« Petit chat,
Gentil petit chat,
Auras-tu la gentillesse de ne pas me croquer ?
Auras-tu la sagesse de ne pas me manger ?
Pourrai-je vivre en paix dans ma petite cage,
Sans craindre les assauts de ton instinct sauvage ?Petit canari,
Gentil petit canari,
Le lion s'interroge-t-il lorsqu'il chasse la gazelle ?
Un félin se soucie-t-il du contenu de sa gamelle ?
Prie pour que chaque jour soit synonyme de croquettes ;
Prie pour éviter, de mes griffes, la mortelle pichenette ! »(Hector-Antonin Serin, Les canaris :
mille et un poèmes pour enfants, 1918.)
Quid. — Léandra a désormais un petit chat chez elle et je dois absolument le voir, sous peine d'excommunication. Mon entourage commence d'ailleurs à se poser des questions : « Comment ? Tu n'as pas encore vu Quid ? » ; « Tu n'as toujours pas caressé son jeune poil soyeux ? » ; « Tu ne l'as jamais vu se démener sur son arbre à chat ? » ; « Te rends-tu compte, Hamilton, que ce chat est très intelligent ? Il est intrigué par son reflet ! Par son reflet, bordel ! Te rends-tu compte de ce que cela signifie, Hamilton ? Par son reflet, nom de dieu ! » — Aujourd'hui, le grand jour est enfin arrivé : Léandra m'a invité chez elle afin que je puisse rendre hommage à Sa Majesté des Chatons. Je ne me suis pas gavé d'antihistaminique, mais il paraît que l'allergie est moins forte au contact d'un jeune chat... Puisse la rumeur s'avérer exacte ! — Arrivé chez Léandra, c'est le choc : je tombe immédiatement sous le charme du félin et je ne peux plus détacher mes yeux de son petit corps plein de vie et de grâce. Je passe mon temps à jouer avec lui, à me faire gentiment griffer et mordre... Gentiment, oui, car ce chat est tellement sympathique qu'il rentre ses griffes lorsqu'il tente d'attraper ma main et ne resserre pas ses mâchoires lorsqu'il place l'un de mes doigts entre ses crocs. « Ce chat est un génie ! », s'exclame Léandra qui, pourtant, ne croit pas au génie. — (En me relisant, je suis bien content que Quid ne soit pas une femelle, auquel cas mon article aurait presque pu paraître obscène auprès de certains esprits particulièrement mal tournés.)