La journée de la vulgarité

Au boulot. Ce lundi est une journée de réunions : réunion d'équipe, réunion sur l'avancement du dépouillement en vue d'une publication que nous éditerons en fin d'année. Entre les deux : réunion sur la toute nouvelle organisation de la bibliothèque qui se trouve derrière mon bureau et celui de ma collègue Wynka.
* * *
Maison du Peuple de Saint-Gilles. Plein de monde. Je m'installe à l'une des seules tables encore inoccupée du café, en face du bar. Je profite de la solitude pour terminer l'écriture de ma journée d'hier.
Léandra me téléphone :
« Hamilton, ça va ?
— Ouais, ça va...
— Tu fais quoi de beau ?
— Je suis à la Maison du Peuple... J'écris.
— Et c'est calme ?
— Hé bien là, en fait, non, pas vraiment... Il y a beaucoup de bruit et plein de gens qui parlent anglais autour de moi...
— Zut... Il faut que je travaille et je n'ai pas Internet chez moi...
— Pour le moment, c'est assez bruyant, mais ça va sans doute devenir plus calme dans une heure... Je ne bouge pas de toute façon...
Bon, j'arrive dans une demi-heure... »

Lorsque Léandra arrive, les eurocrates sont partis mais l'ambiance est toujours assez bruyante. Léandra a du mal à se concentrer quand il y a trop de bruit. Moi, c'est l'inverse : quand il y a du bruit, j'arrive à me focaliser sur quelque chose, voire même à me détendre... Souvenir d'enfance (mais pourquoi est-ce que je pense à cela maintenant ? peut-être parce que je n'ai rien de particulier à raconter ?) : un incendie se déclare dans la grange située derrière la maison de mes parents. Les pompiers arrivent, toutes sirènes hurlantes. La fenêtre de ma chambre donne sur l'allée de graviers qui mène à la ferme en feu, à quelques centaines de mètres de l'habitation... Je n'ai jamais aussi bien dormi de ma vie (façon de parler). Je me sentais en sécurité ; je m'imaginais comme dans un vaisseau spatial, protégé des éléments du dehors... Le tumulte extérieur et moi dans ma "chambre-cocon" : tout cela était terriblement apaisant.

* * *
« Ce jeudi, c'est la journée du compliment !
— Ha ?
Oui.
Ce serait bien de faire l'inverse... Le jour de... euh...
— ... de l'insulte ?
Oui, de l'insulte !
— Ou bien, comme les graphistes du Forem, un jour par semaine, la "journée de la vulgarité"... »

J'imagine la journée de jeudi à mon travail... Une collègue vient dans mon bureau et me dit : "Aujourd'hui, c'est la journée du compliment !" et au lieu de la complimenter, je lancerais : "Putain de bordel de merde de bordel de cul, fait chier, putain !" (Ça me rappelle quelqu'un mais qui ?)

* * *

« Il est presque minuit... Je vais prendre mon tram.
— OK ! Moi, je vais rester jusqu'au moment où ils me mettront dehors...
— Tu n'as pas fini ce que tu devais faire ?

— Non. Et si ça ne tenait qu'à moi, je continuerais jusqu'à cinq heures du matin...
— Et tu as besoin d'Internet ?
— Ben je fais des captures d'écran à longueur de temps alors...
— OK... Bon, hé bien salut !  »
Une bizarrerie : laisser Léandra seule sur son PC à la Maison du Peuple à 23h49. J'ai l'impression de partir tôt.

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