Paris [1/16] — Deux fragments de rêve précédant le départ

Fragment no 1. — Je pense qu'il ne me faudra qu'une dizaine de minutes pour rejoindre la gare de Bruxelles-Midi et monter à bord du Thalys à destination de Paris, mais tout à coup, la panique me gagne : je ne suis pas à Bruxelles mais à Falisolle, il est déjà six heures du matin passées et je ne suis même pas encore habillé ! Comment ai-je pu croire que je logeais à Bruxelles cette nuit-ci ? Mon père (d'où sort-il ?) me rassure : « il n'y a pas de problème. Nous allons nous rendre sur-le-champ à Charleroi où tu pourras directement prendre un train. » Nous marchons dans un bois, prenons des sentiers qui ne mènent nulle part, faisons des détours gigantesques, dont un — l'image est restée très précise dans mon esprit — passant par un rocher donnant sur une clairière baignée d'une lumière solaire très douce, avec l'ombre des arbres alentour se déchiquetant de façon complexe sur une herbe très verte parsemée de cailloux. Mon père s'arrête à de nombreuses reprises pour contempler le paysage et prendre des selfies avec son foutu iPad... Son comportement m'énerve très fort, car je sais qu'il sait que je suis pressé ; que je dois prendre un train en urgence à Charleroi pour ne pas rater mon Thalys. Pourquoi poireauter si longtemps dans un bois ? Je comprends que je n'arriverai jamais à temps ; que mon séjour à Paris avec Léandra est clairement compromis. Je commence alors à crier sur mon père. (À chaque fois que je rêve de mon père pour le moment, je lui crie dessus — tout un symbole !)

Fragment no 2. — L'appartement où j'habite ne se situe plus dans un simple immeuble avec un escalier unique. Le rez-de-chaussée est beaucoup plus vaste et comprend cinq portes, dont une à double battant située tout au fond d'un hall. Il n'y a pas d'escalier pour monter à mon appartement : je dois entrer dans un petit bureau et escalader un tas de caisses branlantes pour atteindre un trou au plafond me permettant d'accéder à l'étage supérieur. Au premier étage, je dois suivre tout un dédale de couloirs. La situation ne m'étonne pas outre mesure. Je connais d'ailleurs parfaitement le chemin sophistiqué menant à la porte de mon appartement. Néanmoins, je me dis : « Tout de même, ce n'est pas très pratique. Que ferai-je lorsque je serai vieux ? N'existe-t-il pas un chemin plus simple ? » Je me retrouve alors de nouveau au rez-de-chaussée et pousse la porte à double battant au fond du hall. De l'autre côté, il y a une énorme salle remplie de billards américains, avec des centaines d'adolescents qui s'entraînent. Je suis gêné de les déranger, bien qu'ils ne semblent pas me remarquer. Je longe le mur jusqu'à une seconde porte à double battant située dans un renfoncement sur ma droite. Elle débouche sur une autre grande salle pleine de monde, plus allongée que la première, avec un bar dans l'un des coins. Au comptoir, deux jeunes femmes discutent. L'une d'elle commence à me parler avec l'accent québécois (je ne me rappelle plus de ses paroles, mais le rêve rendait par contre très bien l'accent québécois). Je m'exclame : « Toi, tu viens du Québec ! » Elle me demande comment je le sais. Je lui réponds : « Tu as l'accent québécois. » Elle prend un air très choqué. Soudain, à ma gauche, il y a Nanash qui commence à discuter avec moi, sans se soucier le moins du monde de mon interlocutrice. Il me parle de médecine sans discontinuer, mais je ne l'écoute que d'une oreille, car j'essaye de comprendre pourquoi la Québécoise a pris un air si offusqué il y a un instant. Ai-je dit quelque chose qu'il ne fallait pas dire ? Ai-je commis un impair ? — Et je me réveille.

Si je me souviens si bien de ces deux rêves, c'est parce que je me suis réveillé de nombreuses fois. Cas classique : la nuit précédant un séjour, je dors souvent plus mal que d'habitude, sans doute parce que je suis angoissé par l'idée de ne pas me réveiller à temps. Et aussi, cette fois-ci, parce que le service ferroviaire a eu la très bonne idée de m'envoyer un message de rappel automatique à... 5 heures 47 du matin.

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