« Si j'étais médecin, je prescrirais des vacances à tous les patients qui considèrent que leur travail est important. » (Bertrand Russell)
Léandra, qui apparaît pour la 200e fois aujourd'hui dans ce blog, suivie de près par Emily (164 fois), me rejoint vers huit heures du soir au Bar du Matin (paradoxe). Elle est fatiguée, presque exténuée même, car elle a énormément de boulot, et aussi parce que son chef est un peu chiant contrariant : il la reprend constamment sur des détails (comme, par exemple, un insignifiant problème de logo sur la page d'accueil du site Web de son travail) et lui demande de réaliser des travaux qui ne font pas partie de ses compétences directes...
Léandra m'explique que, en dehors des affres du labeur, elle a passé un excellent week-end à Paris en compagnie de Jonas et de ses génies d'amis, docteurs en informatique et autres scientifiques très doués dont certains sont, si j'ai bien suivi, également très gentils et très humbles — le triangle parfait ? Non, car il manque l'honnêteté (running gag). Constat de Léandra : en compagnie de ces personnes, Jonas ne s'est pas comporté de la même manière que lorsqu'il se retrouve seul avec elle. Ses réponses, sur Bruxelles ou d'autres sujets, changent et mettent en avant une image beaucoup plus positive de lui. Dans quel comportement est-il "le plus lui-même" ? Mauvaise question car il peut être "lui-même" dans ces deux comportements, justement. Autrement dit : nous nous comportons très souvent différemment selon l'environnement ; nous voulons renvoyer une image différente — tracassée/confiante ; triste/joyeuse ; etc. — selon les situations et les gens que nous rencontrons. Quelle différence y a-t-il entre un entretien d'embauche, un rendez-vous galant et une réunion de vieux amis ? La réponse saute presque aux yeux : dans chaque cas de figure, je me comporte différemment. (Vraiment ?)
"De quoi ça parle ?", me demande Léandra. Je suppose qu'elle s'en fout un peu mais c'est tout de même très sympathique de sa part de me poser la question... Ça me permet de lui raconter en quelques mots l'arrière-plan de la série : une humanité presque entièrement anéantie par les machines qu'elle a engendrées (un thème classique de la S.-F., qui pose la question de la conscience, voire de "l'âme", desdites machines — Blade Runner n'est vraiment pas loin), une flotte de vaisseaux humains tentant de survivre dans un univers hostile, etc., etc. La série aborde des thèmes comme la liberté, la démocratie (la présidente en fonction est-elle légitime ?), la religion, l'illusion, les rêves, la conscience (comment distinguer un humain de sa copie lorsque celle-ci est parfaite à tout point de vue ? — Et cela a-t-il encore un sens d'effectuer cette distinction ?)... La suite au prochain épisode.
Aucun jugement de valeur dans ces dernières phrases, juste un constat... Un constat qui me fait dire que l'invention des "horaires de travail" et des "heures à prester" est, dans de nombreux cas, une imbécilité sans nom.