Murphy

« Pfff... » — Pour le moment, la fatigue est trop présente, l'accouchement difficile, le style boursoufflé et le retard conséquent. L'important travail qui m'attend au cours des jours à venir m'oblige à ralentir la cadence : les prochains articles risquent donc d'être plus courts que d'habitude. — Puissent mes 3 lecteurs et mes 7 lectrices et demie me pardonner cet écart de conduite !

Gothique. — Début de matinée, dans un bus bondé traversant la banlieue liégeoise. La jeune étudiante debout devant moi, au centre du véhicule, est du genre « gothique » (je suppose qu'on est gothique ou qu'on ne l'est pas ; qu'il n'existe pas de personne un peu gothique) : peau d'albâtre, dentelles roses et noires raffinées, corset faisant ressortir exagérément sa poitrine, regard triste et mélancolique, etc. Toutes les minutes environ, elle tente à l'aide d'un mouvement sec de la tête de ramener vers l'arrière une mèche de cheveux inexistante. Lorsqu'une place se libère, elle s'assied et sort de son sac un volume de Naruto, du moins me semble-t-il... Hasard amusant : alors qu'un autre bus nous croise, j'ai l'occasion d'apercevoir furtivement dans ce dernier une autre gothique (!) qui, à la seconde même où je pose mes yeux sur elle, fait exactement le même mouvement de la tête (!!).

Murphy a encore frappé. — Chaque seconde est comptée cette semaine, tant le temps est court pour finaliser ce livre de 160 352 pages avant son dépôt chez l'imprimeur. Donc, évidemment, rien ne va : le logiciel de mise en page se plante lamentablement ; le chauffage tombe en panne ; les chaufferettes que nous avons installées en remplacement font griller les fusibles ; et, enfin, lors du retour de courant, le serveur central n'est plus accessible. Ce qui, d'habitude, ferait simplement sourire, porte sur les nerfs de la petite équipe.

Monde. — Mary s'est abonnée au Monde ! Je parle bien sûr ici du journal, car au Monde sans ses caractères italiques, nous autres qui avons l'insigne honneur d'être vivants sommes déjà tous abonnés, bon gré mal gré. Mary suit une démarche presque en tout point inverse à la mienne : elle veut se tenir au courant des petits détails de l'agitation humaine, alors que je désire m'en défaire le plus possible. Lire trop de presse, n'est-ce pas enchaîner sa pensée aux faits divers insipides qui font l'opinion du moment ? — « (...) quelle importance peut-on accorder à la presse telle qu'elle existe aujourd'hui, avec sa quotidienne dépense de poumons pour hurler, assourdir, exciter et effrayer ? — la presse est-elle autre chose qu'un bruit aveugle et permanent qui détourne les oreilles et les sens vers une fausse direction ? » (Nietzsche, Opinions et Sentences mêlées, 321.) 

Novembre. se cache-t-il, se demande-t-elle peut-être chaque jour, ce changement tant promis ? Se pourrait-il que je me sois trompé ?

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