« Puis-je voir l'arme du crime ? »

Le retour de la nymphe. — Train du matin. Une voiture ferroviaire remplie d'humains se dirigeant vers Liège. Des os, du sang et des boyaux : un chaos grouillant, dont elle ne fait assurément pas partie, oh que non ! Elle, c'est une nymphe gracieuse qui lit tranquillement un livre et qui relève la tête de temps en temps pour regarder par la fenêtre d'un air triste, boudeur et tracassé. — Je ne l'ai jamais vue sourire une seule fois : elle est parfaite ! 

Les Sardaukars du rail. — Il existe deux types de contrôleurs sur le réseau ferroviaire belge : le groupe des contrôleurs traditionnels et les « troupes d'élite ». Le premier, celui dont font partie le jeune Flamand malingre et le moustachu bedonnant croisés ça et là, est plutôt bienveillant. Le second a un nom : « Ticket Control Team ». Il s'agit d'une brigade spéciale de contrôle des billets qui est beaucoup moins accommodante que la brigade ordinaire. — Aujourd'hui soir, ils sont quatre à parcourir les voitures et à éplucher chaque titre de transport. À un jeune homme exprimant son étonnement du fait qu'auparavant on ne lui avait jamais demandé de présenter sa carte d'étudiant, un de ces « ticket controllers » a répondu : « Si votre contrôleur habituel ne vérifie pas cela, c'est qu'il fait très mal son métier ! » Le même arrive à mon niveau et je lui montre mon « Rail Pass » dûment complété. Il le scrute pendant trente secondes sans ciller, puis : « Puis-je voir le feutre qui a servi à remplir ce "Rail Pass", Monsieur ? » (« Puis-je voir l'arme du crime ? », ai-je l'impression d'entendre.) Il examine alors mon stylo sous toutes les coutures pendant trente autres longues secondes, de nouveau sans ciller, puis effectue des tests de frottement sur mon « Rail Pass ». Il me rend enfin le tout, non sans ajouter : « Regardez Monsieur : je suis presque arrivé à effacer la gare de départ en frottant avec mon doigt. La prochaine fois, utilisez un stylo qui ne s'efface pas ! » Sir, yes Sir!

Dogs Playing Banjo. — Non contente de m'envoyer chaque mois un lien en vue de sa « Toile du quatorze », Doëlle m'a récemment fait découvrir cette vidéo de... euh... chiens... jouant « Feudin' Banjo », ce relativement vieux morceau de bluegrass qui sert de thème principal au film Deliverance dont je parlais tout récemment. On aura compris que ce ne sont pas vraiment les chiens qui jouent, mais simplement deux personnes cachées derrière les fauteuils. Détail : cette vidéo à l'allure anthropomorphique me fait penser à la célèbre série des Dogs Playing Poker de C.M. Coolidge.

Éducation. — Le soir, j'essaie d'éduquer un tant soit peu ma fille à l'humour en lui montrant quelques scènes parmi les plus hilarantes jamais tournées au cinéma ou à la télévision. Je commence par quelques extraits du film The Blues Brothers (1980) : celui où le groupe de blues se met à chanter « Rawhide » dans un bar sudiste ; celui où les deux frères foncent sur des nazis manifestant sur un pont (ci-dessous) et enfin celui, fameux, où ils se font poursuivre par tellement de voitures de police que tout comptage s'avère définitivement impossible. Je lui montre ensuite quelques sketchs parmi les plus expressifs du Monty Python's Flying Circus. Même sans comprendre l'anglais, Gaëlle rit aux éclats plusieurs fois : c'est prometteur !

« Illinois Nazis...
— I hate Illinois Nazis. »

« I'm sorry to have kept you waiting, but I'm afraid
my walk has become rather sillier recently, and
so it takes me rather longer to get to work. »

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