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« Creeping up into the sky,
stopping at the top and
starting down...
 »

« Georges est un peu comme toi », m'explique Léandra : pour lui aussi, tomber amoureux est une vraie pénitence, un lourd fardeau à porter, du moins tant que la personne élue n'est pas mise au courant. Mais Georges arrive à en parler, à mettre les choses à plat. Oui, il faut mettre les choses à plat quand on est confronté à ce type de sentiments envahissants. Si vous ne le faites pas rapidement, vous ne le ferez jamais, et l'amour de votre vie se transformera en une bonne amie avec laquelle vous n'arriverez même plus à être sincère. (Et je sais de quoi je parle !) — J'ai pour ma part résolu la situation en ne tombant plus amoureux ; en ne me donnant plus l'occasion d'être dans cet état d'esprit ; en devenant très méfiant. C'est totalement idiot, mais je ne souffre plus ; je n'ai ni haut, ni bas.

Le diagramme de Venn me poursuit depuis que je suis adolescent. Quand ai-je vu cette saloperie de diagramme pour la première fois ? En début d'école secondaire, je suppose... Je regardais tristement tous ces cercles A, B, C, etc. qui avaient l'outrecuidance de souvent se croiser : il y avait l'intersection entre A et B, entre B et C, entre A, B et C... Quant à moi, je n'arrivais pas à voir dans ma vie la moindre intersection. Pire : je n'étais même pas un cercle A, B ou C ; j'étais complètement extérieur à tous ces cercles ; j'étais quelque part dans le vide qui les contenait ! — C'est encore aujourd'hui ma bénédiction comme ma malédiction : en tant que non-cercle, il ne viendrait à l'esprit de personne de me considérer comme candidat recevable pour une intersection. On en parle, oui, parfois, mais c'est devenu quelque chose de très théorique ; quelque chose de seulement... mathématiquement concevable !

Léandra partie, je me retrouve seul avec mon ordinateur et mon vin blanc. À ma droite, ce monsieur compliqué :
« Je ne prends plus l'avion aujourd'hui. J'ai très peur des hauts et des bas. Par exemple, si je vais dans un parc d'attractions, j'ai horreur des roller coasters. Les tout petits, ça va encore, mais dès que c'est un vrai, un grand, j'ai la frousse ! J'ai déjà vu un gamin de dix ans monter sans broncher dans une de ces machines, mais pour moi, impossible ! Désormais, je visite pas mal de pays d'Europe, mais je fais les voyages en voiture... Barcelone, la France... Mais bon, c'est con, parce qu'avant j'allais aux States ou aux Philippines sans problème... Mais ça va changer, ça va changer !
— Moi, c'est l'inverse », lui répond la femme en face de lui. « Quand je suis dans un avion, je considère que je ne maîtrise plus rien. Je lâche prise : je laisse mon destin entre les mains du pilote, je le considère comme un ingénieur qui maîtrise ma vie. »

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