Un capharnaüm encore plus grandiose que les travaux de la nouvelle gare de Liège-Guillemins (un vieux souvenir vécu au jour le jour) : les travaux de la nouvelle gare de Mons. Pour atteindre la place Léopold sur laquelle débouchait directement feu l'ancienne gare, il faut actuellement faire un détour d'au moins 650 mètres (j'ai fait le calcul). La place en question ressemble plus à une reconstitution de la plaine de Waterloo après la bataille qu'à un endroit de vie : le panorama est défiguré par ce no man's land où sera édifiée prochainement la future gare Calatrava. C'est moche, oui, mais haut les cœurs ! Car comme pour la gare de Liège, le but de ce chantier mégalomane est louable : il s'agit de créer une monumentale cathédrale d'acier, paradis des courants d'air, dans laquelle les navetteurs pourront s'engouffrer en toute quiétude pour attendre leur train en retard.
« Un jour, aux archives du Royaume, j'ai dû consulter un registre d'Ancien Régime reliant plusieurs parchemins. Je ne sais pas par quels drôles d'endroits il était passé et je ne veux pas le savoir, mais qu'est-ce que ça fouettait ! Je devais constamment relever la tête pour ne pas avoir la nausée... Les autres lecteurs ont dû se demander ce qui m'arrivait.
— C'était vraiment une bonne idée, cette invention du papier !
— Pas sûr. J'ai connu quelqu'un qui s'est chopé un champignon pulmonaire à cause d'une vieille archive "papier".
— Ha, c'est un métier dangereux, archiviste, faut pas croire !
— Oui, et puis le papier peut aussi sentir très mauvais... Il suffit qu'une souris fasse pipi dessus, par exemple...
— Ça me fait penser que j'ai déjà eu en main un registre en partie rongé. Une souris, morte depuis longtemps, avait indubitablement laissé sa trace dans l'histoire. »
C'est Gilles qui clôturera cette discussion collective, entraînant un petit fou rire dans l'assemblée : « Une souris... ou bien un archiviste gourmand et affamé ? »
C'est un superbe scanner A2+ qui répond au doux nom de « CopiBook™ Cobalt » et qui possède entre autres la caractéristique d'être composé d'un porte-livre au déplacement vertical motorisé (et automatisé), afin d'éviter que le dos de la reliure ne souffre trop du processus de numérisation lorsque les pages sont tournées. « Et la question que tout le monde se pose est : combien ça coûte ? » Réponse d'un des spécialistes : « Si chaque lecteur payait dix euros pour accéder à la salle de lecture, il nous faudrait, à la grosse louche, deux mille cinq cents lecteurs pour rentrer dans nos frais. » Voilà qui nous donne une estimation !