Don stepped outside...

Évidemment, je sais d'avance qu'il y a un risque ; qu'à partir d'une certaine densité d'inconnus partageant la même pièce que moi, je suis susceptible de me sentir mal. En début de soirée à la Maison du Peuple, lorsque j'explique à Léandra que j'ai peur de me retrouver, seul, coincé dans cette nouvelle salle en compagnie de nouvelles personnes, elle me rassure : « Mais non, tu ne seras pas du tout coincé ! Tu pourras toujours sortir si tu en ressens le besoin ! »

Léandra a parfaitement raison : je pourrai toujours m'échapper en cas de problème.

Donc, en seconde partie de soirée, prenant mon courage à deux mains (c'est ridicule, oui, oui...), je me rends à la fête d'anniversaire de Carmela, en plein cœur de la capitale. J'arrive en même temps que deux gars qui attendaient qu'on leur ouvre la porte : un ancien collègue prof de gym et un de ses potes qui, si j'ai bien compris, s'est auto-invité. Je suis parmi les tout premiers arrivants. Je parle un peu avec Carmela, lui offre son cadeau, puis discute quelques secondes avec son ancienne professeur de morale : « Oh, je suis ici parce que Carmela était vraiment une élève extraaaoooordinaire ! »

Puis arrivent les autres : des profs de français, des profs de morale, des profs, des profs à n'en plus finir, qui parlent de l'année scolaire et de leurs étudiants ; des couples aussi, des couples, des couples qui se connaissent et dont la conversation épouse une mécanique parfaitement huilée... Ophely est là et je discute un instant avec elle : « T'as vu ? Leur bébé est né ! », « Tom n'a pas pu venir ? » (Non, car il doit garder la petite). Etc.

Ensuite, me sentant à la fois trop près (physiquement parlant) et trop éloigné de la plupart de ces gens (à des années-lumières de leurs cours et de leur discours aucune critique, juste un constat), je m'éloigne, m'assieds à l'une des chaises hautes du bar et commande une Duvel. En attitude, je dois ressembler à ce type dont on ne voit que le dos dans le magnifique Nighthawks d'Edward Hopper. Pendant une petite heure, j'écoute les conversations en jouant avec huit sous-bocks : j'essaie de les positionner de la manière la plus parfaite et élégante possible, à équidistance des bords du comptoir. Personne ne me parle, personne ne semble me remarquer... Tant mieux !

Puis c'est l'heure du concert. Tout le monde se rend dans la salle contiguë. J'en profite pour récupérer mon manteau et fuir dans la nuit froide et humide.

Je suis beaucoup trop morose pour rentrer directement chez moi. J'ai besoin d'une autre atmosphère pour me régénérer un tant soit peu, alors je décide de faire un crochet par le Moeder Lambic tout proche. Hasard du programme : Léandra, qui rentre elle aussi d'une soirée dans le centre-ville, me rejoint. — Ouf ! De l'oxygène, de l'oxygène !

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