Les grands hommes

Will Oldham. — Toujours aussi insolite et curieux, ce Bonnie "Prince" Billy... Non pas tant à cause de son style musical (du folk rock assez typé), mais plutôt de la façon dont il se met en scène ou des messages un rien surréalistes qu'il fait passer dans certains de ses clips vidéo. 
La dernière vidéo en date, "Quail and Dumplings" (Wolfroy Goes to Town, 2011), n'échappe pas à cette sensation d'étrangeté. En scène, un homme (le barbu Kennan Gudjonsson) échoué on ne sait comment sur la plage d'une île paradisiaque et recueilli par des indigènes... ou plutôt par une sorte de cliché hollywoodien totalement ridicule du bon sauvage. Ils lui permettent de se reposer dans une grande hutte, lui font reprendre ses forces, lui donnent à manger et à boire, le maquillent, lui apprennent à tirer à la sarbacane, etc.
Le soir, on retrouve l'étranger et la tribu autour d'un feu de bois. À ce moment, apparaît Nina Nastasia, qui fait semblant de chanter le chœur féminin du morceau (en réalité, c'est la voix d'Angel Olsen qu'on entend). Et dans le feu, une apparition fantomatique, malsaine et furtive : celle d'Oldham lui-même, le regard fou, tapant des mains ou dansant de manière bizarre... 
C'est surtout la fin du morceau, inattendue, qui vaut le détour : les indigènes finissent par construire une pirogue pour donner à l'étranger la possibilité de reprendre la mer. Ils lui font des adieux amicaux, presque fraternels, et le regardent s'en aller. Ensuite, quelques secondes plus tard, l'un d'eux le tue d'un coup de sarbacane, lui plantant une fléchette dans le cou. Mais ce n'est pas tout : à la toute fin du morceau, une seconde surprise glace le sang. (La première fois que j'ai vu ce drôle de truc, j'ai sursauté ! — Je pense franchement que c'était le but recherché par ce taré d'Oldham.)
Soirée chez Léandra. — Ce soir, je mange chez Léandra. Comme d'habitude, elle s'excuse d'avoir été "paresseuse" et de n'avoir prévu comme plat principal que des raviolis au pesto. (Quand elle fait un plat simple, elle s'excuse parce qu'il est simple ; quand elle fait un plat plus élaboré, elle s'excuse d'avance car "elle ne sait pas si ça va être bon".) En guise d'entrée, nous mangeons des petits saucissons et des toasts à la ricotta et au gorgonzola.

Après le repas, nous parlons de FBsr, tiens. Ce dernier à eu l'idée de changer de boulot et, à en croire Fred Jr, il travaillerait désormais là où travaillait Léandra auparavant, dans un service de la Communauté française de Belgique Fédération Wallonie-Bruxelles. La discussion tourne autour d'un monde que je ne vois plus comme j'aimerais le voir : FBsr, Tom... et Judith aussi. Léandra m'apprend qu'à l'époque (terme très vague s'il en est), FBsr et Tom étaient repris par elle et Judith dans la catégorie "Les grands hommes". — Puis elle se reprend : "D'ailleurs, toi aussi, tu étais dedans, Hamilton..." Même après son explication, j'ai du mal à comprendre ce que le terme recouvre exactement (à part que ce n'est pas un critère de démarcation physique, évidemment, sauf pour Tom).

Léandra me dit : "Toi, tu t'intéresses par toi-même à plein de trucs, comme la philosophie en ce moment, simplement pour le plaisir [un intello, quoi]. Moi, ça ne m'intéresse pas plus que ça." Elle m'explique qu'elle se sent plus proche, en termes de façon d'être, de Fred Jr : "Nous avons fait toute notre scolarité ensemble, nous avons vécu avec le même arrière-plan social, nos mères sont toutes les deux infirmières...", etc. Ce qu'elle adore chez Fred : le fait qu'il s'intéresse aux autres, qu'il s'inquiète pour eux, avec beaucoup de sincérité. C'est quelque chose que Léandra aime bien (et qu'elle ne retrouve sans doute pas énormément chez moi).

La soirée se termine assez tôt. Elle et moi sommes fatigués de notre semaine. Léandra va passer la soirée chez Jonas (le "pauvre chou" qui a mal) et nous partons donc ensemble récupérer le tram à la gare du Midi, vers 22 heures. Là, nos chemins se séparent : elle s'en va vers le Centre-ville tandis que je repars vers mes hauteurs forestoises.

Laisser un commentaire