Artificiel

Malgré la Lex Leandrae, malgré la loi martiale, malgré l'idée d'un seul petit texte par jour, je suis toujours en retard dans la rédaction de mon journal. La plupart du temps, je convertis les trois ou quatre paragraphes quotidiens (ceux que j'aurais écrits habituellement) en morceaux que je sépare à l'aide d'un simple tiret cadratin, de manière à ne pas me compromettre dans une sale et sombre histoire de plusieurs paragraphes. Mais c'est évidemment ridicule et artificiel, et à chaque fois que j'essaye d'être artificiel, ça ne fonctionne pas !

Gaëlle, dans la conversation courante : « Haruna n'arrête pas de parler de sexe. » (Sa voix traîne sur le dernier mot, qui résonne bizarrement.) « Il m'a dit que lorsque je serai plus grande, il aimerait sexer avec moi ! » — Curieux sentiment que celui qui consiste à imaginer un petit garçon de l'âge de ma fille en train de lui faire des avances sexuelles (d'autant plus que ce n'est pas la première fois).

« (...) et le soir, alors qu'il n'avait jamais connu que les lumières de la métropole, il vit pour la première fois la Lune qui, haute dans le ciel, éclairait la petite ville de sa pâle lumière : "Quel est donc ce laid disque abîmé qui nous gâche la vue ?" demanda-t-il, "Pourquoi faut-il qu'il soit si difforme et parsemé de trous ?" "C'est la Lune", lui répondis-je le sourire aux lèvres, "et nous ne l'aimerions autant si elle n'était point percée !" » (Jacques-Denys Quentin, Hôtel des Pèlerins, 1822.)

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