« À nous les bois et leurs mystères,
Qui pour nous n'ont plus de secrets !
À nous le fleuve aux ondes claires
Où se reflète la forêt,
À nous l'existence sauvage
Pleine d'attraits et de douleurs !
À nous les sapins dont l'ombrage
Nous rafraîchit dans nos labeurs.
Dans la forêt et sur la cage,
Nous sommes trente voyageurs. (...) »
(Octave Crémazie [poète québécois, 1827-1879], Le Chant des voyageurs.)
Soudain, je me suis dit que ce journal était une façon de passer le temps en attendant le retour de Christelle, retour qui — faut-il encore le préciser ? — n'adviendra jamais. Je suis donc condamné à écrire jusqu'à la fin de mon temps. C'est d'un joyeux !
________________________________________
Presque plus aucune musique n'a traversé ce blog ces dernières semaines. La raison est toute simple : un soir de distraction, j'ai oublié mon baladeur MP3 sur le quai de la gare des Guillemins ; difficile de vivre sans chanson, je m'en suis donc racheté un. Un véritable objet en toc que cet « Archos 20d Vision » : sa légèreté de plastique me donne l'impression qu'il va craquer à chaque instant ; l'esthétique de son écran tactile me rappelle les CGA des premiers temps. Son ergonomie se rapproche des arches du premier pont de Tacoma ; enfin bon, j'ai de la musique, c'est déjà ça !
Une découverte : sur son site Web officiel, le groupe texan Okkervil River propose gratuitement un mini-album intitulé Golden Opportunities 2 (suite de Golden Opportunities Mixtape), dans lequel le chanteur Will Sheff reprend cinq morceaux du registre folk. Cinq morceaux, cinq petites perles (pour ceux qui aiment le genre, évidemment)... Parmi celles-ci, « Dry Bones », chanson folk traditionnelle chrétienne, et « U.F.O. » de Jim Sullivan. L'histoire de ce dernier est pour le moins étrange : auteur d'un unique album paru en 1969, il disparaît mystérieusement environ six ans plus tard à proximité de Santa Rosa, au Nouveau Mexique. Seuls vestiges de sa présence à cet endroit : sa Coccinelle abandonnée ainsi qu'une chambre louée (mais non utilisée) dans un motel du coin. Certains disent qu'il s'est perdu dans le désert ; d'autres qu'il s'est fait enlever par des extraterrestres... Toujours est-il qu'on n'entendra jamais plus parler de lui !
Un constat : malgré mon athéisme, j'ai toujours eu un faible non pas pour la religion (Dieu m'en préserve, haha !), mais pour la culture héritée de la religion. Cela vaut tant pour mes préférences musicales (blues, folk, country...) que pour ma période historique de prédilection (le Moyen Âge, baigné de toute part par un christianisme omniprésent), ou encore mes auteurs préférés (le roman Dune est saturé de religion ; quant à L.W., n'en parlons même pas !). Dans tous les cas, c'est l'étrangeté de cette culture, de cette pensée, comparée à celle que j'ai reçue pendant mon éducation, qui m'attire plus que certainement.
D'un côté, je suis imprégné de l'éducation de mes parents (la volonté d'honnêteté poursuivie presque compulsivement par ma mère ; le radicalisme de mon père), de l'autre je n'ai jamais cessé de m'en éloigner. La science-fiction, l'anarchisme, l'histoire médiévale, la philosophie, l'astronomie... J'ai découvert tous ces sujets « tout seul comme un grand », comme si je voulais me démarquer de cet enseignement — enrichissant mais trop terre à terre — par un excès d'« ailleurs »... (Je suis comme ça depuis très longtemps mais je ne m'en rends compte que depuis peu.)
________________________________________
En tant qu'historien, l'anecdote n'aurait pas dû me faire rire, mais rien à faire : à chaque fois que je vois cette « restauration » ratée — c'est le moins qu'on puisse dire — de la vieille peinture du Christ de la petite église de Borja, je ne peux m'empêcher de tomber dans un fou rire dévastateur. Je pense que c'est le surréalisme de la situation qui fait rire la Toile entière... Bigre, même le bas du rouleau du parchemin est peint à l'envers ! C'est tellement ridiculement mal foutu que ça en devient presque génial...