Archives mensuelles : septembre 2011
Logotypes
Fédération au lieu de Communauté... Peu importe après tout : c'est simplement un nom qui change... Un nom, c'est juste un nom : ça ne modifie pas grand chose à la personnalité, au fonctionnement d'une personne ou d'une institution... Si – simple exemple ! – je m'appelais Lionel au lieu d'Hamilton, ça ne modifierait aucunement ma façon d'écrire...
Juste un nom donc sauf que, plus pragmatiquement, à mon boulot subventionné de façon non négligeable par ladite Communauté Fédération, nous allons devoir prendre acte de ce changement pour la création de nos papiers en-tête, nos dépliants, nos brochures, nos affiches, notre site Web, nos lettres d'information, etc. En gros, ce sont plusieurs dizaines d'endroits qu'il faudra changer, là où ce putain de terme périmé de "Communauté française de Belgique" apparaît. Quand je dis "nous", je suis un petit comique (haha !) car dans les faits, c'est moi qui vais devoir m'occuper de la majorité de ces modifications. Holy shit ! Et encore je reste poli...
Ce n’est pas tout : dans la lancée des modifications infographiques, en plus de changer la dénomination de cette entité politique dans tous les médias utilisés par mon institution pour communiquer avec l’extérieur, je vais devoir également remplacer son logotype. Car oui, depuis le 27 septembre 2011, la Communauté française Fédération Wallonie-Bruxelles a également dévoilé un nouveau logo pour marquer le coup : trois lignes courbes séparées, schématisant plusieurs concepts à diverses échelles de grandeur : les première et deuxième lignes (rouge et jaune) représentent le "W" de Wallonie, les deuxième et troisième (jaune et bleue) le "B" de Bruxelles ; le tout forme un coq extrêmement stylisé (un peu comme le logo "TGV", qui, retourné, prend la forme d’un escargot : hé oui, c'est épatant !)... Et il paraîtrait même – mais faut avoir l’œil ! – que la ligne jaune du milieu, associée au bleu, symboliserait l’Iris bruxellois.
L'avis de Tonton Hamilton : ce n’est sans doute pas le plus beau logo de tous les temps, mais faut pas exagérer dans l'autre sens... Ce n’est pas non plus le plus moche. Au-delà de la question du logo en lui-même, toutes ces discussions mettent surtout en avant un fait beaucoup plus fondamental : la propension des humains à râler sur tout ce qui présente un caractère nouveau ou inconnu.
Je ne voulais pas faire aussi long (d'un autre côté, j'écris ce que je veux) mais les logotypes me passionnent. Donc tant qu'à parler de logos, j'en profite pour en poster deux autres que je trouve à la fois simples et extraordinaires, presque magiques même...
Si je parle de la Communauté française Fédération Wallonie-Bruxelles aujourd’hui, c’est pour une raison particulière : en ce début d’après-midi, j'ai assisté dans un auditoire situé dans les locaux de la Communauté Fédération à la présentation d’un prototype de portail Web exposant de manière transversale un pan du patrimoine numérisé en Belgique francophone.
Arrivé sur place, je reconnais quelques personnes dont : Anouk, qui me lance comme phrase de bienvenue : "Tiens, voilà Monsieur Orval !" (ma réputation me précède) ; Doëlle, qui est alors en train de discuter avec Inger (qu'est-ce qu'elle fait là, Inger ? C'est marrant : c'est en fait la copine d'un certain Jyl – pas le même que celui que connaît Léandra, qui s'appelle de toute façon Daniel dans ce blog : ça devient compliqué, tout ça –, des potes de Tom et Ophely) ; Adélaïde-Anne, une consœur archiviste qui travaille dans un centre d'archives à Bois-du-Luc (sur le lieu de mon premier boulot). C'est elle qu'on a croisée par hasard au carnaval de La Louvière : elle était déguisée en sorcière et voulait nous refiler une pauvre tortue trijambiste (aujourd'hui, pas de déguisement ni même de tortue).
La présentation se passe bien : la première partie (un portail esthétiquement bien foutu) est très jolie à regarder ; la seconde (la présentation de l'architecture informatique complexe qui se trouve en "arrière-plan" de ce portail) est plus aride mais intéressante.
Après moult questions, nous sortons tous enfin dans le petit hall qui jouxte l'auditoire : il y a du café (hahaaa !) et des mini-pâtisseries. Parmi celles-ci : un gâteau au chocolat et à la crème fraîche totalement immangeable sans que ça ne dégouline partout de manière dégoûtante. Je reste une petite heure à parler, principalement avec Adélaïde-Anne.
À la sortie, Doëlle et Anouk fument leur cigarette en compagnie d'autres personnes. Doëlle me demande si elle peut de nouveau avoir accès au journal de Léandra. Je lui dis que peu importe, car Léandra n'écrira plus ! (Renseignements pris : si Doëlle veut avoir accès à ce blog un peu mort, elle doit créer un compte Blogger ; à ce moment, Léandra pourra ouvrir le mode lecture pour ce compte-là – enfin, si Léandra le veut bien, mais il n'y a pas de raisons qu'elle ne le veuille pas). Je discute encore un peu avec Doëlle ainsi qu'avec une de ses copines/collègues (?) qui, travaillant à Bruxelles, fait en train presque le trajet inverse du mien. La seule différence : elle doit parfois rester debout, car dans le sens Liège-Bruxelles le matin, les trains sont remplis et c'est l'horreur (j'ai déjà fait quelques fois ce genre d'expérience). Vers 17h, je reprends le métro vers mon bureau officiel (comprendre : vers la Maison du Peuple de Saint-Gilles).
Je passe une grosse heure à ladite Maison du Peuple, pour écrire un peu avant le squash. De passage, par hasard : Georges, un des ex de Léandra. Dans la vie, Georges réalise des sites Web et des bandes dessinées (en résumé). Il est à Saint-Gilles pour emporter la machine à laver d'une copine. Un plan foireux car jamais la copine en question ne le rappellera. Georges reste donc une petite heure en ma compagnie. Il commande un thé. Quant à moi, je "sirote" un Orval (j'ai une réputation à tenir).
À un moment, on parle de Maïté, bizarrement. Ça va bientôt faire quatre ans (Ach, quatre ans... Quatre ans !) qu'elle m'a quitté. Georges me dit : "C'est quand même bizarre que tu n'aies jamais retrouvé personne depuis lors". Oui, c'est bizarre, bizarre... On parle de séries aussi. Apparemment, je lui ai donné l'envie de revoir Homicide et, en parallèle, de visionner la série The Wire (il ne l'a jamais vue ! Pauvre de lui !). Pour le moment, il regarde Mad Men (il faut absolument que je la visionne un jour, celle-là). Georges me parle également de Lexx, une série de science-fiction un peu kitsch et en dessous de la ceinture. Jamais vu mais ça a l'air sympa... Le vaisseau spatial Lexx ressemble à une libellule, mais des esprits mal tournés y voient aussi apparemment l'appareil génital masculin au complet et en érection. Le débat reste ouvert !
J'ai beaucoup de choses à raconter aujourd'hui. C'est laborieux...
Je vais jouer au squash avec Fred Jr ce soir. Il me faut longtemps pour rejoindre le Centre ADEPS d'Auderghem, à la frontière de la ville, perdu à la lisière de la forêt de Soignes. Je suis en retard et Fred est obligé de venir me chercher en voiture. On se change en vitesse directement dans la salle de squash. Je perds encore et toujours contre Fred (3 sets contre 4), mais, selon ses propres dires, il a eu plus de mal cette fois-ci. Durant la partie, j'essaie presque instinctivement et comme à chaque fois de placer des coups de badminton. Au squash, ça fonctionne... euh... beaucoup moins bien. (De retour chez moi, je regarderai une vidéo de squash professionnel : comme pour les autres sports de raquette, les joueurs professionnels donnent l'impression de se balader sans problème sur le terrain et font des revers avec une facilité déconcertante.)
Après le squash, Fred doit se rendre en vitesse à Etterbeek pour acheter une NES (Nintendo Entertainment System : la vieille console de jeu signée Nintendo) chez un type habitant le coin. Le principe un peu tordu, si j'ai bien compris : Fred possède déjà une NES en bon état mais n'a plus la boîte d'origine. Donc : il va prendre la boîte de la NES nouvellement achetée pour son ancienne NES et revendre directement la console toute seule. Typiquement un tic de collectionneur... Mais le gars qui doit la lui vendre est énervant : il annule par sms parce qu'il n'a pas envie de voir débarquer Fred trop tard, puis il téléphone des dizaines de fois, puis il décide enfin de lui apporter la console environ une heure après, alors qu'on boit un verre au Corto près du Cimetière d'Ixelles, en compagnie de Léandra et de Walter, et aussi d'Andrew qui nous rejoindra en compagnie de sa colocataire russe du moment.
Fred a encore une petite heure de route avant de revenir dans son village. Puisqu'il nous reconduit en voiture, Léandra et moi, nous partons un peu avant 23h. Et puis c'est tout... (C'est déjà assez long comme ça !)
"Bonjour ! Infodoc, c'est ça ?"
Un soir au Potemkine
Qu'est-ce qu'un fjord ?
Ce lundi, je ne fais rien ou presque. Je suis en congé mais je suis malade : état grippal, nez bouché, gorge enrouée... Je me lève à 13h54 et je me rendors vers 19h15. Entre ces deux heures relativement proches, je mange une pizza Wagner (ça ressemble à une pizza Dr. Oetker mais en plus épais et donc en plus moelleux), discute avec Andrew via Facebook, puis écris la journée monotone de ce dimanche en essayant vaguement de trouver quelque chose d'intéressant à raconter (c'est un peu raté). Tout cela est très laborieux : j'ai l'impression d'avoir à nouveau la mononucléose (ce n'est pourtant pas une maladie à récidives), autrement dit qu'une force invisible me pousse à fermer les paupières. Je prends un long bain en écoutant de la musique, après quoi je vais effectivement m'endormir dans mon lit, en me réveillant toutes les trois heures environ, jusqu'au lendemain.
Kamasutra habillé
Hamilton's Weather
Trop tard : le "mal" est fait, mais je suppose que, pour ma tranquilité d'esprit et aussi pour celle de mes amis, mon journal va devenir de plus en plus introspectif ou "théorique", ou plutôt un peu des deux. De toute façon, comme me l'ont déjà fait remarquer plusieurs amis, c'est déjà le cas : à chaque fois que j'écris quelque chose, je ne peux m'empêcher de faire dans le didactique, comme dirait l'autre. Ou comme dirait Yama : quand on me lit, on m'entend presque parler... Je ne sais pas si je dois prendre ce commentaire comme un compliment. Je suppose que oui.
Gaëlle s'est levée aux aurores ce samedi : elle a rêvé qu'elle était poursuivie par un homme sans tête qui voulait "lui faire du mal". Voilà ce qui arrive quand on joue à Minecraft (prononcer "Maillenecrafte") toute la journée.
Le soir, souper chez Mary. Celle-ci habite avec trois autres personnes dans une maison pas loin de Ma Campagne. Elle a cuisiné quatre délicieuses quiches. Emily, Léandra, Andrew et Walter sont présents à la soirée. Un des colocataires de Mary est là également, ainsi que Bob, un ami de Mary que j'avais déjà croisé au concert de Timber Timbre.
Le souper a lieu dans le petit jardin jouxtant la cuisine de la maison. Nous n'avons pas beaucoup le temps de profiter de cette délicieuse météo de début d'automne car Mary aimerait que nous nous rendions en début de nuit au Tavernier, un café du Cimetière d'Ixelles, pour y voir un groupe cubain dans lequel chante une de ses employées.
Le Tavernier ne m'a jamais plu. C'était déjà le cas au temps de l'université et ça n'a pas vraiment changé. La chanteuse est très en retard sur le programme, le café est pas mal rempli, nous restons debout un moment à siroter des bières dans un gobelet. Andrew s'endort presque, Walter et Léandra s'ennuient. Quant à moi, j'essaie de m'intégrer, de parler aux amis ou collègues que me présente Mary (notamment une Polonaise qui ne connaît pas grand monde et un Australien installé à Bruxelles qui ne parle qu'anglais). Ils sont bien sympas mais je n'ai pas la tête à ça et je ne suis pas naturel. J'ai de plus en plus de mal avec ces soirées bruyantes : ça me bloque, réellement. Léandra s'en va puis, peu après le début du concert, Andrew, Walter et moi, un peu énervés de ne pas pouvoir discuter normalement, décidons de partir boire un verre autre part. J'explique la situation à Mary et nous nous en allons.
Autre part, c'est le Corto. Il fait toujours aussi bon dehors : nous restons donc en terrasse. Le patron est à la table d'à côté, en compagnie d'une des serveuses. Il nous reconnaît (évidemment) : "Hé, vous avez raté les 20 ans du Corto le 3 septembre !", nous lance-t-il. "Deux cents personnes ! Du monde jusque sur la route et les bières à un euro 25 !"... C'est pas grave : on s'en remettra.
Nous serons rejoints – assez vite en fait – par les autres. Peu avant leur arrivée, je fais une remarque débile – et foncièrement fausse – comme quoi c'est nous qui choisissons l'endroit de la soirée (nous sommes des "aimants", dira Andrew). N'importe quoi ! Ça me fait penser à plusieurs scènes de bandes dessinées du fabuleux Christophe Blain... Gus, tome 1 ("Nathalie"), p. 27 : "On ne s'enterre jamais quelque part. On a déjà trop collé à ce zinc. C'est foutu. Usé. On reste en mouvement. C'est pas l'endroit qui nous fait. C'est nous qui faisons l'endroit. Nous sommes les rois de la nuit. La fête, c'est nous. On se tire." Ou Isaac le Pirate, je ne sais plus quel tome, de mémoire : "Messieurs, ce soir, nous sommes l'amour !". Mais pourquoi je pense à ça ?
Le retour se fait en taxi avec une Mary "un peu" pompette.
Et pendant ce temps (et sans aucun lien ni transition), lors de l'émission On n'est pas couché de ce 24 septembre sur France 2, Ségolène Royal est d'une rare condescendance vis-à-vis d'un jeune écrivain beaucoup plus subtil, direct et intelligent qu'elle. Misère !
Embrasser des hérissons nuit gravement à la santé
La raison cette fois-ci : une situation comique à l’accueil du secrétariat de chirurgie. La dame qui s’occupe de mon admission a une extinction de voix (jusque là, rien de drôle...). Elle me parle
uniquement en expirant de l’air, un peu comme si elle voulait absolument que personne n’entende ce qu’elle est en train de m’expliquer ou comme si elle me confiait un secret de la plus haute importance ("Le jour de l’opération, rendez-vous au rez-de-chaussée du bâtiment A", "Il va falloir que vous soyez à jeun depuis minuit"). J’ai envie de lui emboîter le pas et de me mettre à chuchoter à mon tour (ça me rappelle la Bibliothèque royale), mais je me retiens.Quand elle répond au téléphone, par contre, le chuchotement ne fonctionne plus, évidemment. Pour se faire comprendre, et elle est obligée de parler à ses interlocuteurs avec une voix exagérément aiguë et stridente, comme une petite fille énervante. Au téléphone, entre deux toux : "Non, non, je n’ai pas respiré de l’hélium... Tu es la quatrième personne qui me le demande aujourd’hui !" ; "Non, mais c’est pas marrant, hein... Même mon fils se fout de ma pomme quand je le réprimande !".
À un moment, un médecin passe en coup de vent dans le bureau :
– Toujours votre extinction de voix, vous ?
– (Voix super-aiguë) Oui, ça va faire une semaine !
– À votre place, j’arrêterais d’embrasser des hérissons, c’est pas bon pour la santé !
– (Voix super-aiguë plaintive) Justement : je n’ai embrassé personne cette semaine-ci !
– Ah ben ça doit être ça le problème, alors. Vous voulez une pastille Vicks en attendant ?
Toujours à propos de cette vésicule : hier, Flippo m’a fait peur dans le train de retour vers Bruxelles en me disant qu’après une ablation de cet organe, on est incapable de boire la moindre goutte d’alcool. Je lui ai répondu : "Mais non, ça, c’est quand on enlève le pancréas, ce qui est beaucoup plus grave". Puis, j'ai rajouté : "En plus, je ne bois que de l’Orval ou presque. L’Orval, ça se digère très bien, avec ou sans bile".
Mais je flippe quand même. (Décidément, à chaque fois qu’on doit m’enlever quelque chose par chirurgie, je stresse pour les conséquences sur mon mode de vie...) Donc je vais voir sur le Web (ici et là notamment...) ce matin et je tombe sur un peu de tout (comme les fromages belges) : des gens qui ont pu directement bouffer des hamburgers et boire de la bière après leur opération (je ne suis pas certain que ce soit à faire, cela dit) et d’autres qui, des années durant, sont allés vomir leurs boyaux dans les toilettes après un seul petit verre de vin (mais pourquoi continuaient-ils à boire ?).
L’explication d’un médecin sur un forum (en résumé) : la bile relâchée par vésicule aide notamment à digérer les graisses et l’alcool. Ainsi, ce sont les gens qui avaient un mauvais régime alimentaire avant l’opération qui ont le plus de mal après, car ils sont obligés de reprendre un régime plus sain, sans trop de graisse ni d’alcool justement ! Ils considèrent ce régime comme une restriction de leur liberté parce qu’ils ont été habitués à l’excès. Les autres ne se rendent compte de rien. Me voilà prévenu ! Heureusement, j’ai toujours eu un mode de vie très sain. Hem... Bon...
Premier souvenir
Plus tard, ce sera au tour du dernier album de Radiohead, The King of Limbs de passer "sur la platine". C'est assez incroyable, mais depuis Hail to the Thief (qui m'avait bien énervé à l'époque avec son "Copy control" m'empêchant de l'écouter convenablement sur mon discman – le monde à l'envers : j'avais été obligé de graver sur un CD vierge cet album que j'avais acheté, afin supprimer un son parasite au début de chaque piste), je ne suis plus du tout au courant de leur production. Du coup, je demande à Tom si ce qu'on entend est le dernier album solo de Thom Yorke. Pauvre de moi : ben nan, c'est Radiohead, tout simplement.
Résilience et écriture
Cet après-midi, totalement par hasard, en cherchant les coordonnées d'un confrère historien que je devais absolument contacter pour une histoire d'article en commun à rendre pour l'année passée, je tombe sur un texte consacré à Boris Cyrulnik, le psychologue-éthologue aux multiples facettes, « l'homme de la résilience », comme me disait Andrew lors d'une précédente discussion virtuelle. Rien à voir avec le sujet de ma recherche, mais je m'attarde quelques minutes quand même...
La résilience, kézako ? En physique, c'est la capacité d'un matériau à résister aux chocs en emmagasinant l'énergie du choc pour la libérer lorsque la charge est supprimée. Un peu comme un ressort... En psychologie, c'est, par analogie, grosso modo la même chose appliquée à l'être humain : c'est la capacité personnelle de réagir comme un ressort face à un événement traumatisant. Autrement dit : c'est la possibilité, face à un traumatisme, de l'emmagasiner pour le transformer, le métamorphoser en quelque chose de vivable ; et aussi de rebondir, de vivre sa vie normalement... Une vraie reconstruction qui n'est possible que de l'intérieur... C'est, pour prendre un exemple extrême, la capacité qu'ont certains rescapés des camps de concentration de vivre avec le souvenir de ce qu'ils ont vécu, notamment en transformant leurs images mentales afin de créer une mémoire et une réalité différentes...
Le texte en question – un petit compte rendu d'une conférence donnée par Cyrulnik à l'ULB – m'intéresse surtout pour la partie consacrée à l'écriture comme outil de reconstruction : « Quand on écrit », explique l'auteur (Isabelle Pollet), « on le fait vers un lecteur invisible, vers un ami idéal. Cela n'a rien à voir avec la parole, car la personne à laquelle on s'adresse ne réagit pas de manière inadéquate, que cela soit de façon verbale (questions absurdes, incrédulité) ou non verbale (haussement de sourcils, signes de surprise). On cherche dans sa mémoire des images et des mots, et en écrivant, on pense avec sa main. [...] » Je me dis que c'est exactement ce que fait Andrew lorsqu'il nous explique qu'il couche sur papier, pour lui seul, ses pensées de la journée, sur les gens, etc. C'est quelque chose qui, exprimé oralement devant d'autres interlocuteurs, n'aurait de fait pas du tout la même fonction, le même pouvoir réorganisateur.
Je trouve également un point commun entre cette « résilience par l'écriture » et mon blog, même si je n'ai pas, à proprement parler, vécu de grave traumatisme psychique (ce dernier peut néanmoins revêtir des formes insoupçonnées). Une différence par rapport à Andrew : je publie tout ce que j'écris ; je ne le garde pas pour moi. Je ne peux donc pas écrire tout ce qui me passe par la tête, de peur de choquer mes connaissances, de les énerver (c'est déjà arrivé), d'enfreindre leur vie privée ou, tout simplement, de passer pour un fou. Néanmoins, ce que j'écris ici a clairement un rôle important à jouer : je réorganise ma « pensée du jour » sous la forme d'un texte structuré ; je réaffirme mes convictions (morales, politiques, philosophiques...) sans avoir de contradicteur ; j'analyse mes comportements face aux autres ; je parle de mes rêves ; je réactive des souvenirs et, parfois, je les réinvente... Autant d'activités, d'interrogations qui, dans les grandes lignes, m'ont fait plus de bien que de mal, pour l'instant.
C'est là que l'autofiction, c'est-à-dire pour résumer le mélange d'éléments autobiographiques et de fiction, prend tout son sens. Léandra s'est déjà prêtée au jeu, en inventant une rencontre qui n'a jamais eu lieu. Personnellement, tout ce que je raconte ici est, pour l'instant, excepté l'humour, la pure vérité (ou du moins, la vérité telle que je la perçois – nuance de taille !). Bientôt, je me prêterai au jeu de l'autofiction également. Je pourrai réaliser, par écrit, des choses que je n'ai jamais réalisées « en vrai » (« IRL ») et aussi jouer sur le style d'écriture en créant une histoire suivie, un scénario...
En conclusion : écrire pour transformer le traumatisme. Un acte qui pourrait aider, j'en suis sûr, certains de mes amis !
* * *
Dans le train, Flippo m'explique qu'une mère, mécontente que la justice place sa fille en IPPJ (Institutions publiques de protection de la jeunesse), l'a agressé dans l'exercice de ses fonctions de greffier, dans le bureau du juge. La dame s'est levée et, en colère, a renversé son bureau (carrément !). Il me dit aussi qu'il essaie d'organiser une rencontre entre Léandra et son colocataire mais que ce n'est pas gagné.
Le soir, je retrouve Emily à la Maison du Peuple de Saint-Gilles. Charles Picqué est près du bar, avec des amis. J'apprendrai par Ryan (sur Facebook) qu'aujourd'hui, dans une des salles du café, se déroule la présentation des primaires socialistes françaises. Et quoi ? Charles Picqué n'y participe pas ? Dehors, en face de la Maison du Peuple : un écran géant. À la tombée de la nuit, passe le film Home d'Ursula Meier (je ne connais pas, ça n'a pas l'air très joyeux).
Emily et moi rêvons de Disneyland® Paris (on y va avec Gaëlle à la fin du mois d'octobre ; Andrew a réservé les places aujourd'hui : plus de marche arrière possible !). Elle me raconte à quel point c'est beau. Elle me dit que même moi, je succomberai aux charmes de la féerie Disney, mais qu'il faut prendre un MP3 avec soi, histoire de ne pas devenir fou en écoutant l'horrible musique d'attente. On regarde le site Web (pourri) du parc et je me dis que c'est vrai que quand même, ça n'a pas l'air mal. On verra bien. De toute façon, si ça tombe, à ce moment-là, je serai mort à la suite d'une complication post-opératoire et j'éviterai par la même occasion, in extremis, la petite musique ridicule...
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Ce soir, j'apprends que le groupe R.E.M. est mort. C'est clairement une page de ma jeunesse qui se tourne. Le groupe est né en 1979, l'année avant ma naissance. Je me suis pris d'une passion tardive pour leur musique alors que j'étais à l'université... Aujourd'hui encore, la gargouille bleue de Chronic Town, leur premier EP en « 33 tours » (datant de 1982), que j'avais acheté assez cher au Juke-Box Shop (« chez Jean-Pierre »), trône au-dessus d'une étagère de mon salon.
Durant des années, mes amis ont essayé de faire passer coûte que coûte « Losing My Religion », ma chanson fétiche, dans les soirées et autres « thés dansants », juste pour me faire plaisir... Cette chanson très connue, je l'ai écoutée des milliers de fois. C'est sans doute le seul hit qui a trouvé une telle grâce à mes yeux. Dans le clip, j'adorais les jeux d'ombres et de lumières à la Vermeer, le clair-obscur à la Rembrandt, la façon tellement originale de danser de Michael Stipe ainsi que son air sérieux ; la symbolique alambiquée aussi : la bouteille de lait qui tombe au début du morceau, l'ange qui perd ses ailes, le doute de saint Thomas, Léonard de Vinci, les plans de la machine, le supplice de saint Sébastien... Autant de paraboles sur l'homosexualité, en fait. Pour ma part, j'interprétais les paroles de manière différente, forcément. Quand tout me semblait nul dans ma vie, cette mélodie, parmi quelques autres, me remettait d'aplomb.
Et pendant ce temps (et sans aucun lien ni transition), des gens déguisés en militaires postent plein de photos sur Facebook. Misère !