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Retour sur la journée dont vous êtes le héros #1

Pour le lecteur qui débarquerait, ce post traite de 

Au commencement, tout est parti d'une discussion avec Léandra, durant laquelle elle m'a clairement fait remarquer, à raison, que je restais constamment dans le monde des idées, que j'étais incapable d'échafauder une narration qui tienne la route, une histoire inventée racontant des faits en non des concepts... Alors, tout doucement, m'est venue l'idée de m'exercer... Peu importe ce que je raconterais : il faudrait juste que je raconte quelque chose.

Ensuite, je me suis également dit qu'un récit dont on pourrait choisir les différents embranchements serait du plus bel effet et surtout me permettrait de développer des histoires très différentes les unes des autres. Au départ, je m'étais fixé un quota de quatre histoires, huit au grand maximum, soit tout au plus deux (2² = 4 histoires) ou trois embranchements (2³ = 8 histoires), puis je me suis emballé : j'ai voulu créer quelque chose de plus gros, de plus total, de plus rigoureux, sans aucune échappatoire possible. Je me suis dit qu'il faudrait que je me mette en scène dans plein de scénarios différents, y compris dans des situations inconfortables ou inédites, comme des moments où je "vis" ma propre mort.

J'ai commencé à écrire comme si je rédigeais une journée normale, en partant de la "racine" (le texte #1), puis j'ai développé l'histoire niveau par niveau, en suivant l'ordre chronologique de la journée. En cours de route, devant les divers chemins qui se présentaient, d'autres idées me sont venues naturellement, un peu comme si je voyais l'inéluctable se préciser, sans pouvoir stopper son déroulement : il fallait qu'une journée débouche sur mon suicide, qu'une autre (au moins) débouche sur du sexe, qu'une autre encore vire à l'histoire de science-fiction ou de fantasy, etc. Il fallait que certaines journées soient comiques et que d'autres soient tragiques ; il fallait que certaines fassent rire et que d'autres fassent réfléchir. Une semaine après la publication de cette journée mouvementée (ou pas), je ne sais toujours pas si l'expérience est une réussite ou un échec, si ce n'est à mes propres yeux (je me suis amusé comme un fou en écrivant tout ça).

Comme d'habitude, je n'ai pas reçu beaucoup de commentaires sur ce projet (Léandra dit que c'est tout à fait normal), si ce n'est de la part de Léandra, Andrew, Fred Jr, Judith, Yama et Zapata. Ce lundi, j'ai également reçu un long message d'une lectrice (que je ne connaissais pas), qui lit mon blog depuis quelques mois et qui a profité de la publication de cette "journée #1" pour "sortir de l'anonymat" (j'en reparlerai une prochaine fois). Je sais aussi que "beaucoup" de lecteurs se sont prêtés au jeu, même s'ils sont restés diaboliquement muets. Je le sais au regard des statistiques du nombre de "pages vues" pour les journées qui ont suivi la publication de ce "petit jeu" : vu qu'il fallait charger de nombreuses pages Web pour suivre les diverses histoires, ce nombre a augmenté de manière fulgurante, à la manière du prix d'un baril de pétrole en octobre 1973 :

Mais peu importe ! Une semaine après la publication de cette expérience, j'ai décidé d'y revenir une dernière fois (promis juré !) pour expliquer l'envers du décor. Le lecteur intéressé (ou paresseux au point de ne pas vouloir cliquer sur tous ces choix à la con qui parsèment ladite journée) trouvera ci-dessous l'arbre complet des "possibles" : chaque lien entre crochet correspond à une page particulière et les liens finaux en gras constituent une des 24 fins alternatives. Plus bas, on retrouvera les descriptifs de chacun des 11 "groupes de récits", accompagnés d'un petit résumé, de quelques commentaires personnels ainsi que (parfois) de l'avis de mes amis.

L'arbre des possibles

[#1]─┬─[.1]─┬─[.1]─┬─[.1]─┬─[.1] Une journée ordinaire
.......................└─[.2]─┬─[.1] Seas too far to reach
..............................└─[.2] Water lilies in your bathtub
.................└─[.2]─┬─[.1]─┬─[.1] HDTV
..............................└─[.2] Well I could sleep forever
........................└─[.2] I am a lone wolf
...........└─[.2]─┬─[.1]─┬─[.1] I want to live
........................└─[.2] Can you hear me, Major Tom?
..................└─[.2]─┬─[.1]─┬─[.1] L'adieu à Hirscharr
...............................└─[.2] Par-delà les Confins...
.........................└─[.2]─┬─[.1] Where is my mind?
................................└─[.2] Danse avec les chats
.....└─[.2]─┬─[.1]─┬─[.1]─┬─[.1] Qui chevauche si tard...
........................└─[.2] Quart d'heure de gloire
..................└─[.2]─┬─[.1] Un délire
.........................└─[.2]─┬─[.1] Café toscan avec Emily
................................└─[.2] Café toscan avec Léandra
............└─[.2]─┬─[.1]─┬─[.1]─┬─[.1] Ziegelbrücke forever
...............................└─[.2]─┬─[.1] Éthique
......................................└─[.2] Œil pour œil
.........................└─[.2]─┬─[.1] Soirée chez les moines
................................└─[.2] Fureur chez les saints
...................└─[.2]─┬─[.1] Morning's waking dream
..........................└─[.2] You can check out anytime you like


Résumés, commentaires et avis

1) La journée où il ne se passe strictement rien

Résumé : il s'agit de la seule journée entièrement "réelle", dans le sens où elle s'est déjà déroulée de cette manière, du début à la fin : même le retard de train est véridique.

Commentaire : il s'agit d'un gag, évidemment. Je fais exactement ce que je fais d'habitude : je prends le train, je me rends au boulot, je bois mon café, je discute avec mes collègues, je reprends le train, je vais à la Maison du Peuple de Saint-Gilles, où je vois Emily (et Léandra en coup de vent), avec qui je discute jusqu'à une heure raisonnable... La personne qui choisit cette journée en premier lieu est soit sadique, soit d'une très grande rigueur.

L'avis des amis : Léandra trouve qu'elle passe pour une idiote dans une majorité de récits, à constamment revenir sur cette histoire de Jonas qui ne l'appelle pas... C'est vrai que le rôle de mon amie n'est pas des plus palpitants partout, mais c'est elle qui est mentionnée le plus souvent (dans 14 histoires sur 24 pour être précis). Notons également que certaines bifurcations donnent à Léandra un rôle beaucoup plus intéressant, de premier plan ! Mais Léandra est rarement contente, de toute façon (et on l'aime comme elle est).

2) La journée où il ne se passe strictement rien sauf à la fin

Seas too far to reach [#1.1.1.1.2.1]
Water lilies in your bathtub [#1.1.1.1.2.2]

Résumé : même journée que celle où il ne se passe strictement rien sauf que plutôt que de repartir avec Emily en voiture, je décide de rester à la Maison du Peuple, ce qui change fondamentalement tout, étant donné que je rencontre une nouvelle personne.

Commentaire : L'histoire #1.1.1.1.2.1 est inspirée d'épisodes de ma vie, dans la mesure où plusieurs femmes m'ont déjà abordé à la Maison du Peuple alors que j'étais seul sur mon PC. Dans au moins deux cas, je suis certain que c'était de la drague. Elles sont reparties déçues, et moi aussi. L'embranchement #1.1.1.1.2.2 est peut-être ce qui serait arrivé si j'avais été (beaucoup) moins gauche. Par ailleurs, ces deux histoires contiennent une mise en abyme, car je parle à ma nouvelle rencontre de "La journée dont vous êtes le héros #1", à laquelle je suis en train de travailler et dans laquelle elle se trouve, justement. 

La musique : "Seas Too Far to Reach" est une de mes chansons préférées d'Okkervil River, avec "Westfall" et "Title Track". Cette chanson assez complexe (tant sur le plan instrumental que sur celui des paroles) fait notamment référence à la différence entre un rapport sexuel fantasmé et celui pratiqué "en vrai", bref entre une certaine idée romantique du sexe et la réalité crue. "Little Star of Bethlehem" est une des premières chansons (1968) du groupe allemand Can (ai-je déjà dit que c'est un de mes groupes préférés ?). Cette chanson est un gros trip et représente à mes oreilles l'absolu en matière d'ambiance cool, d'où son utilisation dans la seconde soirée, celle qui se termine en beauté. 


L'avis des amis : la journée #1.1.1.1.2.2, qui rebondit au tout dernier moment, est une des préférées de beaucoup de monde, notamment de Judith, car l'histoire est remplie d'espoir. Je ne vais pas la contredire : moi aussi, j'ai bien aimé cette fin de journée... Même si elle fut virtuelle, elle fut marrante et presque excitante à écrire. Quant à mon ami Zapata, il n'a pas trouvé mieux que de préciser que j'avais oublié de mettre un préservatif. C'est malin, tiens. 

3) La soirée "Jeux de société" 

Résumé : plutôt que d'aller à la Maison du Peuple, comme d'habitude, je me rends à une soirée "Jeux de société" et y rencontre Céline. Selon les choix posés, je la vois plus ou moins longtemps.

Commentaire : la soirée "Jeux de société" (créée de toutes pièces – tout comme la dénommée Céline – même si j'ai déjà participé à ce genre de soirée) montre ce dont je suis capable ainsi que les limites inhérentes à ma personnalité timide et introvertie. Même si ce point de ma personnalité ne se voit pas vraiment au jour le jour, il est toujours bien présent quand il ne faut surtout pas qu'il le soit. La première (#1.1.1.2.1.1) et la dernière alternative (#1.1.1.2.2) constituent deux aspects du même problème : celui de ma phobie sociale plus ou moins prononcée selon les moments (j'ai du mal à me mêler aux nouveaux groupes, ainsi qu'à des gens que je ne connais pas). Dans ces deux cas, je noie ma solitude dans la pornographie ou la musique, en me martelant que ça vaut de toute façon mieux comme ça.

Le récit #1.1.1.2.1.2, durant lequel je lance un "Je t'aime !" gêné à la fille que je viens de rencontrer, est tiré d'une histoire vraie (oui, oui !). J'ai dit deux fois (de visu et dans cette situation bien particulière) ces trois petits mots dans ma vie. La première fois, la relation a duré plus de sept ans. La seconde fois, c'était beaucoup plus bizarre : la femme (une travailleuse d'intérêt général à mon boulot dont j'étais éperdument amoureux – de la travailleuse, pas de mon boulot) m'a sorti, étonnée : "D'habitude, on ne dit pas ça. On commence par proposer d'aller au cinéma avec la personne ou alors de prendre un verre, pour mieux se connaître..." J'ai donc été... boire un verre avec elle, dans le centre de Liège (au Tam-Tam, un bar à cocktails), un soir de la semaine suivante, mais sans plus. Je ne l'ai plus jamais revue et j'ai effacé récemment son numéro de téléphone de mon répertoire.

La musique : "Sleep" des Dandy Warhols ne contient que très peu de paroles mais a néanmoins suscité de nombreuses interprétations sur le Web. Dans cette histoire, la chanson a pour but de montrer que je ne peux pas oublier la rencontre que j'ai faite et que celle-ci hantera ma mémoire jusque dans mon sommeil le plus profond. "I am a Lone Wolf" du groupe Eels constitue leur énième chanson sur la solitude. Les paroles sont limpides et résument à merveille la situation que je vis dans cet embranchement : "Je suis un loup solitaire. Je l'ai toujours été et le serai toujours. Je me sens bien et je suis résigné à le rester."


4) La dépression sévère
I want to live [#1.1.2.1.1]
Can you hear me, Major Tom? [#1.1.2.1.2]

Résumé : la journée où tout va mal, sans qu'il y ait de raison. Un des signes flagrants de la dépression nerveuse... Je pleure au boulot, m'enfuis, reviens... Mon patron compatissant me dit de rentrer chez moi, où je dors durant toute l'après-midi. En soirée, Léandra me téléphone et me propose de passer chez elle. Si j'accepte, je remonte la pente ; si je refuse, je me suicide.

Commentaire : ce récit est en grande partie inventé. J'ai déjà été très mal mais pas à ce point-là. Cependant, je voulais une histoire où j'allais jusqu'au bout de mon malaise et finissait par me suicider (#1.1.2.1.1). Je voulais choquer, monter lentement dans l'horreur en faisant en sorte que le lecteur se rende compte petit à petit de ce que j'étais en train de préparer (je ne sais pas si j'ai réussi ou si je me suis lamentablement planté). L'autre histoire (#1.1.2.1.2), celle où Léandra est aux petits soins avec moi parce que je ne vais pas bien du tout, est lointainement tirée de la réalité, de ce moment il y a pile un an durant lequel elle et Andrew ont passé la soirée au Verschueren avec un Hamilton totalement démoli par une bête histoire d'amour qui n'a jamais eu lieu. Dernière note : la réaction humaine de mon chef (me renvoyer chez moi et me proposer éventuellement son aide) est, je pense, la réaction qu'il aurait vraiment eue s'il m'avait vu dans cet état.

La musique : il fallait que je trouve une chanson qui colle à la description de mon suicide. J'ai cherché très longtemps avant de trouver la chanson parfaite : "Space Oddity" de David Bowie. Cette histoire d'un astronaute qui décide, consciemment, de laisser sa capsule dériver à jamais dans l'Espace, ne pouvait pas mieux convenir. J'ai également voulu créer une opposition entre la grandeur de l'univers dans lequel se perd Major Tom et la petitesse de la baignoire où je me tue. Pour le récit où je remonte la pente grâce à Léandra, je voulais également une musique de Bowie, première époque, pour renforcer le parallèle entre les deux histoires. J'ai d'abord pensé à "Starman", puis par ironie à "Rock 'n' Roll Suicide" mais j'ai fini par opter pour la superbe et moins connue "Cygnet Committee".

L'avis des amis : Léandra trouve que la mise en scène de mon suicide constitue une des histoires les mieux réussies du lot (merci Léandra !). Fred Jr l'a trouvée très troublante.

5) Le récit de science-fiction
L'adieu à Hirscharr [#1.1.2.2.1.1]
Par-delà les confins de l'Espace et du Temps [#1.1.2.2.1.2]

Résumé : ayant quitté mon boulot depuis quelques heures, marchant le long de la centrale nucléaire de Tihange, je tombe sur un groupe d'hommes et de femmes gardant une "roche spéciale" qui donne accès, selon leurs dires, à une autre Terre tournant autour du système de Bételgeuse. La possibilité de passer au-delà de la roche m'est donnée. Si j'accepte (#1.1.2.2.1.2), je me retrouve effectivement sur une autre planète, en compagnie de "gentils" extraterrestres.

Commentaire : il fallait un récit de SF, eh bien le voilà ! Le résultat : un curieux mélange d'humour pathétique et de Sense of Wonder (en particulier dans le second récit dans lequel j'observe, piégé dans un cercueil de verre, le lever d'une géante rouge). À noter qu'il y a un point commun avec l'histoire de la torture chez Lise et Georges (voir plus loin, point 9) : dans les deux cas, ça révèle chez moi une certaine claustrophobie, ou plus fondamentalement une peur d'être totalement privé de mouvements et donc de liberté. À creuser...
 
La musique : dans "L'adieu à Hirscharr", j'ai placé "So You'll Aim Toward The Sky" de Grandaddy. Il s'agit d'une référence à "Space Oddity" de Bowie (et donc à l'histoire du suicide). C'est le même thème du "voyage dans l'infini", mais non concrétisé : celui d'un mineur (sur un astéroïde ?) qui rêve qu'il part vers d'autres mondes, très, très loin...

L'avis des amis : Judith trouve que le récit de l'autre Terre est un de ceux qui est le plus "porteur", c'est-à-dire le plus à même de donner naissance à une suite (et elle a raison car j'ai en effet déjà une suite en tête : reste à savoir si je la développerai un jour ou si je laisse tomber l'idée). Léandra n'aime pas (normal : elle n'aime pas la science-fiction). Elle m'a dit par ailleurs que jamais je n'accepterais de porter une toge mauve ridicule. Elle a fondamentalement raison mais le potentiel comique de la situation a pris le dessus sur la vraisemblance. Quant à Andrew, il a vu dans l'histoire du sarcophage de verre une référence à Abattoir 5 de Kurt Vonnegut. C'est possible, mais si c'est le cas, c'est purement inconscient.

6) Le bonjour à Maïté
Where is my mind? [#1.1.2.2.2.1]
Danse avec les chats [#1.1.2.2.2.2]

Résumé : plutôt que de m'arrêter à Tihange (voir point précédent), je continue mon chemin et décide d'aller dire bonjour à Maïté. Je tombe sur son compagnon, Patrick. J'ai le choix entre me saouler avec lui (#1.1.2.2.2.1) ou lui donner un coup de poing (#1.1.2.2.2.2) et m'enfuir en courant. Dans le premier cas, je finis ma soirée chez mes parents ; dans le second, je passe la nuit sur un banc en compagnie d'un chat.

Commentaire : la première histoire met en rapport mon alcoolisme patent (ou plus exactement ma volonté de sortir du réel) et ma lointaine rupture avec Maïté, qui en serait la cause. Le fait de boire avec le nouveau compagnon de mon ex montre que tout est réglé et qu'en même temps rien n'est réglé. Le fait de retourner (inconsciemment) chez mes parents, totalement saoul, enfonce encore plus le clou : je suis mal, je bois, je retombe en enfance. Je ne sais pas si, à la lecture de cette histoire, cette métaphore psychologique à deux francs cinquante est si claire que ça.

La seconde histoire où je dors en compagnie d'un chat constitue en premier lieu un contre-pied à ce que tout le monde attendait, à savoir un lancer de félin en bonne et due forme. Il s'agit en seconde lecture d'une métaphore de ma relation d'amour-haine avec l'univers qui m'entoure. Ici, je suis dans une relation d'amour avec le Monde (symbolisé par le chat – pas rire s'il vous plaît). Je considère la fin de l'histoire comme extrêmement positive, malgré le fait que je dors dehors, dans le froid. Il s'agit d'une forme de rédemption : dans cette fin-là, je suis beaucoup plus en phase avec moi-même que dans la première histoire, où je ne suis pas naturel et bois pour oublier. Encore une fois, je ne suis pas certain de m'être fait clairement comprendre.

La musique : "Where is my mind?" des Pixies est une chanson que j'adore, qui préfigure le renouveau musical des années nonante. Vu qu'elle décrivait assez bien la triste ivresse du moment, pourquoi m'en priver ? C'est également une référence à Annabelle. Dans l'histoire du chat, la mélodie "Two Socks" est évidemment tirée de la bande originale du film Danse avec les loups. Elle est censée provoquer l'attendrissement, ainsi qu'une certaine mélancolie.

7) Le "fietstrip" en Forêt de Soignes
Qui chevauche si tard à travers la nuit et le vent ? [#1.2.1.1.1]
Quart d'heure de gloire [#1.2.1.1.2]

Résumé : ayant décidé de ne pas aller travailler aujourd'hui, après quelques péripéties (dont un passage éclair à la Maison du Peuple), je me retrouve sur un vélo, parcourant la Forêt de Soignes. Je suis témoin (#1.2.1.1.2) ou pas (#1.2.1.1.1) d'une tentative de meurtre, sans doute non préméditée, sur un cavalier et sa fille. Si j'interviens, je les sauve ; si je m'enfuis, ils meurent.

Commentaire : le titre de la première histoire est une référence évidente et un peu minable au Roi des aulnes, le célèbre poème de Goethe qui m'obsède depuis très longtemps et que j'ai déjà mentionné à plusieurs reprises dans ce blog ou ailleurs. Pas besoin d'aller chercher très loin (je n'étais pas très inspiré pour cet embranchement) : cette histoire est, selon le choix réalisé, une métaphore de la couardise ou de l'héroïsme. Dans le premier cas, je suis vraiment un gros peureux. Dans le second, je suis un héros malgré moi (je ne fais strictement rien si ce n'est appeler les secours). Je ne sais pas quelle attitude j'adopterais dans pareille situation.

Note intéressante : si on considère la journée #1, avec toutes ses alternatives, comme entière et indivisible, l'histoire #1.2.1.1.2 est la seule dans laquelle personne ne meurt. Dans les autres cas, je ne suis pas là pour prévenir les secours et l'homme et sa fille décèdent faute d'avoir été aperçus par quelqu'un... Sauf si on considère que le fait que je ne sois pas passé à vélo dans la Forêt de Soignes a entièrement changé la donne (si Emily était là, elle citerait "l'effet papillon").

8) Les caves de la Maison du Peuple
Un délire [#1.2.1.2.1]
Café toscan avec Emily [#1.2.1.2.2.1]
Café toscan avec Léandra [#1.2.1.2.2.2]

Résumé : ayant décidé de ne pas travailler aujourd'hui, je passe à la Maison du Peuple de Saint-Gilles, où Térence, un des patrons, me fais visiter les énormes caves du café, contenant un immense cellier à vins, ainsi que de nombreuses salles à partouzes. Le soir, selon les versions, je ne m'y rends pas (#1.2.1.2.1), j'y vais avec Emily (#1.2.1.2.2.1) ou avec Léandra (#1.2.1.2.2.2).

Commentaire : cette histoire est un vieux délire de Léandra et moi, dans lequel nous imaginions que les caves de la Maison du Peuple couvraient une très large étendue sous le Parvis de Saint-Gilles et contenaient des milliers de bouteilles de vins. Pour les besoins de l'intrigue, j'ai décidé d'aller encore un peu plus loin et d'imaginer une cave servant de lieu secret pour des réunions orgiaques. Toute cette histoire est censée faire rire, surtout si on lit les trois alternatives à la suite, en remarquant les différences de version. Encore une fois, j'ai voulu créer un contre-pied à la logique, qui voudrait que je tombe dans un lieu de débauche totale. Il n'en est rien. J'ai voulu montrer par là l'inaptitude qu'ont les clients de ce café (moi y compris) à tisser des relations sociales fortes (c'est le moins qu'on puisse dire) en restant scotchés à leur technologie réconfortante, bref en restant dans leur monde. Dans ces histoires, j'ai également décidé de forcer à l'extrême le trait de mes amies : Emily ne comprend jamais où elle se trouve et est légaliste jusque la moelle (pas plus d'une bière si elle conduit) et Léandra réagit de la même manière que quand elle est totalement déchirée par l'alcool.

Dernière chose : d'où vient cette idée de "café toscan" ? Une longue histoire, qui date d'un lointain passé universitaire, lorsque mon ami FBsr voulait sortir avec la sœur de Maïté. Il l'a trimballée dans une sorte de jeu de piste démentiel à Louvain-la-Neuve, où il fallait qu'elle le retrouve en suivant une série d'indices. À un moment, elle devait ainsi commander un "café toscan" au comptoir d'un obscur café. Si mes souvenirs sont bons, le barman lui a alors sorti un bouquet de fleurs avec le prochain indice. FBsr est un grand malade perfectionniste, du genre à couper des oignons en petits cubes d'un millimètre de côté... Et il est sorti avec elle ? Oui, oui, il est sorti avec elle ce jour-là (mais ça n'a pas duré très longtemps).

La musique : je me suis longtemps demandé quelle musique conviendrait le mieux à une soirée orgiaque (ou supposée l'être). La réponse est venue d'elle même, un matin, au réveil : ce sera "Venus in Furs" du Velvet ! 

L'avis des amis : la version où Léandra monte sur une table et demande aux gens de sortir de leur apathie est la préférée de Léandra (rien d'étonnant). Autre chose : Andrew m'a fait remarquer que jamais la serveuse ne laisserait une bouteille de Pétrus 1976 sur une table en me laissant me resservir tout seul, sans aucun cérémonial. C'est oublier selon moi qu'on est à la Maison du Peuple et que les serveurs sont forcément un peu dépassés par les événements : s'ils m'avaient resservi, ils auraient été capables de laisser tomber la bouteille, ces fous !

9) Torture chez Lise et Georges

Ziegelbrücke forever [#1.2.2.1.1.1]
Éthique [#1.2.2.1.1.2.1]
Œil pour œil [#1.2.2.1.1.2.2]

Résumé : ayant pris le train pour la Suisse et ayant décidé de suivre aveuglément une vieille dame de prime abord sympathique, je me retrouve cloué à une croix dans une sordide cave de château. Selon que je ne fais rien (#1.2.2.1.1.1) ou que je décide de me détacher, la fin est différente... Dans les derniers embranchements, j'ai le choix entre appeler la police (#1.2.2.1.1.2.1) et clouer mes tortionnaires à mon tour (#1.2.2.1.1.2.2).

Commentaire : cette histoire ridicule (j'en ai bien conscience) avait deux objectifs : choquer le plus possible (apparemment, c'est raté) et surtout proposer un choix éthique (laisser la justice faire son travail ou appliquer la Loi du Talion).

L'avis des amis : Léandra dira que cette histoire n'a aucun sens, qu'elle ne tient pas la route une seule seconde et que je me prends pour Chuck Norris. Je suis d'accord avec elle mais j'ai quand même pris du plaisir à écrire ce "machin". Ça m'a même fait rire par moment, tellement c'était con (et dégoûtant).

10) Le monastère de Ziegelbrücke

Résumé : fuyant la vieille dame (voir ci-dessus), je me retrouve dans un monastère à Ziegelbrücke, en Suisse, où, selon les versions, je me fais tuer par Frère Xavier (#1.2.2.1.2.1) ou bien m'enfuis du monastère (#1.2.2.1.2.2).

Commentaire : Xavier est aussi le prénom du moine qui administre la Brasserie d'Orval. Il s'agit donc d'une sorte de gag, dans la mesure où l'Orval est ma bière préférée. Dans cette histoire un peu (voire beaucoup) tirée par les cheveux, j'ai également la possibilité de faire un clin d'œil à la BD Soda (une de mes séries préférées chez Dupuis) et à mes études d'histoire médiévale. Enfin, tout comme dans la journée où il ne se passe strictement rien sauf à la fin (voir point 2 ci-dessus), le récit #1.2.2.1.2.2 contient une mise en abyme car je pense à un moment du récit créer une histoire à multiples embranchements sur mon blog. Il y a dès lors un paradoxe entre les deux mises en abyme, car dans ce cas-ci, je n'ai pas encore créé cette journée, alors que dans l'autre cas, je suis déjà bien avancé dans sa rédaction.

L'avis des amis : Léandra m'a demandé pourquoi je me suis amusé à lier cette histoire à celle de Lise et Georges (voir ci-dessus), en faisant dire à un moine que dame Lise ne serait pas contente s'ils ne me tuaient pas... Apparemment, Léandra n'aime pas du tout ces histoires. Pour ma part, j'ai simplement pensé que ce serait intéressant de placer des liens, des références entre les différents récits. Ici, c'est un peu comme si toute la ville (jusqu'au monastère) était sous la domination de riches sadiques habitant un château (une forme de théorie du complot ridicule, j'en conviens).

11) Le récit de fantasy érotique
Morning's waking dream [#1.2.2.2.1]
You can check out anytime you like [#1.2.2.2.2]

Résumé : après m'être évadé d'un train, je tombe nez à nez avec des créatures féminines bleuâtres, ailées et entièrement nues. Selon que je décide de m'enfuir (#1.2.2.2.1) ou de rester avec elle (#1.2.2.2.2), je me fais cribler de flèches ou leur fais l'amour dans une grotte. Je préfère de loin la seconde solution, même si je me rends compte qu'elle n'a pas que des points positifs.

Commentaire : il s'agit de l'histoire de fantasy de la journée #1... Et aussi d'un fantasme sexuel (faut pas chercher plus loin). À noter que dans l'histoire #1.2.2.2.2, je suis encore une fois emprisonné, même si je suis libre de mes mouvements jusqu'à un certain point. L'ablation de liberté, tout comme celle de la vésicule biliaire, est un thème récurrent de ce blog, apparemment.

La musique : "Morning's Waking Dream" du groupe In Gowan Ring est une chanson dans le pur style néo-folk et se prêtait donc à merveille à ces ambiances brumeuses de sous-bois féérique... Voir le groupe en live permet d'encore mieux comprendre le choix de cette musique (le chanteur, qui se fait appeler B'eirth, fabrique certains de ses instruments lui-même – quand on voit les instruments qu'il manie, on pige aisément pourquoi !). Quant au très connu (et superbe) "Hotel California" des Eagles, il est simplement là pour marquer la sensation d'être bloqué quelque part, sans aucune possibilité de fuite... 

L'avis des amis : Léandra n'aime pas ("Tu t'es cru dans Avatar ou quoi ?"), même si elle trouve la séquence du rapport sexuel assez bien décrite. Pour Andrew, cette histoire montre que j'ai l'habitude de lire ce genre de littérature, car je jongle assez bien avec certains "standards" du genre. Il pose également la question qui fâche : en quoi le fait "d'ensemencer à chaque nouvelle lune la Princesse-mère" (que je ne fais que mentionner dans l'histoire) est-il un mauvais moment à passer ? Je n'en sais rien moi-même. La version d'Andrew est intéressante : la Princesse-mère est d'une beauté tellement divine que s'accoupler avec elle est un calvaire. Dernier commentaire, celui de ma mystérieuse lectrice, qui a déjà pris le train pour Bâle à de nombreuses reprises : il n'y a pas de wagon-restaurant dans ce train ! Damned !

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