Haut-le-cœur

En partant de la Maison du Peuple hier soir, je savais que je passerais une mauvaise nuit. Mes petits tiraillements dans le ventre se sont transformés en grosses nausées une fois dans mon lit. Impossible de les faire passer. En conséquence, je suis incapable de fermer l'œil jusqu'à 4h57 du matin. À ce moment précis, la nausée s'en est allée d'un seul coup et je me suis endormi comme une masse... pour me réveiller à 6h32, travail oblige.

Pour rendre la journée encore plus poilante, en plus d'avoir ce problème à la vésicule biliaire, j'ai le cœur qui bat n'importe comment tout le temps : il rate un battement toutes les minutes environ, à moins que ce ne soit l'inverse, à savoir un battement en trop ? J'attends constamment le cafouillage et ça me rend nerveux, ce qui empire encore plus la situation. Parfois, ce putain d'organe rate son battement "en rafale" et je me sens impuissant face à ce phénomène. Comment contrôler son cœur ? Je sais que c'est bénin et assez courant (j'ai ça depuis l'enfance). Toujours est-il que c'est très désagréable quand ça arrive durant toute la journée.

Léandra n'était pas non plus dans son assiette hier soir et j'apprendrai plus tard qu'Emily a eu beaucoup de mal à s'endormir également cette nuit. La crève, c'est communicatif apparemment.

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Je m'étais dit que je n'allais strictement rien faire ce soir, si ce n'est prendre un bain et lire dans mon lit. Cependant, Emily (qui devait normalement se reposer) me téléphone pour savoir si je compte faire quelque chose. Je réponds que non, mais que ce n'est pas exclu. Pas de concert aux Feeërieën aujourd'hui hélas. On décide donc d'aller simplement boire un verre à l'Atelier, un café dans le quartier de l'Université. Souvenir de l'époque où l'on commandait la carte entière (ou plutôt le panneau mural entier) en un mois à peine.

Walter est là aussi. Il ne va pas bien, à cause de son boulot, dans lequel il est grosso modo victime de harcèlement moral (ou bien simplement du "Syndrome du petit nouveau"). Il place dans la conversation des événements personnels qui lui tiennent à cœur. Quand nous parlons d'autre chose, il se réfugie dans son jeu de smartphone, non plus celui qui consiste à faire descendre une boule en évitant les obstacles mais l'autre, dont le but est au contraire de faire monter un bonhomme de plus en plus haut en sautant sur des plates-formes. Durant toute la soirée, Walter utilisera par ailleurs le terme "fucking" (équivalent du "blindé" de Mary) à toutes les sauces. C'est très comique. Exemple : "J'étais fucking pas content" pour dire "Je n'étais pas content du tout" (Mary aurait dit quant à elle : "J'étais pas contente blindée"). Ha, ces jeunes et leur langage... C'est trashitos, comme dirait Mary (mais où vont-ils chercher tout ça ?).

Emily n'est pas très en forme non plus. Elle ne sait pas ce qu'elle veut (je la cite texto). Va-t-elle se rendre à Charleville-Mézières avec Charles-Henri et ses potes, ce week-end ? Va-t-elle aller faire du camping toute seule (je lui conseille le Grand-Duché de Luxembourg, en passant) ? Va-t-elle seulement se reposer ? Mystère... En tout cas, une chose est certaine : le décès de son ami il y a un peu moins d'un an est encore très vivace dans sa mémoire (c'est compréhensible). J'aimerais tellement pouvoir l'aider mais je ne sais pas comment.

La soirée se termine à la Bécasse, sur le rond-point du Cimetière d'Ixelles, car mes deux amis ont faim. Question durant la conversation : est-ce un fantasme courant que de vouloir faire l'amour dans un cimetière, sur une tombe ? J'ai mon avis sur la question mais je suis le seul à penser ça, apparemment. C'est un symbole très fort en tout cas, car il témoigne de l'attrait des contraires : l'acte sexuel, un des absolus de la vie, versus la tombe, symbole du néant et de la mort.

Bigre, il faut que je dorme. Demain, j'ai pris congé et je vais manger avec Léandra sur le temps de midi (près de Rogier je suppose). La secrétaire à mon boulot m'a assuré ce matin que je disposais encore de six jours de congé jusqu'à la fin de l'année. Je ne vais pas la contredire.

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