Chez mes parents, c'est le branle-bas de combat (aucun rapport avec la pornographie) : mon père refait entièrement la salle de bain. Ne reste plus dans la pièce que des tuyaux, une baignoire ainsi que des vieilles briques et des vieilles planches de bois posées il y a plus d'un siècle. Les briques humides et difformes de la salle de bain rappellent l'histoire de la maison ; le passé suintent des murs... La maison familiale, c'est une vieille ferme du XIXe siècle achetée par mon arrière-grand-père et transformée en logements. Depuis mon enfance, mes parents habitent l'étage du dessus, ma bobonne l'étage du dessous et ma tantine la maison mitoyenne d'à côté. Mon cousin, la quarantaine, habitant à 500 mètres de là, a décidé il y a peu de revendre sa maison et de construire une annexe à la maison familiale, pour y vivre à nouveau. C'est symptomatique de ma famille : tous ceux qui ont vécu là-bas ont de bons souvenirs de la maison, de la propriété, des jardins fleuris, du saule pleureur, des bouleaux, de l'érable... Ce sont les souvenirs de la vie familiale en compagnie de trois générations qui reviennent à chaque fois en mémoire... Haaa, ces parties de belotes avec ma mère, mon oncle italien (la clope au bec) et feu mon Nono, sur la cour, durant les chaudes soirées d'été, avec l'espresso ou la sambuca ! Moi-même, aujourd'hui sur les lieux de mon enfance et de mon adolescence, je refais le plein d'énergie et je parle à nouveau normalement, sans prise de tête, sans me poser trop de question. Cette maison, c'est une thérapie à elle toute seule.
Maïté amène Gaëlle à 16 heures pile. Elle est venue seule avec ma fille (enfin, "notre" fille) et prend une eau pétillante mélangée à de la grenadine. Gaëlle est en forme, elle court directement vers ses jouets de jardin abandonnés il y a quinze jours dans son bac à sable. Elle nous prépare également un spectacle avec des éventails (qu'elle ne peut s'empêcher de prononcer "épouvantails"). Malgré des erreurs de mots, son vocabulaire s'enrichit (elle pourra bientôt prononcer "triacontakaihenagone" sans flancher). Lorsque je repars pour Bruxelles, Gaëlle, captivée par Bob l'éponge, me lance à peine un "au revoir". C'est bien ma fille : j'étais comme elle à l'époque. La chose ne me dérange pas le moins du monde ; elle me fait même rire intérieurement.
De retour à Bruxelles, errant dans la Gare du Midi, quelqu'un me touche le dos, je sursaute et me retourne : c'est mon ami Fred Jr ! M'enfin, qu'est-ce qu'il fout là ? En fait, il revient seul de la mer et a raté sa correspondance. Conséquence : on a le temps de prendre un café/thé et de discuter un peu. On parle notamment d'une des dernières BD de Lewis Trondheim, Ralph Azham, parue chez Dupuis. Je ne l'aime pas trop, cette BD : ça ressemble à une redite de Donjon, en moins bien.
Je termine la soirée au Parvis de Saint-Gilles en compagnie d'Emily, Andrew et Walter qui sont déjà en terrasse quand j'arrive. Léandra est absente. Emily et Andrew racontent qu'ils ont passé la soirée d'hier avec le Dr Nanash et la Dr Phasia. Apparemment, les deux médecins étaient en désaccord sur une question cruciale : "Peut-on attraper le SIDA via la salive ?". Nanash, théorique, disait que c'est possible. Phasia, plus sur le "terrain", disait que ça n'arrive jamais. J'imagine très bien Nanash défendre bec et ongles son point de vue.
Les serveurs de la Maison du Peuple, qui s'emmerdent au bar, font des blagues assez trash. Du genre : "Quel est le point commun entre des choux de Bruxelles et un fist-fucking ? Réponse : les enfants n'aiment pas". Oui, oui, ça vole très haut ce soir (et ce n'est pas la pire). À la table, plusieurs discussions sont lancées. Walter veut amorcer un débat sur les injustices durant le cursus académique (en résumé : avec simplement de l'argent, des parents peuvent envoyer leur fiston dans une école élitiste, ce qui aura forcément une répercussion sur leur emploi futur).