Étranglement

Ce matin, j'émerge d'un cauchemar assez traumatisant : dans la salle à manger chez mes parents, je suis assis sur une chaise et Gaëlle, ma fille, s'amuse à mettre une corde autour de mon cou. La corde prend à quelque chose que je ne vois pas et commence à me tirer vers l'arrière, mais ma chaise reste droite. Je n'arrive plus du tout à respirer et je crie à Gaëlle, paniqué : "Coupe la corde, enlève ce truc qui la retient, je suis en train d'étouffer !" Mais Gaëlle ne comprend pas et ne fait rien. La pression de la corde finit par diminuer, je me libère, et je cours dans la salle de bain dire à mes parents : "Gaëlle a failli m'étrangler, sans le faire exprès !". Je me réveille à ce moment-là. Je pense que j'ai dû faire une apnée du sommeil. En tout cas, je suis fatigué et en sueur quand je me réveille, et j'ai vraiment une sensation d'étranglement.

La journée, je passe mon temps à faire diverses courses à différents endroits pour le souper que j'organise ce soir. J'apprends que Mary et un de ses potes viennent tout compte fait. On sera sept. C'est beaucoup. Je rachète donc des couverts, des verres et des assiettes et plus de vin pour ne pas être pris au dépourvu (je déteste ça), et je décide de ne faire qu'un gros plat de pâtes, sans entrée. Andrew s'occupe des zakouskis, Emily du dessert. J'espère qu'on aura assez à manger. J'apprends aussi, avant de me mettre à cuisiner, que Tom et Ophely sont désormais parents d'une petite fille.

Peu avant l'arrivée de mes invités, mes propriétaires passent à l'improviste (je les ai informés avant-hier d'un petit dégât dans une des pièces de l'appartement, dégât apparemment lié aux fortes pluies de ces dernières semaines), avec leur petite fille de... quel âge au fait ? Trois ans ? Peu importe. La petite fille me parle d'un bobo qu'elle s'est fait à la main, à cause d'un "méchant" morceau de verre. Mes proprios sont sympas. Je n'ai jamais vu, en plus de douze ans de location, des propriétaires aussi "réglos". Ils sont vraiment impressionnants à ce niveau. Ils ont à chaque fois l'air content d'avoir loué leur appartement à quelqu'un qui ne leur cause aucun problème (d'après eux, ce n'est pas toujours le cas, loin de là).


* * *


Il est six heures du matin. Comment résumer le souper chez moi, de manière concise ? 

Il y avait six invités.

Emily, que je n'ai jamais vue aussi... mélancolique ?
Andrew, que je n'ai jamais vu aussi... fatigué ?
Mary, qui était en forme.
Un copain à elle, Jerry, invité surprise de la soirée.
Walter.
Léandra, qui arrivera plus tard (à cause d'un ennui de train).

Que dire d'autre ? 

Jerry, que je vois pour la seconde fois, a de très bons goûts : il reconnaît directement les vinyles de Slint et de Low qui trônent dans mon salon ou dans ma salle à manger, il adore Sonic Youth et, quand on parle de séries télévisées, il cite The Wire comme une référence absolue. Il termine en ce moment ses études de "romane", avec un mémoire qui a pour thème les auteurs modernes sans œuvre, comme le surréaliste Jacques Vaché. J'aime bien ce gars.

Mary me ressort, en entendant Yo La Tengo, que son père a les mêmes goûts que moi en matière de musique, et aussi qu'il a dix fois ma collection de bandes dessinées (ça doit faire un peu moins de 10.000 BD, quel veinard !).

Walter voudra mettre sa musique à différents moments de la soirée, mais je répondrai toujours pas un "non" catégorique. 

Léandra revient de Namur. Elle devait y rencontrer un gars qu'elle n'avait jamais vu en chair et en os, mais ce dernier a décidé d'annuler, prétextant une surcharge de travail (ça sentait déjà le roussi hier). Quel con. Léandra n'a pas de bol, pour le moment. Elle a tout de même profité de son périple à Namur pour voir Maïté et Gaëlle, et les autres.

Andrew est vraiment à bout. Il lutte contre la fatigue et finira par s'en aller, pour happer le dernier tram. J'espère qu'il a réussi à se reposer un tant soit peu cette nuit.

Et Emily... Emily... Je ne l'ai jamais vue aussi mal en point. Elle a lutté contre ses fantômes toute la soirée et a fait du mieux qu'elle pouvait pour paraître en forme devant tout ce monde. Walter et elle sont restés jusqu'à très tard dans la nuit. Nous avons joué à quatre parties des "Colons de Catane". Walter, assez incroyablement, ne s'est rendu compte de rien. La fragilité d'Emily est touchante. Je ne sais pas quoi faire pour l'aider, et ça me rend triste, vraiment.

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