Cœur de lézard

A lizard in the spring. — « Well I wish I was a tiny little lizard in the spring... Well I wish I was a tiny little lizard in the spring, 'cause a lizard in the spring can do about anything his tiny heart desires. » (Il n'est pas bringuebalé entre sa volonté de liberté et le carcan social, lui !)


Les papys dragueurs. — Dans le train Bruxelles-Namur, en début d'après-midi, une grande blonde aux yeux bleus, jeune, jolie et élancée (le genre « suédoise » mais avec un accent du Brabant wallon) est installée à une banquette de distance de la mienne. Sur le siège à côté d'elle, un énorme sac à dos de voyage. Elle revient — je l'apprendrai plus tard d'un voyage d'un mois à Madagascar et rentre chez elle, du côté d'Ottignies.

Deux vieux messieurs s'installent en face d'elle. « Voulez-vous que je bouge mon sac de place ? », leur demande-t-elle gentiment. « Oh, non, non, ne bougez rien du tout, surtout ! On va s'asseoir en face de vous, comme ça on pourra vous regarder. Votre visage est parfait. Beau comme un portrait. » Elle leur fait un sourire jusqu'aux oreilles, rayonne et les remercie. « Vous allez à Saint-Jacques-de-Compostelle avec ce gros sac ? », lui demande un des deux gars, un peu plus tard (curieuse question). Non, répond-elle : elle revient de Madagascar, adore voyager, bla-bla-bla, a déjà été en Inde, « et vous, vous avez déjà été en Inde ? », etc. etc. 

À Ottignies, la jeune femme s'en va avec son gros sac, empêchant les deux papys de mater plus longtemps sa jolie silhouette. — Oh comme j'aurais adoré qu'une fois la dame partie, ils commencent à débiter des vulgarités sur son compte, comme : « Putain, qu'elle était bonne, celle-là, je me la serais bien tapée ! »... Mais non : ils débutent une discussion conventionnelle et banale, en flamand, sur GlaxoSmithKline Belgique...  

Hanter le futur. — Dans la série de science-fiction Fondation d'Isaac Asimov, le mathématicien Hari Seldon invente la « psychohistoire », une science statistique permettant de prévoir les grandes évolutions probables d'une humanité éparpillée au sein de la Galaxie. Grâce à sa nouvelle discipline, Seldon prévoit l'effondrement de l'immense Empire galactique mais, tel Cassandre, sera condamné à ne jamais être cru. Il réussit néanmoins, afin de « limiter la casse », à mettre en place deux fondations, garantes l'une du savoir technologique, l'autre du savoir psychohistorique.

Après sa mort, Seldon réapparaît ponctuellement sous la forme d'un hologramme aux membres de la Première Fondation et, grâce à la psychohistoire, décrit parfaitement à chaque fois (à une notable exception près) l'évolution de la société, ses crises et la façon dont celles-ci ont été résolues...

Je me dis qu'il faudrait un jour que je mette en place un tel système sur ce blog, au cas où... (La chose est faisable dans la mesure où je peux planifier la publication de messages assez loin dans le futur). Toutes les x années après ma mort, un article serait posté. Bien sûr, je n'y commenterais pas les (r)évolutions de l'humanité (je ne suis pas un psychohistorien), mais je reviendrais hanter le monde des vivants avec mes réflexions à deux balles. — « Aujourd'hui, lundi 11 août 2031, une de mes cendres portée par la pluie a découvert le squelette d'un iguanodon, à 370 mètres de profondeur. » J'imagine aussi qu'après mon décès, mes amis divulgueraient à la presse l'existence de ce blog devenu posthume. Je vois déjà le titre : « Il écrivait un article par jour de son vivant et, décédé, continue à donner de ses nouvelles de temps en temps. » Ce serait du plus bel effet et je deviendrais mort et célèbre, comme Stieg Larsson !

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