« Every puzzle has an answer! »

Ce matin, chez mes parents, Gaëlle a découvert qu'il y avait des cadeaux pour elle au pied du sapin de Noël. Comme nous ne sommes pas du tout formalistes dans ma famille, elle a pu les ouvrir à l'avance. L'un des paquets-cadeaux (le mien) contenait le premier numéro des aventures du Professeur Layton sur Nintendo DS : Professeur Layton et l'Étrange Village.

Fondamentalement, cette série de jeux vidéo se présente comme un recueil d'énigmes plus ou moins complexes inventées par un spécialiste du genre : le Japonais Akira Tago... Déplacement d'allumettes, petites équations mathématiques, problèmes géométriques, questions pièges, suites logiques, perception dans l'espace, puzzles, etc. : les énigmes y sont très variées, très bien construites et s'inscrivent par ailleurs dans un décor de dessin animé « à la Sherlock Holmes », mais en plus steampunk... Le Professeur Layton (archétype du gentleman anglais ordonné, aimant le thé et ne perdant jamais son sang-froid) et Luke (son jeune assistant très éveillé mais beaucoup plus impulsif) parcourent le village de Saint-Mystère à la recherche de réponses : en quoi consiste cette « Pomme d'or » donnée en héritage par ce riche baron récemment décédé ? Pourquoi les habitants disparaissent-ils et réapparaissent-ils à intervalle régulier ? Qu'est-ce donc que cette gigantesque tour au Nord du village que tous les villageois redoutent ? À côté des énigmes traditionnelles, se développe une histoire parallèle, une sorte de « méta-énigme » vraiment pas mal fichue, voire même complètement prenante !

Des énigmes et des devinettes... En achetant ce jeu, je me suis dit que cela ne pourrait pas faire de mal à Gaëlle, qui passe en ce moment sa vie en compagnie des abrutissants Pokémons... Aujourd'hui, je lui présente la chose de cette manière : Luke et le Professeur Layton, c'est un peu comme elle et moi ; elle sera ma fidèle assistante et nous résoudrons toutes ces énigmes ensemble. Au départ, elle est un peu réticente, puis elle se prend au jeu. — Gaëlle n'a pas énormément confiance en elle, doute constamment de ses capacités. Et pourtant, elle peut être une véritable tueuse professionnelle sur certaines énigmes nécessitant une remise en perspective, un regard neuf : par exemple, sur l'énigme de « Paf le chien ! », elle comprend beaucoup plus vite que moi (en quelques secondes) quelles allumettes il faut déplacer pour passer du chien vivant au chien mort, parce que, dit-elle, « elle a vu un jour un chien écrasé qui ressemblait à ça »...

Mais Gaëlle est (heureusement) beaucoup moins obsessionnelle que moi ; elle se lasse beaucoup plus vite quand elle ne trouve pas la solution. Elle passe donc rapidement à autre chose. De mon côté, je n'arrive pas à me déconnecter de ce putain de jeu. Arrive donc cette situation paradoxale et presque redoutée où je passe ma journée à résoudre méticuleusement chaque énigme découverte dans le village de Saint-Mystère pendant que Gaëlle joue à World of Warcraft sur mon ordinateur...

Diantre ! J'en viens à me demander si ce cadeau était en fin de compte réellement destiné à ma fille... Peut-être me le suis-je offert à moi-même, ce jeu ? Un peu comme ce goujat d'Homer Simpson offrant à son épouse, à l'occasion de son anniversaire à elle, une boule de bowling gravée à son nom à lui ? (Life on the Fast Lane, 1990.)

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