, après le boulot, je me rends au double concert de Murder et de Timber Timbre, qui a lieu au Parc de Bruxelles, dans le cadre des "Feeërieën" organisées par l'Ancienne Belgique. Comme j'aime bien les choses nettes et les saines compartimentations, j'ai décidé de chroniquer le concert en tant que tel sur le blog adéquat. Je n'en parlerai donc plus ici.
Pour ce spectacle, j'ai rendez-vous avec Emily. Depuis que je suis parti du boulot, je cours comme un malade pour être là le plus vite possible. La météo étant étouffante, il fallait absolument que je prenne un bain et que je me change avant le concert. Je rejoins Emily vers 20 heures. Elle est en train de discuter avec un Canadien anglophone assis sur un des bancs juste devant la scène. Le type est un peu paumé. Il revient d'Italie, est de passage à Bruxelles et repart le lendemain vers Paris. Il a envie de discuter. Je croyais qu'il venait pour voir les concerts mais il s'en va assez vite, avant même l'arrivée de Timber Timbre.
Mary est là aussi. Elle adore Timber Timbre, qu'elle a découvert grâce à son père (ce dernier a, paraît-il, "les mêmes goûts que moi"). Elle est accompagnée de deux de ses potes : un gars du nom de Jerry ainsi que son fameux meilleur ami Bob, dont elle m'a déjà parlé (un petit blond barbu et assez marrant).
Emily a faim. Il faut qu'elle mange. N'ayant rien trouvé sur place, elle décide d'aller chercher un kebab du côté du Botanique. Emily partie, Mary me parle pendant 10 minutes de mon aspect extérieur, qu'elle trouve trop froid. Elle me dit que j'aurais dû accompagner Emily, que ç'aurait été sympa, qu'il faudrait que je fasse plus attention aux autres, que je suis un "idiot musicophile" car c'est plus important d'accompagner quelqu'un que d'attendre bêtement seul sur un banc. Je lui ai sorti un truc du style : "Oh, arrête de m'énerver, je suis comme je suis. Point. Et puis, Emily est débrouillarde et n'aime pas spécialement qu'on soit constamment dans ses pattes".