Tempus fugit

Je pense souvent que si je décidais un beau jour d'arrêter le présent journal prématurément — je veux dire par là : pour une raison autre que la mort de ce bon kilogramme de masse cérébrale qui, du moins aux dernières nouvelles, occupe mon crâne et me permet d'écrire ceci (curieuse remarque alambiquée car, d'une certaine manière, c'est cette même masse cérébrale qui s'exprime ici : elle et je se confondent ; mais il est très difficile d'admettre qu'en parlant de cette masse cérébrale-, je parle de moi-même, et inversement [penser à dormir la nuit pour éviter ce genre de boucle] ; cependant, un neuropsychiatre me reprendrait certainement.) —, si je décidais un beau jour d'arrêter le présent journal prématurément, disais-je donc, ce ne serait ni par lassitude, ni par manque de matière, mais bien par manque de temps.

Car, pour toute personne dont ce n'est pas le métier d'écrire, rédiger un texte par jour demande de disposer d'un certain nombre d'heures dédiées à la tâche. En son temps (ha-ha), Léandra avait fait une estimation pour son propre blog : la rédaction d'un article dans sa totalité (écriture, relecture, corrections) lui prenait environ deux heures, parfois plus mais rarement moins. Ce n'est pas moi qui vais la contredire.

Toute cette machinerie rédactionnelle demande une certaine discipline. Une foutue discipline même. À tel point que j'en viens à me demander comment un type (je parle de moi, ou de mon cerveau, ou de que sais-je encore... non, je ne serai pas vulgaire) qui n'a jamais réussi à archiver convenablement la moindre de ses factures est parvenu à tenir aussi longtemps cette discipline d'article quotidien. — Soudain (paume sur la tête, comme Columbo !), je me suis souvenu : suis-je bête ! Il n'a pas vraiment de vie, ce type-là ; depuis quelques années, son entourage est composé de six-sept amis et de beaucoup de fantômes ; il est célibataire et ne voit sa fille que certains week-ends. En conséquent, il n'a pas vraiment besoin de discipline : presque toutes ses soirées sont libres, à ce couillon ! Ha, me voilà soulagé !

Si j'écris tout ceci aujourd'hui, c'est pour une raison bien particulière : ce mercredi 19 décembre 2012, j'ai décidé d'arrêter ce journal j'ai été du matin au soir emporté par une sorte d'état grippal. Étant malade, je me suis traîné difficilement jusqu'au travail, puis j'ai passé la première partie de soirée à dormir et la seconde à me tenir éveillé devant mon ordinateur, pour rédiger ma journée de samedi, en compagnie de Mary, qui semble en ce moment littéralement crouler sous le travail... Et donc ? Et donc, je n'ai strictement rien à raconter ! Mais il faut bien que je raconte quelque chose... « Et si j'écrivais sur la difficulté d'écrire un blog journalier quand on n'a rien à dire ? Et si j'en profitais pour parler de concepts bateau comme le temps et la nécessité d'avoir une certaine discipline ? » — Voilà !

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