[Intermède] Univers clos

J'imagine le tronc d'arbre en amont, et non plus en aval, de la rivière — ou bien du flume, pour reprendre une référence plus en phase avec l'univers de Lucky Luke... (En fait, je me rends compte maintenant que la métaphore, dans la mesure où elle est censée représenter une sorte de "fleuve du temps", devrait carrément être inversée : les troncs en amont devraient représenter le passé et ceux en aval, le futur... Cependant, si je procède de cette manière, le sens de mon précédent article se perd. — C'est parce que je considérais alors les troncs d'arbre en amont comme étant non pas des événements passés mais au contraire des événements dont je n'avais pas encore eu connaissance...)

Mais peu importe, nom de Dieu !
Un jour, elle (ou une autre) viendra finalement s'asseoir à ta table et finira par te poser la question, évidente : « Pourquoi restes-tu donc seul devant ton ordinateur, l'air tracassé et soucieux, en te rongeant les ongles et en te prenant la tête dans tes petites mains ? »  — Et tu lui répondras que tu écris un blog journalier, que ça prend une assez grande partie de ton temps libre, et aussi que ça te crée quelques ennuis... Tu lui diras qu'elle est dedans... mais ça ne l'impressionnera pas.

(« Pourquoi ne vis-tu pas ta vie ? »)

(Combien de personnes se trouvent répertoriées dans ce blog sans qu'elles le sachent ?)
À force d'écrire tout ce qui se passe dans ta vie, tu ne vis rien.
À force d'imaginer des situations qui pourraient se passer, il ne se passe rien.
À la moindre tension ou au moindre étalage d'un quelconque intérêt pour ta personne, pour ce que tu es en propre, tu te replies sur toi-même, dans tes livres, dans ton univers clos.

— Bordel !

Vous ne vous en sortirez jamais, toi et ton univers à la con ! 
Vous allez créer le vide autour de vous, encore, encore et encore !
Vous allez finir seuls ! — 
Hamilton !
Paradoxe. Tout ce que j'écris, chaque mot, chaque ligne, chaque paragraphe, ne m'aide en rien : pour tout dire, cela ne fait que m'enfoncer... Mais je m'enfoncerais encore plus si je n'écrivais pas. Quoi que je fasse, je suis foutu, sans vraiment l'être. 

(Voilà l'effet qu'engendre, à minuit passé, une minuscule preuve d'attention. — Et quand je dis à mes collègues que je suis romantique à un stade avancé de non-retour, elles me rient au nez.)

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