Je suis extrêmement énergique ce matin. Je me lève à six heures et je pète la forme, très curieusement. Est-ce la perspective de me rendre à nouveau au travail et de faire autre chose de mes journées que de jouer bêtement aux Colons de Catane ? Ou tout simplement un de ces rares moments où, sans raison, j'ai confiance en moi, souris et regarde avec un regard vif et pétillant tout ce qui m'entoure ? (L'arrivée d'un train en gare, les oiseaux, les gens qui marchent dans la rue...) Ou peut-être, tout compte fait, est-ce simplement une question d'hormones ?
Aucune idée, mais il faut que j'en profite.
Comme si le bonheur allait de paire avec le laconisme (et la tristesse avec la prolixité), je n'ai pas grand-chose à raconter aujourd'hui. J'ai beaucoup de travail, lié à la préparation d'un comité scientifique. Par exemple : je m'amuse (c'est vraiment le mot) pendant quelques heures à réaliser un plan d'un de nos dépôts d'archives, en essayant d'être le plus précis possible au niveau du tracé, jusque dans les moindres détails. Mon chef Lodewijk, voyant ledit plan presque terminé, fait semblant de vouloir m'étrangler, et s'étouffe : "T'es vraiment malade... T'as même dessiné le lavabo ! Je t'avais pourtant dit de faire un truc simple... C'est vraiment bien, mais t'es vraiment malade quand même..." Je suis content de sa réaction car c'est exactement l'effet auquel je voulais arriver en réalisant ce plan de cette manière : exposer au grand jour mon côté maniaque.
La stagiaire germanophone est là toute la journée. De nouveau, je me dis qu'elle ressemble vachement à Christelle (yeux bleus, cheveux bouclés et regard de biais, entre autres). C'est également une boule de nerfs ambulante : stressée pour le travail de fin d'année qu'elle doit bientôt rendre et faisant de grands gestes énergiques pour accompagner ses paroles, qu'elle clame rapidement, avec son accent allemand mélodieux.
Décidément, pour le moment, je parle beaucoup des Allemand(e)s.
Pourquoi y a-t-il tant de monde et tant de bruit à la Maison du Peuple ce soir ? Je pose la question au serveur et il n'en sait rien : d'habitude, le lundi, c'est calme. Il propose néanmoins un début d'explication : "Peut-être est-ce à cause du temps ? Dès qu'il fait un peu meilleur dehors, les gens sortent de chez eux..." D'accord, mais ne peuvent-ils pas dès lors rester à l'extérieur du café, surtout s'ils parlent bruyamment anglais et, en restant debout dans les travées, bloquent complètement la circulation dans le café ?
Et voilà : je recommence à me plaindre !