Archives mensuelles : avril 2012
« HOUit »
— Queen, répond Flippo.
— Ben oui... Queen, surenchéris-je.
— Voilà ! Vous dites QOUeen alors que c'est Queen...
— Queen... C'est ce que j'ai dit !
— Non, non, tu dis QOUeen à la place de Queen... Mais vous, les Belges, n'êtes pas capables de faire la différence entre "oui" et "ui".
— Ha ! C'est comme pour le chiffre "huit" qu'on prononce "HOUit" ? À force de fréquenter des Français, j'ai fini par comprendre la différence, mais je dis toujours "HOUit" quand même... »
Un peu plus tard...
« Quand vous dites : "J'aurai" au futur simple, vous le prononcez "J'auré" alors qu'il faut le prononcer "J'aurè", comme au conditionnel présent.
— M'enfin, mais non !
— Les professeurs de français doivent rectifier le tir tout le temps.
— Non, non... Si je dis : "J'irai à Montréal en septembre", ça ne se prononce pas de la même façon que : "J'irais bien à Montréal en septembre". Et c'est tant mieux, d'ailleurs : ça permet de faire la distinction entre le futur simple et le conditionnel présent. Même chose avec le passé simple (j'allai) et l'imparfait (j'allais)...
— C'est une erreur... »
(L'attitude un rien paternaliste de la « métropole » française vis-à-vis de ses « frontières » : la Belgique mais aussi la Suisse et, plus loin, le Québec...)
Lu sur le site de l'Académie française : « [Grevisse] recommande la prononciation "é" pour le passé simple et le futur simple à cette même personne (je mangeai, je mangerai), afin d’éviter la confusion avec l’indicatif imparfait ou le conditionnel présent dont la terminaison se prononce "è" (je mangeais, je mangerais). » — Maurice Grevisse le grammairien était-il aussi dans l'erreur ? Il était Belge, soit dit en passant.
Un peu avant minuit, Thibaut repart chez lui et Flippo et Bastien s'en vont dormir. Amy, Zapata et moi continuons à jouer, aux Colons de Catane. J'ai envie de leur montrer un des scénarios les plus prenants, un de ceux qui comprennent les deux extensions (« Villes et chevaliers » et « Marins »). Dans ce scénario, déjà joué en partie chez Walter et de nombreuses fois en ligne, deux uniques petites îles sont visibles et une terre inconnue traverse le plateau de jeu en son centre, comme la Voie lactée dans un ciel sans lune.
Je gagne la première partie ; Amy remporte la seconde. Lorsque nous rangeons les différents morceaux du plateau, il est presque cinq heures du matin... Mon retour se fait d'abord en métro, puis en tram, très rapidement. Sur le quai du métro, à l'arrêt « Trône », peu avant 6 heures du matin, déjà des centaines de personnes... — Impression de décalage.
Être ou ne pas être à la ligne
Par exemple, si j'écris un truc comme : « Diantre ! Le chat que j'ai lancé hier n'est pas mort sur le coup... », il convient de faire en sorte que le premier guillemet ne se retrouve pas seul en fin de ligne. Il faut donc que l'espace entre ledit guillemet et le mot qui le suit (Diantre en l'occurrence) soit une espace insécable. Idem pour le point d'exclamation : il ne peut se retrouver seul en début de ligne. Idem enfin pour le guillemet de fermeture : il ne peut se retrouver orphelin... Et c'est la même chose pour les deux-points, points-virgules, points d'interrogation, etc. que compte un article.
En HTML, il existe une représentation particulière permettant au navigateur d'interpréter une espace comme insécable. Il s'agit de « » (non breaking space) : insérer cette suite de caractères entre deux mots ou ponctuations dans un code HTML les oblige à rester sur la même ligne.
En conséquence, à chaque fois que je repérais un signe orphelin sur mon blog, j'intégrais manuellement une espace insécable dans le code HTML pour remettre ce petit récalcitrant à sa place. Mais — pauvre de moi ! —, je ne le faisais que pour ceux que je voyais... Et aujourd'hui donc, je me rends compte que ce blog peut contenir en substance des centaines de caractères orphelins, en début ou en fin de ligne, selon le terminal utilisé pour le lire. Que faire ? Deux solutions : intégrer manuellement, de manière systématique et compulsive, des espaces insécables dans les quatre cents et quelques articles de ce blog ; ou bien trouver un logiciel qui transforme le code automatiquement, en remplaçant certaines espaces en espaces insécables (ça ne doit pas être trop difficile à trouver).
Je cache la figurine dans la serre de ma maman et donne comme indice, à l'exemple d'un Père Fouras de pacotille : « Où le soleil chauffe le plus, dans un gant, tu me trouveras. » Mais ma mère comprend de travers et pense que l'objet se trouve au Sud de la propriété. Gaëlle la suit dans cette logique et, toute contente de maîtriser un concept (sud-chaud ; nord-froid), elle construira la plupart des autres énigmes sur ce modèle.
Voici une des réponses à la question de l'intérêt de ce blog : que quelqu'un, l'ayant lu, en retire quelque chose pour sa propre vie. Proclamer que c'est bien/mal écrit, intéressant/inintéressant a somme toute peu d'effet sur moi. Par contre, me dire que ça aide est un très beau compliment, car cela casse, du moins un tout petit peu, la vanité du projet dans son ensemble.
Des glaçons dans le café noir
Hamilton super-héros
Ricotta & pancetta
Le réel qui suinte
Légère révision de mon questionnaire de Proust. — Après réflexion, je me rends compte que « l'écoute » n'est certainement pas une des réponses correctes à la question de la qualité que je préfère chez un être humain. Il faut que je change cette réponse par « l'investissement ». L'investissement... Voilà une qualité que j'adore : s'investir pleinement et sérieusement dans quelque chose (relation humaine, projet, idée...), ne pas le faire avec je-m'en-foutisme, et ce même si le projet peut paraître de l'extérieur totalement ridicule. (Pour en finir avec la superficialité.)
Déjà-vu & rêve combinés. — Aujourd'hui, je me relève en pleine nuit, vers quatre heures du matin, assez agité. J'ai fait un cauchemar très réaliste dont j'ai hélas oublié la teneur deux heures plus tard à mon second réveil. J'aurais bien voulu m'en souvenir car, sur le coup, je me suis dit que je devais absolument m'en souvenir. Tant pis... Mais il y a autre chose : quand je me suis dit que je devais m'en souvenir, j'ai eu une sensation de déjà-vu assez étrange... L'impression que j'avais déjà vécu cette situation particulière (jusque là, rien de plus « classique »), à savoir entre autres : revenir de la Maison du Peuple où la gentille serveuse m'a offert un verre, me poser plein de questions sur moi-même avant de m'endormir et me réveiller quelques heures plus tard en pleine nuit à cause d'un cauchemar dont je devais me souvenir et... avoir une sensation de déjà-vu. Car — et c'est là que ça devient d'une certaine manière original — dans cette fugace sensation de déjà-vu était contenue ma sensation de déjà-vu. Curieux : cela forme comme un sorte de cycle sans fin... — En fait, à y réfléchir, non, ça ne forme rien de ce genre.
Prise de contact. — Sous-sol de la gare de Bruxelles-Midi. Je prends un café à mon endroit habituel. Le vendeur : « Salut, M'sieur ! Un café noir à emporter, comme d'habitude ? ». Ouaip. (Le besoin de repères.) La jeune femme au sac Quechua rouge que j'ai mentionnée hier soir est là, justement, en compagnie d'une autre dame que je ne connais pas. (Note : je l'appelle de cette manière alors qu'elle ne porte plus de sac Quechua rouge depuis longtemps, que je sache...) Elle me salue, et j'en profite pour lui demander :
« Vous étiez à la Maison du Peuple hier soir, non ?
— Ha. Euh. Mais oui ! C'est pas loin. On habite le même quartier, je crois. Toi aussi, tu habites Saint-Gilles, non ?
— Oui ! Enfin, non : Forest. À la lisière entre Forest et Saint-Gilles, en fait.
— Et comme Fríðr et moi, tu fais la navette Bruxelles-Liège tous les jours...
— Hé oui... Depuis six ans...
— Six ans ! Moi ça n'en fait que trois... Enfin, là, j'ai de la chance, je ne travaille pas à Liège aujourd'hui.
— Il en a fallu du temps pour qu'on s'adresse la parole.
— Oui, en effet.
— Fríðr, c'est celle avec ses longs cheveux châtains, à qui je dis bonjour aussi et qui prend son tram à Albert ?
— Oui, c'est elle. À force de prendre le même train, on a fini par faire la navette ensemble, parfois...
— Et tu travailles dans quoi ?
— Dans les archives audiovisuelles.
— Ha ! Marrant. Moi, c'est les archives tout court.
— Ha tiens...
— Et Fríðr, elle travaille où ? Dans les archives audiovisuelles aussi ?
— Non, rien à voir. Elle est dans l'écologie, elle.
— OK. Moi, c'est Hamilton. Et toi ?
— Epiphany. »
Son café et le mien sont prêts. Je lui souhaite une bonne journée et la laisse avec sa collègue car mon train va bientôt arriver en gare. Sur le quai, je dis bonjour à la petite dame un peu ronchonne, dont je parlais ICI notamment. Elle répond, comme souvent, par un sourire et un clin d'œil.
Gare de Liège-Guillemins. — Je vois un inconnu monter dans mon train en correspondance, le premier tome du roman Dune en main. J'ai la fibre sociale aujourd'hui, et je ne peux m'empêcher de lui lancer, souriant : « Un des plus grands romans de tous les temps... Dune. » Il me répond par un simple oui entre l'enthousiasme et la surprise. — Fin de la partie consacrée au microcosme ferroviaire.
Constat. — Je me trouve dans un de ces jours durant lesquels, sans raison, « le réel suinte ». J'ai l'impression de réintégrer momentanément le giron de l'humanité. Je suis vivant. Je pourrais m'émerveiller devant, au hasard, quelque chose d'aussi banal (du moins en apparence) qu'un bourdon butinant une fleur ou bien la trajectoire d'un groupe d'oiseaux dans le ciel. J'ai le (faux) sentiment de tout comprendre, beaucoup plus rapidement que d'habitude, et je souris béatement dans le tram qui me ramène chez moi. (Je dois passer pour un taré.)
Chez Flippo et Bastien. — J'arrive chez eux vers 21h10. Seules présentes, dans la cuisine : Amy, qui prépare des boulettes de poulet à la ricotta et Ismerie, assise sur un tabouret près de la fenêtre ouverte, au bord de laquelle elle fume de temps à autre. Flippo, Zapata et Pietro sont encore au badminton ; Bastien est à une soirée « football ». Amy et Ismerie me demandent comment je vais et je leur réponds : « La routine... Mais ça me fait plaisir de vous voir...» Ce qui est vrai, sauf que d'habitude, je ne le dis pas. Aujourd'hui, je suis dans une journée où tout va bien, où je souris aux gens et où je lance tout ce qui me passe par la tête...
Les trois badistes reviennent vers 21h30. Zapata reparle de Seashack, mais aussi de différents projets qui consisteraient, l'un à habiter une maison à plusieurs pendant un temps, l'autre, plus vaste, à fonder une auberge alternative à la campagne. Il s'est déjà renseigné à ce sujet auprès de banques. C'est une constante chez lui : le travail de salarié l'emmerde et il se voit mal passer le restant de sa vie dans un schéma de type métro-boulot-dodo. (Moi aussi, mais contrairement à lui, je n'essaie pas de m'en sortir : je suis piégé et regarde passer les jours, les semaines, les années...) De leur côté, Pietro et Ismerie sont à la recherche d'un appartement à acheter.
Amy déteste l'utilisation spéciale qui est faite, par les Français principalement, de la préposition « sur » quand elle est utilisée pour remplacer « à » : « Je vais sur Paris » au lieu de « Je vais à Paris »... Les Belges de la Capitale commencent à l'utiliser aussi, par pur mimétisme. « Pourtant, dit Amy, il n'y a aucune raison d'utiliser un "sur" dans ce cas... On ne marche pas dessus quand on s'y rend ! »
La soirée a commencé tard et se termine donc assez vite. Après le souper (soupe, riz, boulettes et gâteau), pas le temps de jouer à un jeu de société. Il est minuit. Avant que je m'en aille, Zapata me propose de partager un joint. — Ce dernier, combiné au vin rouge que j'ai bu un peu plus tôt, passe mal : je ne suis pas malade, mais la clarté intellectuelle dont je me vantais ci-dessus n'est plus qu'un lointain souvenir. Un peu plus tard, à la Porte de Namur, j'ai mal aux yeux et j'ai la plus grande difficulté à prononcer ma destination au taximan. — Je vais être frais demain, tiens !
[Intermède] Univers clos
"Save and continue"
Je regarde avec une certaine délectation Nanash s'énerver en tapant du poing sur la table. Sa colère me rappelle un peu celle qui m'a prise d'un coup lors d'une soirée chez moi, le vendredi 17 juin 2011 (de l'intérêt de tenir un journal). Il s'agit ici, pour autant que je puisse en juger, du même genre d'énervement : celui de quelqu'un qui sait ce que c'est, matériellement, de ne pas avoir d'argent du tout, et qui trouve presque déplacée toute discussion bourgeoise, de salon, à ce sujet.
La serveuse la plus jolie et la plus souriante du café est présente aujourd'hui. Quand elle me voit, elle me demande comment ça va et me distribue une flopée de tickets Wi-Fi (assez pour tenir quelques jours). J'aimerais être comme elle car elle respire la joie de vivre. Elle accueille tous les clients avec un sourire jusqu'aux oreilles. — Mais comment fait-elle ?
Addendum curieux. (Je jure que le paragraphe ci-dessus ne constituait pas une amorce.) — Je m'apprête à partir de la Maison du Peuple, vers 22 heures. J'ai déposé mon verre sur le comptoir, je reviens des toilettes... La serveuse citée plus haut arrive à ma table et me dit : « Je suis un peu déçue. T'es passé devant le bar et tu n'as pas repris de verre. Je comptais t'en offrir un. Tu veux quoi ? ». Euh... « Je veux bien une Chimay blanche, mais en 25, et je vais venir la chercher au bar... » Au bar, elle me dit : « Tu es toujours souriant et de bonne humeur [ha bon ?], alors je t'offre un verre. » Que faire ? Bah rien. Mais je vais juste éteindre mon PC et essayer d'avoir l'air normal, au cas où. (Mon dieu, mon dieu...)
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Retour de Christelle
Christelle arrive de Lyon en voiture en fin d'après-midi. Je suis content. On passe la soirée au bowling avec FBsr, Alineke, Tom, Ophely et son amie Carmela, puis on va manger à La Fleur en papier doré.
Tableau d'ensemble. — Je voulais, pour mieux comprendre le sens de tout ceci, réaliser, en ce jour d'anniversaire, un tableau d'ensemble — un "tableau synoptique" comme dirait l'autre (dont je dois taire le nom dès demain)... Un tel tableau m'aurait peut-être permis de mieux comprendre le sens de ce blog. Mais je n'ai tout compte fait ni le temps, ni l'envie de me consacrer à cette tâche aujourd'hui soir. Le résultat de la bête noire à l'élection présidentielle française, la fatigue mais aussi la morosité qui m'assaille en ce début de nuit y sont pour quelque chose, sans aucun doute...