Sans aucun intérêt

Paraîtrait que parler de son enfant est profondément rébarbatif et sans aucun intérêt pour autrui... C'est d'ailleurs ce que j'écris ICI, dans une partie intitulée pompeusement « Contre la superficialité »... D'un autre côté, je n'ai jamais voulu que mes textes possèdent un quelconque intérêt, justement : c'est ce qui fait le charme de ce blog, tout ça, oui, oui, c'est cela, on va faire comme si on y croyait, hein... Ici, le soleil brille pour tous et on y croit, comme dirait l'autre. — Mais qu'est-ce que je raconte ? Dieu que tout ceci est décousu !

Dans la cour de récréation, un petit garçon que je ne connais pas me montre du doigt et crie à Gaëlle : « Hé ! Ton papa est là ! » Gaëlle partie chercher ses affaires, le même me lâche : « Ce week-end, c'est cool. On n'a pas de devoir parce que ce lundi, c'est une journée spéciale ! » (Il fait allusion à la fancy-fair.) Ensuite, il se présente : « J'suis Haruna, M'sieur ! » « Ha oui, Haruna... Gaëlle m'a souvent parlé de toi. » « Normal, me répond-il, je suis son nouvel amoureux ! » Gaëlle revient avec sa (trop) grosse mallette. Je veux dire au revoir au petit garçon, mais il est déjà occupé à jouer avec d'autres enfants. Sympa l'amour à cet âge-là ! (À cet âge-là ?)

Gaëlle explique, dans le jardin familial, le fonctionnement de son appareil photo au gamin de la voisine d'en face, de deux ans son cadet : « Si tu veux faire une photo, tu appuies là. Si tu veux filmer, tu dois faire comme ça. Là, c'est pour regarder les photos que tu as déjà faites. Tous les autres boutons, c'est pas pour toi ! Mais tu peux faire ce que tu veux comme photo... Non, attends ! Il faut attendre ! Non, tu ne pousses pas assez fort ! Attends ! Il faut pousser, pousser jusqu'à ce que ça fasse "clic" ! Là, tu vois, ça a fait la photo, maintenant. C'est bien. Tu apprends vite ! »

Comme chaque vendredi que je passe en famille, j'ai droit à Money Drop, cet horripilant jeu de TF1 présenté par Laurence Boccolini, où deux participants (un couple, deux amis, deux sœurs, etc.) tentent désespérément de sauver les 250.000 euros qu'on leur donne initialement. Ils doivent disposer l'argent sur un des quatre plateaux-réponses ; si la réponse n'est pas celle du plateau, l'argent qu'ils y ont placé est perdu à jamais... Une des questions concerne l'animal, du nom de Zarafa*, que le vice-roi d'Égypte Méhémet Ali donna à Charles X en 1827 : était-ce une girafe, un panda, un koala (pfff...) ou un chimpanzé ? Ma mère penche pour un chimpanzé, mais Gaëlle la reprend : « Non, c'est sans doute une girafe, parce que "Zarafa", ça ressemble à "Girafe"... »  — Alors, là, bravo : trouver la bonne réponse sur base d'une comparaison de sonorités, je trouve ça pas mal du tout, surtout à six ans !

Sans aucun intérêt, je vous avais prévenus !
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* C'est en tout cas le nom que lui donne l'auteur américain Michael Allin dans son livre Zarafa: A Giraffe's True Story, from Deep in Africa to the Heart of Paris (1998).

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