« Exiger l'immortalité de l'individu, c'est vouloir perpétuer une erreur à l'infini. »(Schopenhauer)
Archives mensuelles : mars 2013
So...
« L'immortalité de la rose consiste dans le fait qu'elle est la sœur jumelle des roses futures. »(Ramón Gómez de la Serna)
Est-il vraiment nécessaire que je traque dans ces textes surannés la faute d'orthographe et l'erreur de grammaire ?
Retour de classes vertes
Mayonnaise
Et il s'en va.
Bazinga!
Manuscrit
Goélands
Des perles aux pourceaux. — « Is anybody listening? », peut-on entendre à la toute fin de la superbe « Riegal » de Pearls Before Swine : un cri de détresse lancé depuis un bateau en train de sombrer, mais aussi un joli parallèle avec l'absence de succès de ce groupe psychédélique actif de 1967 à 1971. — Il avait pourtant tout pour plaire, sacrebleu : des pochettes se référant aux peintures de Bosch, Bruegel ou Bellini ; de l'humour ; de la subtilité ; de la mélancolie ; des mélodies somptueuses ; une instrumentation des plus délicates... En 1971, Tom Rapp, le cerveau derrière toutes ces perles, a connu une courte période solo avant d'abandonner la musique pour embrasser une carrière d'avocat. En guise de consolation, il nous a légué dix albums, dont un petit dernier sorti en 1999 !
« (Oh Dear) Miss Morse » (One Nation Underground, 1967) : ou comment arriver à faire passer le mot « Fuck » à la radio sans se faire censurer. (« Dit Dit Dah Dit. Dit Dit Dah. Dah Dit Dah Dit. Dah Dit Dah », « Dit » étant le point et « Dah » le tiret.)
« Snow Queen » (Beautiful Lies You Could Live In, 1971) : sans doute une des mélodies les plus tristes jamais écrites, avec une composition au piano typique du style de Tom Rapp.
« Departure and worry »
« Les paroles d'Halleck lui revinrent : "On se bat quand il le faut, et pas lorsqu'on en a le cœur ! Garde donc ton cœur pour l'amour ou pour jouer de la balisette. Ne le mêle pas au combat !" »(Frank Herbert, Dune.)
« We get no second chance in this life
We get no second chance in this life
You won't have to think twice
If it's love, you will know »
Comprenne qui pourra
Comprenne qui pourra : 1 formule que l'on utilise à propos d'un sujet délicat, lorsqu'on ne veut (ou ne peut) s'expliquer davantage ; 2 formule élitiste placée en fin de phrase pour signifier aux lecteurs que seul un petit nombre d'initiés dotés d'une pénétration hors du commun sera capable, de par la nature sibylline du message, de comprendre celui-ci. — « Il y a, en effet, des eunuques qui sont nés ainsi du sein de leur mère, il y a des eunuques qui le sont devenus par l'action des hommes, et il y a des eunuques qui se sont eux-mêmes rendus tels à cause du Royaume des Cieux. Comprenne qui pourra ! » (Matthieu, 19:12) ; « Le canari restera un canari ; le pigeon voyageur, un pigeon voyageur ! Comprenne qui pourra. » (Hector-Antonin Serin, Le canari dans tous ses états : recueil d'aphorismes aviaires, vol. II, 1921.)
« My father was a rocket man.
He often went to Jupiter or Mercury, to Venus or to Mars.
My mother and I
Would watch the sky
And wonder if a falling star
Was a ship becoming ashes with a rocket man inside.
My mother and I
Never went out
Unless the sky was cloudy or the sun was blotted out,
Or to escape the pain,
We only went out when it rained.
My father was a rocket man.
He loved the world beyond the world,
The sky beyond the sky,
And on my mother's face,
As lonely as the world in space,
I could read the silent cry
That if my father fell into a star,
We must not look upon that star again.
My mother and I
Never went out
Unless the sky was cloudy or the sun was blotted out,
Or to escape the pain,
We only went out when it rained.
Tears are often jewel-like.
My mother's went unnoticed by my father for his jewels were the stars,
And in my father's eyes,
I knew he had to find
In the sanctity of distance
Something brighter than a star.
One day they told us
The sun had flared and taken him inside.
My mother and I
Never went out
Unless the sky was cloudy or the sun was blotted out,
Or to escape the pain,
We only went out when it rained. »
Si mon manteau connaissait mon plan...
En réunion à Bruxelles ce matin. Doëlle m'échange deux numéros de la série de BD Philémon, « Le Naufragé du "A" » et « Le Piano sauvage », contre Fredissimo, le meilleur de Fred (ou presque), un album retrouvé dans ma bibliothèque. — Solomon et Luc-Olivier peuvent oublier le format MARC 21 au profit du Dublin Core, et tout va donc pour le mieux dans le meilleur des mondes. — Deux consœurs historiennes sont présentes, ainsi que ce cher Pieter, qui possède la particularité assez rare d'être à la fois historien et informaticien : après un renseignement pareil, allez encore me demander pourquoi je m'entends bien avec ce type !
Début d'après-midi à Namur. — À la sortie de l'école, Gaëlle me donne plus de détails sur cette histoire de reine Paola racontée hier au téléphone : « Il pleuvait et nous étions obligés de rester dehors pendant que les institutrices attendaient sous la tente. Je tremblais et je pleurais. C'est pour cette raison que la reine s'est avancée et m'a donné son bouquet de fleurs. » Un peu plus tard : « Il y avait une madame sous la tente qui nous regardait en riant alors que nous étions sous la pluie. J'avais envie de la tuer ! Ça ne se fait pas, tu ne trouves pas ? Ce n'était pas respectueux de rire sous une tente alors que nous, les enfants, nous attendions dans le froid. » — Ma fille a le sens de la justice (une bonne chose) mais elle parle une nouvelle fois comme dans The Village of the Damned.
Au café « Le Flandre », comme chaque vendredi ou presque (routine, routine), Gaëlle retrouve sa Nintendo 3DS. Le vieux monsieur de la dernière fois est à nouveau là. Il ne parle plus des « Dutroux et compagnie », mais tient un discours incohérent. Il me salue : « Bonjour Monsieur le Baron ! », me serre la main puis fait la bise à Gaëlle qui, étonnée, me demande si je le connais. « Nous nous sommes vus la dernière fois, vous vous souvenez ? me déclare-t-il.
— Oui, je m'en souviens très bien. Vous m'aviez parlé des bus qui klaxonnaient trop fort...
— Là, je dois y aller, mais la prochaine fois, on boira un verre ensemble !
— Ha bon ?
— Tic-tac ! Tic-tac ! Ah là là ! Moi je n'y connais rien à ces nouvelles technologies ! »
« Tout le monde m'offre des collations quand je suis dans la cour de récréation.
— Ha ?
— Oui... Surtout les garçons, si tu vois ce que je veux dire. »
(Ma fille est plus au courant que moi sur comment ça se passe.)
Sur le quai de la gare, en attendant le train, Gaëlle murmure quelques-unes des mélodies d'Ocarina of Time : la Berceuse de Zelda, le Chant de Saria, le Chant d'Epona, le Chant des Tempêtes, le Boléro du Feu, etc. Le train arrive. Avant d'y monter, un jeune gars se tourne vers moi : « Excusez-moi... Votre fille est bien en train de chanter des musiques de Zelda, non ?
— Mais oui, tout à fait !
— Je suis un grand fan de Zelda !
— Eh bien, vous avez de très bons goûts !
— Mais comment connaît-elle Zelda aussi jeune ? »
La réponse « Il se fait que son père a lui aussi de très bons goûts » aurait fait belle impression, mais l'homme était déjà bien loin lorsque cette phrase m'a traversé l'esprit.
Dans le train bondé, je montre à Gaëlle le chiffre de Dorabella et lui explique en quoi consiste l'enjeu/le jeu : qu'il faut arriver à déchiffrer les symboles curvilignes qui équivalent sans doute chacun à une lettre. Ma fille me demande : « Peux-tu m'expliquer tes plans [sic] pour tenter de comprendre le message ? » Je lui résume donc le plus sérieusement du monde une partie de ce qui a déjà été entrepris (pas par moi spécialement) : la substitution de lettres, l'étude des points, l'analyse fréquentielle (expliquée de cette manière : « Si tu écris une phrase en français, est-ce que tu auras plus de "A" ou de "Z" ? ») et la question des roues éventuellement pivotantes. L'on pourrait croire que le plus drôle dans cette histoire réside dans le fait que Gaëlle me pose des questions très pertinentes, ou tente par elle-même de dessiner les roues que je viens de lui montrer, ou encore me sort des réflexions dignes d'une adulte (« Si je te donne des idées, Papa, si nous travaillons à deux, nous aurons de meilleurs résultats ! »), mais non : le plus drôle dans cette histoire, c'est le regard de plus en plus rond des deux adolescentes en face de nous. J'imagine presque leurs pensées : « Mais qui sont ces deux tarés ? » et ça me fait plaisir. Sans doute ma fille et moi avons joué une sorte de jeu de rôle, mais un jeu de rôle tellement crédible qu'il serait difficile, même pour nous, de le différencier de la réalité.
— Et puis, à la maison familiale en début de nuit, après que Gaëlle est partie au lit, ma mère m'apprend une des nouvelles les plus surréalistes de mon existence. —