Blog à vitesse réduite III

Lorsqu'elle n'a plus accès à Internet avec son vieux PC sans batterie (dont j'ai la garde cette semaine), Léandra dispose d'un tour de passe-passe personnel pour faire revenir le Saint Wi-Fi : elle chipote quelques secondes au câble d'alimentation de l'ordinateur. Le plus incroyable dans cette histoire, c'est que ça marche (alors que ça ne devrait pas marcher).

Ma fille Gaëlle traverse en ce moment ce que l'on pourrait appeler une crise mystique. Elle croit en Dieu. Elle me montre une tasse et me dit : « Dieu, c'est tout, même cette tasse ! » ou encore : « Je sais que vous, vous ne croyez pas en Dieu, mais moi, j'y crois ! » Que faire ? Bah, rien ! La seule chose qui m'ennuie dans cette histoire, c'est le fait d'y percevoir forcément une influence extérieure, qui a priori ne peut être que l'école. Soit ce sont ses camarades de classe qui lui en parlent, soit c'est une de ses institutrices. Le premier cas serait anecdotique, le second terriblement inquiétant à l'intérieur d'une école publique. (À suivre...)

Un des potes syndicalistes de mon papa est de passage à la maison cet après-midi. J'en profite pour lui poser quelques questions sur le syndicat des employés, qu'il connaît bien : « Et lui, tu l'as connu ?  
— Ha oui, lui, il n'était pas bien. Il n'a jamais rien foutu, sauf quand il était question de voyage à l'étranger... Là, tu le voyais pointer son nez... » (Ça a le mérite d'être clair.) Plus tard, mon père lui explique brièvement cette histoire de délégation syndicale tombée « par hasard » dans un bordel (voir en date d'hier). Le copain se contente d'esquisser un sourire, mais c'est un sourire qui veut tout dire.

Mon père raconte que dernièrement, une nouvelle adjointe de direction est descendue dans l'atelier où il travaille : « Elle est allée voir untel et lui a dit : "Tu vois le ventilateur qui est là ? Eh bien dans la nouvelle chaîne de production, il n'y en aura plus !" » C'est le genre de comportement hautain et condescendant que mon papa déteste : « C'est quoi pour vous, ça, à votre avis ? C'est de la provocation, un point c'est tout ! Si j'avais été là à ce moment, j'aurais donné un coup de sifflet et hop : "Allez les gars, c'est bon, on arrête de travailler !" Qu'elle se prenne un arrêt de travail sur le dos, celle-là, pour qu'elle comprenne qu'on ne traite pas les gens de cette façon ! » — Et il aurait bien eu raison. 


Dans Drame en trois actes, l'épisode télévisuel des « nouvelles aventures » d'Hercule Poirot, cette peur de la part d'une des protagonistes d'être jugée par Poirot. Mais ce dernier lui répond quelque chose comme : « Je n'ai nul besoin de juger, Madame. Moi, j'enquête ! » — C'est une remarque beaucoup moins banale qu'on pourrait le croire de prime abord : il s'agit de mettre sur un piédestal la recherche de la seule vérité, sans jamais prendre en compte les conséquences (le jugement qui s'ensuivra) ni la morale. Vu sous cet angle, le commentaire de Poirot apparaît comme une jolie petite saillie philosophique. 

Les dernières lignes du livre : « Sapristi ! s'écria [Monsieur Satterthwaite]. J'y pense. N'importe lequel d'entre nous aurait pu boire le cocktail empoisonné de ce gredin ! Moi par exemple.
— Une autre catastrophe plus terrible encore et à laquelle vous n'avez pas songé aurait pu se produire.
— Quoi donc ?
— Tiens, parbleu ! Cela aurait pu être MOI ! répondit Hercule Poirot. »
(Poirot, l'ultime solipsiste : encore et toujours de la philo !)

Léandra est revenue de Marseille et me demande quand nous procéderons à l'échange, car son ordinateur au ventilateur très bruyant lui manque. L'échange... Cela signifie-t-il que je pourrai récupérer son petit PC ? Alléluia ! La période de vaches maigres est passée ! Je vais recommencer à écrire dans le train de longs articles inintéressants !

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