Éloge de la princesse Zelda

Ce week-end, Gaëlle découvre Super Mario 3D Land sur Nintendo 3DS : Bowser a de nouveau capturé la princesse Peach et Mario doit de nouveau courir à son secours en traversant de nombreuses plates-formes auxquelles les concepteurs ont ajouté, cette fois-ci, une troisième dimension (la profondeur). Personne ne semble savoir pourquoi le méchant Bowser enlève constamment la princesse, ni pourquoi le super-plombier veut à tout prix sauver cette dernière... Tout au plus des explications d'ordre sexuel sont-elles parfois avancées sur la Toile : Bowser serait un pervers frustré et Mario un chevalier servant, mais aucun des deux n'arriverait à son objectif qui serait, du moins si l'on en croit la rumeur, de se retrouver au lit avec la princesse (entre « sauver » et « sauter », il n'y a qu'une lettre de différence). — Somme toute, la morale de cette ridicule histoire de kidnapping à répétition et de course-poursuite haletante à travers le Royaume Champignon serait contenue dans une seule et unique maxime : trouver une copine demande un peu plus de subtilité que la pratique du rapt ou que la relégation au rôle de sigisbée.

Ce qui m'a frappé en rejouant (ou en regardant Gaëlle jouer) à un jeu de la série Super Mario, et ce après avoir passé un certain temps sur Zelda, c'est la différence de personnalité et de caractère entre la princesse Zelda (ou plutôt les princesses Zelda, cette série mettant en scène plusieurs générations de personnages portant le même nom) et la princesse Peach. La différence se remarque d'ailleurs dès le titre respectif des deux séries : Super Mario d'un côté (où c'est le sauveur qui est mis en avant), Zelda de l'autre (où c'est la princesse qui est mise en valeur, bien que le héros de l'aventure soit Link).
Alors que Zelda se montre à chaque fois d'une dignité, d'un calme, d'une intelligence et d'une force — d'une noblesse ! — exemplaires face au terrible mal qui s'installe jusqu'au tréfonds du royaume d'Hyrule, Peach est quant à elle cantonnée à son rôle de princesse nunuche, troublée et émotive, qui ne contrôle quasiment rien ; alors que Zelda occupe une fonction de premier plan dans la victoire contre le mal, Peach, la plupart du temps, est passive et attend simplement d'être délivrée, non sans être de temps à autre totalement infâme envers ses geôliers...

Une amusante exception du côté des Super Mario existe cependant, du nom de Super Princess Peach, jeu dans lequel les rôles sont inversés : Bowser a, assez curieusement, enlevé Mario et Luigi (mais pourquoi donc ?) tandis que Peach doit leur venir en aide. Comme Zelda, Peach sait-elle manier l'épée ou l'arc à flèche ? Sait-elle dompter des esprits ou encore jouer de l'ocarina magique ? Non, rien de tout cela : pour se défendre, Peach utilise son parasol ainsi que ses émotions (comme rire pour s'envoler, ou encore pleurer pour aller plus vite ou éteindre des flammes). Ses armes ne sont ni l'arc, ni le fleuret, mais l'attirail d'une dame du grand monde ; ni le sang-froid, ni la sagesse, mais la spirale incontrôlée des sentiments.

De là à affirmer que les deux séries véhiculent une image complètement différente de la femme et de son rôle dans la société (soit spectatrice, soit actrice de sa propre vie), il n'y a qu'un pas, que je franchirai peut-être une autre fois. Aujourd'hui, je me rends compte avoir été totalement impartial, presque aveuglé par mon amour pour l'univers de Zelda et ma détestation de celui de Super Mario, qui ont pourtant tous les deux été créés par la même personne, Shigeru Miyamoto. — Je me rends compte également que, lorsque je n'ai rien à dire, je suis capable de rédiger des paragraphes entiers pour... ne rien dire. Rien ne change !

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