Archives mensuelles : novembre 2012
Petit lapin
Et alors quoi ?
Solitude heureuse. — Tout (ou presque) dans cette
Dans le divan. — Lorsque Mary revient de ses cours, je suis couché confortablement dans le petit divan rouge (pourtant inconfortable) qui décore notre « salon ». J'ai passé ma soirée devant mais-tu-vas-nous-en-parler-jusqu'à-la-fin-des-temps-c'est-pas-possible-zut la nouvelle traduction d'Ainsi parlait Zarathoustra (par Hans Hildenbrand) et les deux premiers tomes de commentaires (par Pierre Héber-Suffrin). Je passe du poème aux commentaires et je trouve ces derniers très éclairants : voilà quelqu'un qui n'apporte pas une thèse mais qui tente d'expliquer, voire de simplement paraphraser, cette œuvre en apparence chaotique... — C'est une soirée curieuse : je reste dans mon divan avec Zarathoustra ; je suis très fatigué mais je refuse d'aller dans ma chambre ; Mary me parle de temps à autre, je lui réponds de temps à autre ; lecture et réalité se mélangent...
L'homme qui suivait les rails
« C'est une pulsion »
Miaou miaou !
Ce comédien croit-il en sa comédie ?
Métaphores maritimes à deux francs cinquante
Points de suspension
« Mais l'heure les presse : aussi te pressent-ils à leur tour. De toi aussi ils veulent entendre un "oui" ou un "non". Malheur à toi, tu veux placer ta chaise entre pour et contre ? (...) À cause de ces impatients retourne dans ton abri : ce n'est que sur la place publique qu'on est assailli par "oui ?" ou "non ?". » (Z.)
« Mon gars, faut que t'arrêtes le café ! »
Aux aurores. — Train Bruxelles-Liège. Je vois Yama qui s'assied à un mètre de moi sans me voir... Évidemment, je comprends très bien : le matin, combien de fois suis-je passé devant telle ou telle personne sans me rendre compte qu'elle occupait le même espace ? — voire qu'un monde existait au-delà de moi ? (« C'est le matin ! Laissez-moi en paix avec mes pensées et le soleil qui se lève ! »)
Papier buvard. — Je suis très influencé par ce que je lis : si j'avais constamment devant les yeux des albums de Winnie l'Ourson, je finirais par parler comme un ours débile et affamé.
BAT. — Le monsieur de l'imprimerie nous apporte l'épreuve contractuelle des neuf premiers cahiers. Il nous dit : « Dès que j'ai votre accord, je peux mettre tout ça sous presse ! » Mon chef lui répond : « Nous aurions encore quelques très petites corrections orthographiques à apporter à l'une ou l'autre page... » Et moi : « Un détail m'ennuie... Regardez, ici : il y a une césure en fin de page... Pour la récupérer, je devrais vous renvoyer les pages 73, 74 et peut-être même 75... » Il me regarde avec son air de chien battu puis déclare, péremptoire : « Mon gars, faut que t'arrêtes le café ! » (C'est un graphiste ; autrement dit un fin observateur.)
Le fantôme du perfectionnisme. — L'après-midi, travaillant avec Charlotte sur les dernières pages de l'ouvrage à paraître bientôt, je constate (à voix haute) que nous n'arrêtons pas de nous critiquer « en circuit fermé », d'une manière très étrange : chacun critique le perfectionnisme de l'autre. Elle me répond du tac au tac (comme si elle y avait déjà beaucoup réfléchi) que le fantôme du perfectionnisme nous hante et passe de collègue en collègue. — Ce drôle de spectre n'abandonne jamais, car au moindre signe de faiblesse de l'un d'entre nous, il s'en va posséder l'esprit voisin qui à son tour clame avec une vigueur nouvelle : « Il faut absolument remplacer cette virgule par un point ! »
Casser les murs. — Mary m'explique qu'il lui arrive très souvent de refuser par principe toute forme de concours extérieur. Exemple : alors qu'à son bureau elle change une ampoule, une collègue lui propose son aide ; « Non, ça ira ! », répond-elle sans même réfléchir. — Mary réagit souvent de cette manière, m'affirme-t-elle, parce qu'elle a créé au fil des ans un mur autour de sa personne. Mais elle se remet en question : « Je devrais accepter ce genre d'aide, même si je n'en ai pas réellement besoin ! Je devrais donner à l'autre une place, une possibilité d'exister... » C'est là que je ne suis plus d'accord avec elle : « On n'est jamais si bien servi que par soi-même » devrait rester la règle, surtout lorsqu'il s'agit de rétablir un peu de lumière.
Encore une réflexion sur l'amour. — Elle me dit : « Le véritable amour, c'est quand on accepte l'autre malgré ses pires défauts. » Je lui réponds : « Non. Le véritable amour, c'est quand on ne les voit même pas ! »