Hamilton, mon petit Hamilton (comme dirait Fany), combien de fois t'ai-je fait comprendre que tu ne devais sous aucun prétexte ne fut-ce que jeter un œil à des articles relatifs à la taille de l'Univers observable ou à la position de notre petite planète au sein de celui-ci ? Dès que tu y réfléchis un tant soit peu, tu te tapes une crise d'angoisse.
Sauf que voilà : tu n'as pas pu t'empêcher d'aller (re)lire hier, avant ta soirée d'anniversaire, ces nombreuses pages anglophones de Wikipedia – la version francophone est souvent nettement inférieure – consacrées à la taille de l'Univers, à sa topologie, à son âge...
Et alors ? Alors, se rendre compte de l'immensité du "vide" qui entoure notre ridicule planète bleue est à la fois passionnant et extrêmement angoissant... Passionnant car on ne peut qu'être ébahi par la taille, la structure, l'organisation et la beauté de ce que l'on observe au travers d'un télescope... Angoissant car cela mène au constat que nous ne sommes qu'une merde de mouche – c'est un euphémisme – dans le Cosmos, comme le montre le schéma ci-dessous*, reprenant la position de la Terre dans l'Univers observable (à savoir cette sphère d'environ 47 milliards d'années-lumière de rayon dont on peut en principe observer le contenu depuis la Terre, car la lumière a eu le temps de se propager jusqu'à nous) :
À chaque fois que je regarde un tel schéma, je ne peux m'empêcher de penser que ma vie est totalement et définitivement insensée et surréaliste. Tout cela n'a aucun sens. À quoi cela sert-il de se rendre compte que nous sommes là ? D'avoir l'intelligence suffisante pour constater notre propre conscience ? À quoi cela sert-il, sincèrement, de se débattre, d'avoir des projets, d'écrire, de discuter, d'apprendre, d'aimer ? En fait, cela ne sert strictement à rien, si ce n'est à passer le temps, à combler le vide d'une petite existence avant le grand Néant.
Dieu (haha, la bonne blague !) merci, je ne pense pas à cela tout le temps, auquel cas ma vie serait un véritable calvaire. En tant qu'athée, je ne peux néanmoins en aucun cas me rassurer au travers d'une quelconque religion à laquelle il m'est impossible de croire, tant je décèle les ficelles par trop humaines qui se cachent derrière tout ça. Alors quoi ? Que me reste-t-il ? Les amis ? Oui, c'est vrai. Les livres ? Ouaip. L'alcool ? Ha oui, il me reste l'alcool... Bordel ! Comme c'est triste d'en arriver là...
* * *
Je me rends à la Maison du Peuple l'après-midi. Emily arrive en même temps que moi. Elle doit travailler pour son boulot (un dimanche !). Je m'installe à sa table et j'écris ma journée d'anniversaire. Le soir, Léandra me propose de boire un café chez elle. J'accepte. Je ne sais plus de quoi nous avons parlé, si ce n'est du fait que Léandra devrait se racheter un carnet de note et que je devrais faire de même.
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* Retravaillé depuis le travail personnel d'Azcolvin429 sur Wikimedia Commons (voir ICI).