Arbre mort

Sensualité. — « Pour le moment, je n'ai plus aucune sensualité ! », avais-je déclaré — à moins que je n'aie donné l'impression de m'en plaindre ? — à Léandra, environ une semaine avant notre départ à Suxy. C'était quelque chose d'assez important pour moi. Elle n'avait rien rétorqué et nous étions vite passés à un autre sujet. Avouer une absence de sensualité, c'est plus intime encore que de parler d'une expérience sexuelle : prosaïquement, pour le célibataire au long cours que je suis devenu, cela signifiait que je ne me masturbais plus du tout (cela faisait plus de deux semaines), ou plus exactement que je ne ressentais curieusement plus la moindre envie de me masturber. J'étais un arbre mort, l'absence de masturbation n'étant qu'un simple indicateur de quelque chose de plus général, à savoir la disparition presque totale d'un quelconque éveil vital, sensuel et intellectuel (toutes ces choses étant liées jusqu'à un certain point). — Et donc ce séjour dans le giron de la nature m'a fait le plus grand bien : il a pour ainsi dire réglé le problème ; il a permis à mon imagination de redémarrer. Mes amis ont même dû m'entendre mentionner à plusieurs reprises l'Épicière. C'est un bon signe, un très bon signe.

Anniversaire. — C'est l'anniversaire de Léandra aujourd'hui, le même jour que Mohammed Ali, Jim Carrey, Michelle Obama mais surtout... qu'Alain Badiou !

Famille.  — Les parents de Léandra nous rendent visite. J'ai dans l'idée que le père ne m'apprécie pas outre mesure, alors je fais tout pour l'écouter, aller dans son sens, ne pas le contredire. Mon comportement est curieux, mais ça m'arrive parfois. En fait, peut-être n'ai-je pas envie qu'il me confonde avec cette image de l'« intellectuel maladroit déconnecté de la réalité » dans laquelle il m'a déjà probablement partiellement relégué. — Je passe pour un original dans ma propre famille ; est-il nécessaire d'étendre cette interprétation (fausse) de ma personne dans la « cervelle » de la famille de mes amis ?

Orval ! — Orval, à nouveau Orval ! L'abbaye se dresse à nouveau devant moi ! Parfois, je pense que ma passion pour ce site monastique et son activité brassicole rejoint presque le prosélytisme déguisé, puis je me rappelle à quel point cette bière est unique : si elle venait à disparaître, il n'y aurait aucune boisson au monde qui pourrait la remplacer. Elle n'a que je sache aucun équivalent, même lointain, en matière de goût ! Et par Sucellos, des bières, j'en ai goûtées !

Golf fermier. — Le ciel est magnifique ce soir. — Jouer au golf fermier de nuit, avec les encouragements des oiseaux nocturnes, constitue une expérience intéressante : malgré nos lampes (dont une frontale), le trou est la plupart du temps invisible. Autrement dit, on swingue à l'aveuglette.

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