6ACV11

Le hasard existe-t-il ?

Considérant avec Andrew (rendons à César, etc.) que :
1) 9 personnes sont présentes à la soirée de Noël chez lui,
2) 9 personnes seront présentes à la soirée de Nouvel An chez moi,
3) 9 esprits sont permutés dans l'épisode 6ACV10 de Futurama,
4) certaines personnes sont permutées entre sa soirée et la mienne,

... quel est l'âge du capitaine ?
... comment peut-on encore croire en la contingence ?
Y s'passe quequ'chose, ici ?

Considérant en outre que :
1) je mentionne Orson Welles ICI, ICI ("Rosebud") et (War of the Worlds),
2) Claire discutait hier de "Rosebud" dans Citizen Kane,
3) Walter me parle, ce soir, de "Rosebud" dans Columbo (!),
4) juste après, Igor (le copain de Perrette) conseille Le Procès d'Orson Welles,
5) la tête du même Orson apparaît dans l'épisode 6ACV11 de Futurama,

... quelle est la couleur du cheval ?
... peut-on en déduire que le sieur Hamilton pète un câble ?
Y s'passe quoi, là ?

* * *

Neuf personnes au souper, donc. J'y rencontre (par ordre d'apparition) Andrew (l'hôte), Eugenia (une de ses collègues russes), Léandra, Romain et son compagnon Ramon (c'est Léandra qui a choisi le surnom, je n'y suis pour rien !), Igor (dont j'ai décidé de changer le surnom, l'ancien étant trop péjoratif à mon goût) et sa compagne Perrette (qui, en bonne anthropologue, part au Laos le 3 janvier prochain), et enfin Walter (qui, en bon économiste, part en mission au Congo en janvier prochain, pour le compte de l'ONG Acted).

Comme apéritif, nous avons droit à un magnum de délicieux Champagne, accompagné d'un très bon saucisson bien frais, de fruits secs et de verrines à la crème d'asperge. En entrée, des huitres et une salade. En plat principal, un chapon fourré avec une succulente préparation à base de foie gras. Tous ces plats sont néanmoins assez (trop ?) complexes pour moi : je ne peux pas manger d'huitre (une aversion sévère m'en empêche) ; quant à la volaille, j'ai du mal à en déguster des morceaux tout en la voyant entière, en pleine phase de décortication devant moi (heureusement, c'est Igor qui s'occupe de la découpe pour tout le monde et je ne me retrouve pas avec des morceaux d'os dans mon assiette : j'aurais eu l'air malin si Léandra avait dû m'aider à dépecer une partie de la bestiole, comme si j'étais un petit enfant dégoûté – en fait, je suis un petit enfant dégoûté)... Résultat : quand je vois arriver, en fin de repas, les "cantuccini" et le "panettone" apportés par Léandra, j'intériorise un soupir de soulagement : enfin un truc simple à manger ! 
* * *

Durant la soirée, j'ai noté au fur et à mesure quelques mots-clés sur mon téléphone portable, afin de disposer d'histoires pour mon journal (Léandra me sort d'ailleurs à un moment : "Tu dois la noter, celle-là !"). Alors que je me relis, je me demande ce que je vais bien pouvoir faire de ce bric-à-brac informe : "C'est pas Malte", "Le plaisir des zuitres", "Derrick", "Columbo", "Performances", "Cadeaux", "Blog et psychothérapie", "Poussin", "Noël 2012", "Anus de dinde"... Je peux au moins expliciter certains termes.

- "C'est pas Malte" est un jeu de mots (qui a dit "pourri" ?) lancé par Romain en début de soirée, après qu'on a parlé brièvement de Malte. Certains invités ont même osé continuer la série avec des "Tout ça va mal tourner" et autres jeux de mots de très mauvais aloi.

- "Derrick" : personne (ou presque) ne croit Léandra quand elle annonce que je possède l'intégrale en DVD de la première saison de la série allemande Derrick. Romain : "Non mais sans rire ? C'est vrai ? T'as vraiment l'intégrale de Derrick ?". Oui, oui, c'est même Maïté qui me l'a offerte pour mon anniversaire, trois petits jours avant de me quitter (véridique !). Je n'ai jamais compris (ou n'ai jamais voulu comprendre) la raison de ce cadeau. Peut-être n'y en avait-il pas ? Peut-être n'était-ce qu'une plaisanterie d'une très grande ironie ? Voilà la preuve absolue que le hasard n'existe pas.

- "Columbo" : Walter, sans emploi pour l'instant, n'a pas grand chose à faire de ses journées. Récemment, il a donc regardé, pendant plusieurs jours, tous les épisodes du célèbre inspecteur, toutes époques confondues. 

- "Performances" : Igor croit, a priori à tort, que Léandra se moque de lui. Igor est artiste : il organise des "performances", c'est-à-dire (si j'ai bien compris) des actes théâtraux dans lesquels il se met en scène (paraît qu'il s'est déjà suspendu au plafond). À 2 (deux) reprises, il regarde Léandra droit dans les yeux d'un air mi-sarcastique, mi-courroucé et lui dit quelque chose comme : "Mais allez, vas-y ! Arrête de marmonner, va jusqu'au bout de ce que tu voulais dire !". D'après Andrew, c'est normal : leur relation a toujours été "un peu" tendue.

- "Cadeaux" : plusieurs personnes ont apporté des cadeaux. Léandra, me voyant déposer trois cadeaux en bas du sapin, me lance : 
— Quoi ? Tu as apporté des cadeaux tout compte fait ? T'avais dit que tu n'en amènerais pas !
Haha ! Oui, mais c'était pour que tu n'en apportes pas pour moi !
— Ha ben je n'en ai pas apporté, du coup...
(Haaa, le don et le contre-don...)

D'Andrew (qui a par ailleurs offert un cadeau à tout le monde), je reçois un livre de Kazuo Ishiguro : Nocturnes, Cinq nouvelles de musique au crépuscule (je ne sais pas de quoi il est question mais le titre donne envie) ; de Walter, une double assiette creuse entièrement biodégradable. De mon côté, j'offre à Léandra deux livres dénichés aux librairies Tropismes (Galerie du roi, à Bruxelles) : un calendrier de jurons et un petit livre intitulé Anagrammes renversantes ou Le sens caché du monde d'Étienne Klein (physicien) et Jacques Perry-Salkow (pianiste de jazz et écrivain spécialisé dans les anagrammes – ça tombe bien), où l'on apprend (entre autres) que "Entreprise Monsanto" est l'anagramme de "Poison très rémanent" (woaw !) ; à Walter, une bouteille de Chimay Grande Réserve (Édition limitée 2010) ; à Andrew, une bouteille de Bush de Nuits (concrètement : une bière "Bush de Noël" murie 6 à 9 mois dans "des foudres de bois ayant contenu du Bourgogne de Nuits-Saint-Georges", puis refermentée en bouteille dans une chambre chaude – qui a dit que brasser de la bière était un exercice facile ?).

- "Blog et psychothérapie" : Romain parle de blogs. Actuellement, il n'écrit plus car il ne trouve pas le concept original qui lui permettrait de se lancer. Romain est (semble-t-il) comme Léandra : ce sont de vieux blogueurs, des vétérans qui refusent d'écrire sans avoir une idée précise quant à la forme que leur blog doit prendre, sans disposer d'une "charte éditoriale" bien établie. Il parle également de la tenue d'un blog comme d'une forme de psychothérapie. Je ne peux que lui donner raison. En tout cas, je considère mon propre journal comme une psychothérapie à part entière : j'écris tout ce qui me passe la tête, tout en essayant de structurer un minimum l'ensemble. Le but a été, est et sera toujours personnel : essayer de mieux me comprendre, même si le fait de savoir que je suis lu rajoute un certain piquant à l'expérience.

- "Noël 2012" : à table, Léandra imagine le prochain Noël : en décembre 2012, elle est toujours avec Jonas ; Walter s'est trouvé la personne de sa vie au Congo ; Andrew sort avec une Slave rencontrée via son travail d'agent secret à la solde de l'Occident ; Emily sort avec Lyric (m'enfin !) ; et moi aussi je suis avec quelqu'un (mouhahaha !). À un moment, nous avons émis l'hypothèse que la probabilité d'un seul suicide dans le courant de l'année prochaine était plus forte que cette situation "Tout le monde en couple" imaginée par Léandra. C'est toujours d'un joyeux, les discussions de la "dream team" sur l'avenir de la "dream team" !

- "Anus de dinde" : Romain provoque au bas mot 50% des rires de la soirée. Parmi les histoires amusantes qu'il a racontées, celle-ci : un jour, alors qu'il était en train de manger une dinde (ou un poulet ?), il tombe sur un morceau différent du reste, beaucoup plus sombre. Il le met en bouche et le trouve totalement répugnant, mais en même temps il a peur de passer pour un impoli en le recrachant. Il s'avérera qu'il a tout de même bien fait de le recracher car il s'apprêtait à manger l'anus de la volaille sans le savoir. D'après Andrew, certains raffolent de cette partie, au point de se la réserver ! Miam, miam, miam, it's delicious !

Il est passé une heure du matin lorsque Léandra et moi décidons de rentrer chez nous en taxi. Eugenia nous accompagne, car elle habite à quelques rues de chez moi. Comme souvent, je ne peux m'empêcher de faire la conversation avec le taximan, de parler de tout et de rien (la circulation, tout ça...). Je suis néanmoins très loin d'Andrew, qui arrive à discuter de sujets hautement philosophiques (l'athéisme, tout ça...) à des heures impossibles avec "ses" taximen.

Demain, je dois me lever vers 6h32. Je sens que ça ne va pas être facile.

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