Tourette chuchoté

Cette jeune femme un peu bête, qui au matin prend le même omnibus que moi depuis un certain temps, est toujours en pleine discussion... Sa façon de procéder : elle choisit quelqu'un au hasard sur le quai de la gare des Guillemins ou dans le train, puis lui balance une évidence comme : « Vous prenez le train pour aller au travail ? », « Le train est en retard aujourd'hui... » ou bien : « Il pleut dehors... » Pour avoir observé la scène de très nombreuses fois, je remarque que ses interlocuteurs semblent souvent légèrement peinés, ne sachant quoi lui répondre, mais qu'ils sont également très patients et gentils, et qu'à aucun moment ils n'entrent dans le sarcasme ou la moquerie.

Sur le trajet de retour, un curieux personnage est en train de lire avec beaucoup d'attention un vieil ouvrage consacré à l'histoire de la littérature. Il a contre lui un gros sac rempli de bouquins du même genre. Toutes les trente secondes environ, il relève brièvement la tête et articule une phrase incompréhensible, comme s'il récitait une prière. À certains moments, j'ai l'impression qu'il chuchote des obscénités et j'en viens à me demander si ce monsieur n'est pas atteint d'une forme bizarre de syndrome de Gilles de la Tourette, qu'il arriverait plus ou moins à cacher en proférant ses insultes le plus bas possible.

Mes parents sont à Namur avec ma fille. Ils ont emmené cette dernière à la fête foraine. Lorsque je les rejoins, Gaëlle vient de terminer un hamburger au Quick et joue dans l'espace réservé aux enfants. Pendant ce temps, mon père se fait plus ou moins draguer par un vieil homme qui s'ennuie à la table d'à côté. Nous rejoignons ma mère au café d'en face pour boire un verre avant de repartir. (Oui, ce paragraphe est purement descriptif et sans grand intérêt.)

Dans son lit, Gaëlle me raconte ses craintes : « Lorsque je dors, je ne ferme pas les yeux et je continue à tout voir. Parfois, je sens une main qui se pose sur mon épaule... Je me retourne, mais je ne vois personne...
— C'est juste un rêve...
— Non, non, car je ne dors pas !
— Un courant d'air alors...
— Non, non, parce qu'un courant d'air n'a pas la forme d'une main, avec des doigts... »

Plus tard, elle refuse de dormir pour une autre raison : elle a peur qu'une araignée vienne sur elle pendant son sommeil. Elle hurle : « J'ai peur des araignées ! J'ai peur des araignées ! » Impossible de la raisonner. Je lui dis que c'est comme ça, qu'on ne peut rien faire et qu'il va falloir qu'elle apprenne à vaincre sa peur ou à vivre avec elle. Puis, je retourne dans le salon et elle s'endort sans problème, curieusement...

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