Une heure 40 du matin. Je me force à me relever pour noter le plus scrupuleusement possible le rêve que je viens de faire. — Je suis chez ma maman avec Gaëlle. Ma mère m'explique qu'un gigantesque tsunami va frapper l'Europe d'un instant à l'autre et qu'il y a des vagues dans la grande pelouse. « D'après les journalistes, c'est normal : ce serait un des premiers effets du tsunami... Dehors, ils sont plusieurs à jouer dans les vagues, tu devrais aller les rejoindre. Il paraît que l'eau est très chaude. » Mon père, Fridric et son fils Roberto sont en effet dans la pelouse, pas loin de l'érable. Ils sont tout habillés et se font régulièrement engloutir par des vagues plus hautes qu'eux. Il n'y a pas d'eau à leurs pieds, seulement ces hautes vagues qui les frappent à intervalles réguliers. Ma tante filme la scène avec son téléphone. Je cours vers eux. Je m'amuse moi aussi à prendre les vagues en pleine face. L'eau est presque bouillante. Je me dis que tout cela n'a pas de sens, car on est à plus de cent mètres au-dessus du niveau de la mer. Par ailleurs, comment des vagues pourraient-elles venir du sud ? La Méditerranée est bien loin d'ici. Ensuite, je me retrouve seul parmi les vagues. Je me mets dos à elles. Ma maman, debout près de la serre, me crie : « Non, tu ne dois surtout pas aller à l'encontre des vagues ! » Ma tante regarde son téléphone et nous demande ce que veut dire « earthquake » en anglais. Ma mère et moi lui répondons : « Ça veut dire "tremblement de terre". » Ma tante déclare : « Comme c'est curieux. La fissure s'est rouverte à la carrière. On peut à nouveau entrer dans le gouffre de Talenborn. » Ma mère, surprise par l'information, lance un grand : « Oh, ça alors ! » (Je ne comprends pas de quoi elles parlent.) Soudain, la pelouse sous nos pieds se fissure à différents endroits. Des îlots de terre se forment rapidement, avec tout autour de profondes crevasses noires. Je hurle à ma maman : « Cours ! » Nous devons parfois faire des bonds de plus de deux mètres pour ne pas tomber dans un trou, mais nous arrivons à gagner la route. Depuis celle-ci, je vois Gaëlle et mon père qui regardent par la porte vitrée de la maison. Ils n'ont pas l'air paniqué. Je leur crie : « Sortez, sortez ! Ne restez pas à l'intérieur ! La maison risque d'être engloutie d'un instant à l'autre ! » — Et je me réveille.