La citation du jour« Can you imagine a world without lawyers? »
Lionel Hutz, avocat
À peine de retour à la Maison du Peuple, nous tombons par hasard sur Mary et Jacques-Armel, un badiste du club d'Ixelles, qui explique qu'il travaille actuellement comme avocat. Paraîtrait que les études de droit sont très rébarbatives (ha bon ?), alors il a aussi essayé la philosophie mais n'a pas terminé — si j'ai bien compris (il y avait beaucoup de bruit dans le café pendant qu'il parlait et j'ai beaucoup de mal avec le bruit)... Constat : le nombre de personnes que je croise qui ont étudié le droit et qui disent avoir détesté ces études est tout de même assez élevé. Pourtant, si le monde a besoin de quelque chose, c'est bien de plus d'avocats. Peut-on imaginer un monde sans avocat ?
D'autres bribes de discussion : Mary parle de son ex-relation sentimentale, comme souvent (malgré ce qu'elle dit ou croit) et Emily des limites de la confiance, même en amitié. La conclusion de cette histoire de confiance n'est hélas pas des plus joyeuses... Ne pas désespérer de l'espèce humaine, non, non...
Sur le plan musical, Mary nous parle de l'Allemand Pantha du Prince et de l'Américain Nicolas Jaar, deux compositeurs de musique électronique que je connaissais déjà — de l'intérêt d'avoir parmi ses amis Facebook des défricheurs de nouvelles sonorités — ainsi que de Get Well Soon, un groupe allemand aux tendances "folk orchestrales". De son côté, Emily dit avoir déprimé hier sur une vieille chanson des Cowboys fringants qu'elle ne connaissait pas intitulée "Ruelle Laurier". Ça parle d'un père alcoolique et violent. C'est beau et, en effet, c'est très déprimant.
Pantha du Prince, variation "house" sur "Lento" de Howard Skempton :
Nicolas Jaar s'essaie à la philosophie et à l'esthétique :
Get Well Soon prend la mer :
Les Cowboys fringants, c'est po joyeux :
Extrait d'une discussion virtuelle (très légèrement retravaillée pour les besoins de la narration) avec Claire, sur Facebook :
« Ton avis sur cette phrase : "Si le plaisir s'appuie sur l'illusion, le bonheur repose sur la vérité" ?
— Euh... Je ne sais pas, ça ressemble à une phrase vide de sens. On pourrait dire plein de choses dans le même genre, ainsi que le contraire, sans que ça ne choque. Pourquoi le plaisir s'appuierait-il (ou pas) sur l'illusion ?
— bah, je parlais de bonheur avec une copine et de faire des choix en suivant ce chemin...
— Je suis en train de lire un bouquin à ce sujet, justement, qui traite notamment du fait qu'il faut faire extrêmement gaffe en utilisant des propositions de ce style-là. »
Hé oui : un jour entier sans citer Wittgenstein et ses Recherches philosophiques dans ce blog, c'était un jour de trop. Il fallait que, tard le soir, Ludwig ramène sa fraise. Pourtant, je ne suis pas certain qu'il ait un quelconque rapport avec cette histoire, ni même qu'il ait dit qu'il fallait "faire extrêmement gaffe" pour quelque chose de ce genre, ni pour quoi que ce soit d'autre d'ailleurs. On va donc laisser tomber le philosophe autrichien pour aujourd'hui.
En cherchant un peu, j'apprends que la citation sur le plaisir et l'illusion est d'Arsène Houssay, poète et écrivain romantique (1814-1896), également l'auteur de "Qui est heureux par l'illusion n'a sa fortune qu'en agiotage."
"Si le plaisir s'appuie sur l'illusion, le bonheur repose sur la vérité" : j'ai beau tourner la phrase dans tous les sens, je me dis que ça manque de contexte : contexte de l'œuvre mais aussi contexte dans lequel Claire a discuté de cet extrait. Toujours est-il que pour moi, ça ne veut strictement rien dire.
Ce que Claire comprend dans cette phrase est plus ou moins ceci : "Un sentiment vrai (être aimé) nous donne du bonheur tandis que l'illusion d'un sentiment peut souvent ne proposer que du plaisir ou de la passion". Oui, mais comment faire la séparation entre "la vérité" et "l'illusion" ? Et puis, c'est bien gentil, Arsène, de placer quatre mots fourre-tout dans une phrase ("plaisir", "illusion", "bonheur", "vérité") mais ça ne nous fait pas vraiment avancer (mais le faut-il ?)... Ce sont des termes faussement érigés en absolu, en idéaux : "la vérité", "le bonheur", etc. Un peu comme "la démocratie" ou "la liberté", tous des mots transcendants, sublimés, mais souvent utilisés hors contexte, sans trop de signification.