3 en 1

(Plus fort encore que Theramed ou Head & Shoulders.)

Tenir un journal avec beaucoup de soin et de scrupule, puis s'en détacher d'un seul coup : l'histoire est banale. Sans vraiment pouvoir l'expliquer, l'on sent que le format n'est plus le bon, que ce que l'on écrit n'est plus en phase avec ce que l'on vit (maxime : mon écriture est toujours plus figée que mon existence). Alors, le journal, souvenir d'une configuration d'esprit obsolète, est abandonné à son triste sort. Situation classique : se détachant d'une routine qui avait sa propre logique lorsqu'elle n'était pas encore une routine, le blogueur s'arrête, regarde sa production et se demande : « Pourquoi est-ce que j'écris tout cela ? » (La réponse reste dans mon cas invariablement la même : « pour mieux me comprendre », même si parfois je ne m'en rends pas compte. Mais d'autres pourraient répondre de manière bien différente : « pour passer le temps », « pour aider les autres », « pour externaliser mon monde intérieur », « pour me faire aimer », « pour être reconnu », voire encore « pour gagner de l'argent ».) Si le canevas utilisé ne remplit plus les conditions initiales, le blog sera presque à coup sûr abandonné à plus ou moins court terme.

L'abandon d'un blog peut prendre plusieurs formes. La plus extrême : supprimer tout, c'est-à-dire effacer le blog en ligne mais aussi toute sauvegarde locale. Les textes n'existent alors plus du tout : on ne peut les retrouver nulle part, si ce n'est peut-être sous forme de fantômes dans le cache d'un moteur de recherche. Certains des blogs de Léandra ou de Judith ont, je pense, connu ce sort : leurs textes se sont perdus à jamais. La situation n'a pas l'air de les chagriner outre mesure. Pour ma part, je ne peux me résigner à supprimer une production, même ridiculement mauvaise. D'un autre côté, je n'aime pas l'idée que ce que j'ai écrit soit éparpillé à différents endroits du Web. — La solution va de soi : je dois tout regrouper sur un seul site, sur ce nouveau blog en l'occurrence. J'ai donc élaboré un plan d'action qui consiste à rassembler progressivement mes anciens écrits, qui correspondent en gros à deux sessions d'écriture :

Le blog du Noctambule
www.leblogdunoctambule.com
Je me lançais, j'avais un concept : écrire avec Léandra des billets dont le style s'accorderait à la pièce d'échecs utilisée : la tour serait froide, mathématique ; le fou comique ; le cavalier ludique... Certaines pièces d'échecs dites « féériques » (le noctambule, la princesse) avaient également leur mot à dire. Les couleurs, elles aussi, avaient leur importance : le noir pour les sujets sérieux ; le blanc pour les sujets légers... Mais c'était un blog beaucoup trop contraignant et nous nous sommes vite retrouvés prisonniers de l'idée de départ. Le projet fut éphémère : vingt-trois articles seulement, espacés entre le 16 janvier et le 7 juillet 2011. 

Hamilton's Diary
www.hamiltonsdiary.com
Alors que j'étais lancé (sans trop y croire) dans « Le blog du Noctambule », m'est venue l'idée de tenir un « vrai » journal et d'y écrire quelque chose tous les jours. Strictement tous les jours. J'ai tenu le coup pendant plus de deux ans, du 22 avril 2011 au 5 juin 2013. Si au départ, j'avais dans l'idée de décrire platement, en quelques phrases, un ou deux événements quotidiens sans importance, mon journal a pris une tout autre ampleur quelques mois plus tard : j'ai fini par y décrire beaucoup de choses, puis par y consigner des pensées plus profondes (je découvrais à l'époque Wittgenstein, Schopenhauer, Nietzsche...). — J'ai longtemps réfléchi à la façon dont je devais présenter ce journal aujourd'hui : dois-je le retravailler ? Le débroussailler ? Effectuer ça et là des coupes pour le rendre plus intéressant, plus aéré ? Je suis arrivé à la conclusion que ce serait une très mauvaise idée que de changer quoi que ce soit. Ce qui a été écrit a été écrit : il y a énormément de parties sans intérêt dans ce journal, mais les supprimer reviendrait à supprimer les traces de mon évolution personnelle. Par ailleurs, tout est lié : supprimer un article, c'est risquer de supprimer un lien.

Il est très facile d'exporter le contenu d'un ancien blog (hébergé sur Blogger) et de l'importer dans un nouveau conteneur (en l'occurrence une plate-forme WordPress), mais c'est faussement simple : certains problèmes subsistent, notamment en ce qui concerne la gestion des paragraphes et des fontes. Après importation, je dois donc vérifier chaque article, un à un, de manière à ce que, sur le plan de la forme, ils soient semblables au nouveau thème utilisé. Je ne serai content que lorsque tout sera standardisé. Cela va prendre un certain temps, mais le temps n'est pas un problème dans l'immédiat (à moins que je ne meure soudainement). Durant la phase de travaux, certains des articles importés depuis Le blog du Noctambule et Hamilton's Diary courent le risque de revêtir une mise en page pour le moins surprenante. Ce sera réglé un jour ou l'autre. Mes plus plates excuses auprès de mes lecteurs inexistants.

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