Les petits saltimbanques

Ce matin, à Jambes, dans la banlieue namuroise, j'assiste avec ma mère au spectacle de fin d'année de « Créacirque », où Gaëlle suit depuis un an, chaque mercredi après-midi, une initiation aux techniques de saltimbanques. Des petits enfants d'à peine cinq ans essaient tant bien que mal de réaliser des culbutes sur un tapis ou d'avancer en équilibre sur un fil pendant plus de cinq secondes, sur une musique complètement désynchronisée et dans un décor qui semble avoir été conçu par un scénographe manchot. Donc : comme tous les spectacles de fin d'année mettant en scène de jeunes enfants, c'est, on l'aura compris, terriblement passionnant.

Les parents sont enthousiastes. Ils applaudissent et lancent des « Oooh ! » et des « Aaah ! » (les « Oh » et les « Ah » ont la cote en ce moment). Mais qu'est-ce que je fous ici, debout dans le fond de la salle, coincé entre ce gamin énervant et cette famille émerveillée ? Comme tous les parents, j'attends égoïstement que ma fille fasse son petit numéro avant de m'en aller. Non pas, en toute franchise, que je sois plus intéressé par la prestation de Gaëlle que par celles des autres enfants — pourquoi devrais-je être plus intéressé, plus fier ? —, mais je sais que ma présence a beaucoup d'importance pour elle.

Les groupes suivants sont un peu moins mauvais : dans l'un, deux jeunes filles font preuve d'une certaine agilité sur un trapèze ; dans l'autre, celui de ma fille, les enfants réussissent avec plus ou moins de succès à manier le diabolo ou l'assiette chinoise. Gaëlle choisit l'assiette. Après plusieurs essais, elle arrive à la faire tourner parfaitement au centre de son bâton et à la placer, toujours tournoyante, sur son index de façon à la faire passer à plusieurs reprises d'une main à l'autre en dessous de ses jambes. Est-ce difficile ? Le public fait des « Oooh ! » et applaudit à chaque réussite. (Non, je ne suis pas fier.) — Plus tard : « C'est moi qu'ils applaudissaient, Papa ? C'est moi, dis, hein, Papa ? »

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