Et après ?

Phase ultime de la mise en page. Je suis en contact téléphonique journalier avec notre personne-ressource chez l'imprimeur : un gars compétent, entre le commercial et le technicien ; un rien paternaliste aussi, du genre : « T'inquiète, fils, on va le sortir coûte que coûte, ton livre ! »

« Mais au fait, me demande-t-il, quelle est ta formation d'origine ? Graphiste ou metteur au net ?
— Eh bien, ni l'un ni l'autre ! Je suis historien de formation...
— D'accord. »

Je crois qu'il a l'habitude ; qu'il comprend que, dans une petite association comme la nôtre, chaque travailleur est forcément amené à réaliser une série de tâches en dehors de ses compétences initiales. Cependant, je ressens aussi chez lui une certaine peur : « Damn it! », doit-il soudain se dire, « encore un amateur qui va me rendre un format final tout pourri ! »

De mon côté, j'ai toujours, après quelques années de pratique, cette crainte vivace d'être un imposteur : je connais presque chaque recoin de QuarkXPress (auquel je suis resté fidèle malgré l'avènement d'InDesign) tout comme je me documente, autant que faire se peut, sur ce qui se fait et ne se fait pas en matière de typographie et de mise en page... Il n'empêche : je ne suis pas passé par la case « formation » et je ne parle pas exactement la même langue que tous ces gens du monde de l'édition.

Constamment, je me pose la question : au-delà de l'école primaire, est-il nécessaire de passer par un apprentissage de type scolaire ? Ce que je sais, et surtout de ce que je sais faire, je le tiens principalement de l'autodidaxie ; de l'observation, des lectures et de la pratique. — Autrement dit : il m'est plus facile de découvrir le bon exemple dans le monde réel ; de trouver mon maître dans un livre ; de m'améliorer par l'essai. — Au diable, les enseignants !

De fait, au plus j'ai avancé dans ma scolarité, au moins j'ai appris. Mes années d'étude supérieure ne m'ont pas enseigné grand-chose, si ce n'est des bouts de méthodologie positiviste (en histoire) et l'art de fabriquer des schémas compliqués qui ne servent à rien (en sciences de l'information). — Ces études ont apposé sur mon front le sceau de l'acceptation sociale. — Et après ? J'aurais été bien plus heureux si j'avais entretenu un jardin !

Laisser un commentaire