Raconter ma journée de vendredi ne me demandera pas beaucoup de temps.
À Bruxelles, je prends le train pour Namur un peu plus tôt que d'habitude, en trimbalant ma grosse valise remplie de vêtements. Le train n'a aucun retard. L'objectif de l'après-midi : acheter quelques cadeaux dans cette ville maudite avant d'aller chercher ma fille à l'école, puis revenir avec elle chez mes parents pour le week-end de Noël.
Je passe par le magasin de jouets situé dans la rue Saint-Jacques (celui qui vend de beaux jeux d'échecs et des globes terrestres), afin d'acheter un jeu de société pour ma fille. Je choisis Mille et un trésors, dont le but est de collecter le maximum de trésors dans une caverne avant l'arrivée des quarante voleurs. Je voulais également passer chez Nicolas (le marchand de vins), afin d'acheter une bouteille d'alcool pour mon père et une autre pour mon cousin Fridric, chez qui nous sommes invités demain. Pas de chance : le Nicolas de la rue de l'Ange est bel et bien fermé. Je prends donc des pralines et des truffes chez Neuhaus à la place des bouteilles. Pour ma grand-mère et ma maman, j'achète respectivement des savons et trois huiles culinaires chez Oliviers & Co.
Le précédent paragraphe n'a aucun intérêt, si ce n'est celui de servir de mémoire à long terme.
Chez mes parents, Gaëlle veut absolument ouvrir son cadeau avant la Noël. Peu importe : mes parents ont prévu le coup et ont encore deux cadeaux à mettre sous le sapin, au compte-gouttes. Et la tradition de Noël alors, qui veut qu'on n'ouvre pas ses cadeaux avant la nuit du 25 décembre ? Hem... Dans ma famille, on n'a jamais trop aimé les traditions (voilà qui résout le problème !).
Je joue avec Gaëlle aux Mille et un trésors. Je me rends compte, une nouvelle fois, que ma fille n'aime pas respecter les règles d'un jeu. Tout l'inverse de moi quand j'avais son âge. En effet, quand j'étais petit, je respectais scrupuleusement chaque règle et piquait une crise au moindre soupçon de tricherie ou de contournement que je considérais comme frauduleux : fallait jouer à la loyale, sinon la victoire était factice. Somme tout, ça n'a pas beaucoup changé aujourd'hui : je dirais même que ça a vachement empiré. Gaëlle, elle, s'en fout complètement : tout ce qu'elle veut, c'est créer son propre univers à partir des pièces du jeu. Elle invente donc une histoire où il est question de se frayer un chemin au sein de la caverne (mais ce n'est pas dans les règles).
En outre, elle déteste perdre. Quand elle perd, elle ne veut plus jouer. J'essaie de lui expliquer que pour augmenter son expérience, il faut qu'elle perde, que c'est un passage obligé, que ça fait partie de l'apprentissage... En vain, jusqu'à présent.
* * *
Gaëlle couchée, je replonge dans le dessin animé Futurama. Vu aujourd'hui : "The Prisoner of Benda" (10e épisode de la 6e saison), un épisode de grand malade car il repose sur un véritable théorème qui a été démontré par Ken Keller, docteur en mathématiques et auteur du présent épisode. La démonstration est désormais également connue sous le nom de "Théorème de Futurama" (voir ICI, "Le théorème de Ken Keller" ou encore LÀ, "The Futurama Theorem and Puzzle").
Vers la fin de l'épisode, la démonstration est rédigée par deux Harlem Globetrotters (parmi les meilleurs mathématiciens de l'Univers, hé oui !), en tout petit mais au complet (!), sur un tableau virtuel du professeur Fansworth. Et elle tient la route ! Cette série est une véritable série pour geeks, au sens premier du terme.
Le scénario est le suivant : le professeur Fansworth invente une machine qui permet de permuter les esprits de deux corps (humains ou robots). Il effectue une première permutation avec Amy Wong : son esprit se retrouve donc dans le corps de la jeune femme et réciproquement. Par contre, il est impossible de faire l'opération en sens inverse avec la même paire de corps. Le professeur pense donc, sans trop réfléchir, qu'il suffirait d'utiliser une troisième personne (soit d'injecter un seul nouvel élément dans le système) pour revenir à la situation initiale après quelques manipulations de paire, mais ça ne fonctionne pas. Après de nombreuses péripéties, neuf personnages de la série sont ainsi mélangés et c'est un véritable calvaire pour revenir à la normale.
Cependant, les deux basketteurs-mathématiciens (!) démontreront que, quels que soient le nombre d'esprits qui ont été permutés et le nombre de permutations, il est possible pour chaque esprit de revenir à son corps d'origine en ajoutant au plus deux nouveaux individus dans le système.
C'est vachement mieux expliqué dans les deux liens susmentionnés. Du coup, je ne sais même pas pourquoi je traite aussi longuement de ce théorème dans ce journal.
La fatigue peut-être ?
Ou bien l'admiration ?