Marché de Noël

Elle était tout de même un peu déçue, Sylvette. Quatre collègues lui avaient annoncé qu'ils viendraient au marché de Noël de Liège ce soir après le travail, mais tous ont avancé un prétexte et ont annulé au dernier moment : rendez-vous chez le médecin, suractivité, garde d'enfants, attaque de zombies. Et donc, tout compte fait, nous ne sommes que... Sylvette et moi. « Oh, ce n'est pas grave, on le fera à deux, ce marché de Noël ! »

« Je ne sais pas comment tu fais pour tenir le coup, avec ces longues journées, ces navettes de train et ces quelques heures de sommeil par nuit.
— J'ai toujours eu beaucoup d'énergie. »
Un avis plus réaliste, mais non exprimé : je suis en dangereux équilibre sur un fil et j'épuise ma vie beaucoup plus vite que les grands dormeurs, à la manière d'une chandelle qui se met par moment à prendre feu plutôt que de gentiment griller sa petite mèche.

Vin chaud du Trappeur, mojito, puis elle arrête de boire puisqu'elle doit reprendre la voiture. Pour ma part, je continue avec modération. Une copine reste avec nous une demi-heure environ avant de se rendre à une soirée. Les parents de Sylvette, sa tante et son parrain nous rejoignent un peu plus tard. Ils m'offrent un verre de Chimay triple (dite « Cinq Cents » quand elle se trouve dans une bouteille de 75 centilitres). — Lewis dirait : « Oui, oui... C'est extrêmement intéressant, mon p'tit Hamilton, ce que tu nous racontes là. » Est-il seulement encore en vie ? Je n'ai plus de nouvelles de lui, je l'ai laissé tomber comme une vieille chaussette, sans lui donner la moindre explication. (Merci beaucoup, mesdemoiselles les associations d'idées.)

« Moi, je sais pourquoi je suis célibataire : c'est quelque chose de structurel ; le fait que, malgré certaines apparences, j'ai un gros problème pour tisser des liens amoureux. Mais toi ?
— Eh bien, disons que je suis souvent... la bonne amie. On pense surtout à moi comme à une amie, et non comme... à quelque chose d'autre. »
Tout compte fait, le problème n'est peut-être pas si différent.

Je pourrais happer le train de 21 heures, mais je n'aurais pas le temps de me procurer de la bière pour le trajet (qui a bu... a envie de continuer). Alors je vais quand même m'acheter de la bière au supermarché de la gare et j'attends le train de 22 heures à la brasserie des Guillemins. Oui, ils savent qui je suis, et ils savent qu'ils peuvent d'ores et déjà sortir un Orval. (Encore une référence à Lewis, bigre !)

Laisser un commentaire