Audaces fortuna juvat

Ce samedi soir, je suis invité chez Flippo pour un souper improvisé. Atteindre le quartier en bus prend des allures de parcours du combattant : Flippo habite à deux pas de Matonge à Ixelles, où se sont déroulées d'assez violentes émeutes tout récemment. Des voitures blindées de Police arpentent les rues... Les transports en commun, par contre, sont beaucoup plus rares... Je finis par faire une partie du trajet jusque chez lui à pied et quand j'arrive, je suis trempé de la tête aux pieds.

C'est une soirée peinarde. Je suis le seul invité. Bastien, le colocataire de Flippo, est présent mais malade... Flippo a préparé des pâtes à la bolognaise (encore de la bolognaise !). J'ai apporté un Montepulciano d'Abruzzo. Flippo, dont la famille est originaire du Nord de l'Italie, ne supporte pas le vin français et ne boit que du vin italien. Il est d'une mauvaise foi crasse, mais je lui donne raison sur un point au moins : à prix identique, le vin italien de table fait moins mal au ventre que le vin français.

C'est Flippo qui s'occupe de la musique et, comme d'habitude, nous sommes catapultés dans les années soixante, en plein psychédélisme. Dans sa playlist, trônent toujours au moins un album des Who et un autre de Brigitte Fontaine. C'est obligatoire. Au début de la soirée, passe l'album Would You Believe (1968) de Billy Nicholls, mélange entre Syd Barett et les Beach Boys. Comme à chaque fois que je suis chez lui, je découvre...


En seconde partie de soirée, nous jouons tous les trois à un nouveau jeu de société que Bastien a reçu à son boulot. Le jeu s'appelle Fortuna. Le but semble simple de prime abord : partir de son petit village et se diriger vers la capitale de l'Empire, afin d'améliorer son cursus honorum. Pour ce faire, chaque joueur doit avancer vers Rome et effectuer une série d'actions qui lui permettront de gagner des points d'honneur : collecte de blé, vendange, mariage, commerce, achat de vestales...

Comme pour chaque jeu de société allemand qui se respecte, les règles de Fortuna sont mal traduites et confuses à l'extrême, à la limite de l'incompréhension. Comme dans Agricola, de nombreux éléments sont implicites et sont découverts au fur et à mesure... Après une dizaine de tours de jeu, nous comprenons enfin le principe général, mais certains point restent néanmoins très flous.

Après avoir gagné la partie (bah oui), il est temps de retourner chez moi ("durée du jeu : une heure", mon cul, oui !). J'attrape le bus Noctis qui passe pas loin de chez Flippo et qui me dépose à vingt mètres de mon appartement. Dans le bus, un couple éméché improvise un karaoké : le gars connaît par cœur la chanson "Dans mon HLM" de Renaud et réussit même l'exploit de chanter encore plus faux que lui. Je suis admiratif.

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