Cendres

Dans le train désert et tranquille parcourant la Flandre nocturne, pleurant littéralement de bonheur à la lecture du Prologue de Zarathoustra — dès les premières pages, je comprends que ce livre me marquera comme rarement un livre m'a marqué, à tel point qu'il faudra bientôt que je m'en explique ! —, j'étais très loin de me douter que je serais confronté, quelques heures plus tard, aux larmes les plus amères qui soient.

Elle nous dit qu'elle ne sait même pas vraiment pourquoi elle pleure, mais il n'est pas très difficile, ni pour elle, ni pour nous, de remonter jusqu'au nœud du problème ; jusqu'à cette personne autour de laquelle se concentre tout ce chagrin, toute cette tristesse accumulée... Elle n'a pas envie de passer Noël avec ses parents, ni de partir en vacances avec nous durant la semaine du Nouvel An. Non. Tout ce qu'elle veut, c'est pouvoir se reposer chez lui, avec lui... — Elle a l'impression d'être abandonnée ; que personne ne prend de ses nouvelles : a-t-elle encore des amies ? « Mais oui, évidemment que oui ! », lui réponds-je.

Les solutions qui marcheraient — qui marchent — chez moi n'auraient hélas aucune chance de fonctionner chez elle. Elle aimerait bien pouvoir se perdre dans une passion, « dans un objet plutôt qu'une personne », comme je peux le faire en ce moment. Mais dans mon cas, ce n'est pas qu'une passion, c'est presque un véritable sacerdoce ! Pour réponse, jnonce quelque chose comme : « Parfois, mieux vaut s'enfermer dans sa caverne pendant un temps, méditer et revenir parmi les hommes lorsqu'on a assez réfléchi sur soi-même... » C'est tellement bateau ! Et puis, ils ne sont pas d'accord, de toute façon... Alors ne restent plus que deux solutions : soit essayer de reprendre coûte que coûte cette relation bancale, soit l'abandonner complètement. (Cette discussion, j'ai la désagréable impression de l'avoir déjà eue il y a un an !)  — Dans tout autre cas, une situation d'entre-deux a engendré, engendre et engendrera cet horrible état de tristesse condensée que j'observe chez elle par intermittence depuis tellement longtemps !

Misère ! 
Et en plus, nous avons particulièrement mal joué au bowling ce soir.
Et à nouveau, Guy n'était point de la partie ! Il se cachait certainement dans sa tour d'ivoire, caressant sa boule de nacre à l'aide de son unique gant de soie blanche, drapé, tel Hugh Hefner, dans un peignoir écarlate en compagnie de ses bunny girls ! — Ha le salaud !

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