Sonate pour un homme bon

... je me réveille dans le noir de ma chambre. Confusion. Quelle heure est-il ? Minuit et neuf minutes ! Je ne me suis pas réveillé une seule fois de la soirée et j'ai dormi sept heures d'affilée ! Curieusement, cette pensée me déprime au plus haut point : je suis complètement gêné d'avoir roupillé tout ce temps ; j'ai comme l'impression d'un terrible gâchis. Je commence à paniquer, car je me dis que j'ai certainement dû oublier un événement primordial. Peut-être quelqu'un a-t-il essayé de me téléphoner ? Lente vérification : non. Loin, très loin, une pensée rationnelle tente de percer : « Hé ! Rien de grave ! Tu avais besoin de sommeil ! C'est vendredi ! », mais rien à faire : j'ai toujours cette curieuse sensation de manque, de perte... N'était-ce pas aujourd'hui que nous devions recevoir des gens à l'appartement, Mary et moi ? Non plus : c'est annulé depuis hier ou avant-hier, je ne sais plus très bien. Je ne dois pas être dans mon état normal... Je réfléchis, mais rien de construit ne s'échappe des brumes dans lesquelles je végète. Strictement rien. Dois-je me réveiller dès maintenant ? C'est à peine si j'arrive à me lever du lit ! Je me roule en boule dans mes draps et finis par me rendormir...

... jusqu'à neuf heures du matin passées. Tout va beaucoup mieux ! J'aurai dormi plus de seize heures de suite, avec un court intermède angoissé. Je suppose qu'il fallait que je la prenne, cette petite journée de repos... (Dormir trois-quatre heures par nuit n'est sans doute pas suffisant à long terme.)

Je me lève et me prépare un café avec la véritable bête de compétition — voire arme de guerre ! — que Mary a apportée lors de son déménagement : une De'Longhi qui broie les grains de café (elle broie du noir elle aussi, ha-ha !), récupère l'eau depuis un réservoir situé à sa base, etc. Je prends le temps de me débarbouiller, de me rafraîchir, de m'habiller. Tout va bien.

Une heure plus tard, après avoir rempli mon sac à dos avec une série de livres et le petit ordinateur portable de Léandra, je prends le chemin du Parvis de Saint-Gilles. Il fait délicieux dehors, on se croirait en plein mois de mai ! L'objectif de cette journée est de rattraper un tant soit peu mon retard de publication sur le présent blog. Je m'installe à une table de la Maison du Peuple vers onze heures du matin, à l'intérieur du café mais pas loin de la fenêtre, et y reste un peu plus de huit heures, sirotant cafés, jus de framboise frais et verres d'eau pétillante. Contrairement à mon libraire, les serveurs ne me posent pas de question... mais m'offrent deux consommations !

Parfois, je me demande pourquoi je me force à écrire un article par jour. C'est totalement antinaturel. — Mais va-t'en encore trouver quelque chose de naturel dans ma personnalité !

En soirée, Mary revient d'un tournoi de badminton qui s'est déroulé à Anvers. De retour de la Maison du Peuple, j'ai préparé pour nous deux un plat simple à base de Lumache Rigate et de petits pois. Plus tard, nous regardons la fin de La Vie des autres, le film allemand dont nous avions commencé le visionnage il y a un mois. — Ce dramaturge, espionné jour et nuit par la Stasi à son insu, ne se doute pas le moins du monde que son surveillant est également son ange gardien. La fin est terriblement émouvante.

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