South Park : les meilleures séries ont une fin

Ce lundi, je suis toujours en congé-maladie, dans mon appartement, et je m'ennuie... Pour passer le temps, je décide de regarder quelques uns des derniers épisodes de South Park, ceux de la quinzième saison que je n'ai pas encore vus. (Tous les épisodes de la série sont visibles gratuitement, en anglais, sur le site de South Park Studios et il est également possible sans trop de difficulté de les trouver en français et en streaming sur d'autres sites de fans.)
Une petite digression s'impose : depuis quelques années déjà, je trouve que la qualité générale de ce dessin animé a chuté de façon spectaculaire et de manière de plus en plus vertigineuse. Cette déliquescence était déjà visible, à mon sens, dans certains épisodes de la douzième saison (comme "Britney's New Look") et s'est accentuée dans la quatorzième, qui ne m'a presque pas fait rire une seule fois. La quinzième saison est encore pire. En résumé, à mes yeux, ce dessin animé est vraiment devenu de la merde. Il m'a fallu du temps pour m'en rendre compte car, comme tout bon fanatique qui s'ignore, j'ai dû avant tout accepter d'ouvrir les yeux sur cette triste évolution.

Serais-je frappé de la "maladie du cynisme", à l'instar de Stan dans le diptyque "You're Getting Old"-"Ass Burgers" ? Dans ces deux épisodes de milieu de saison (première diffusion respectivement le 8 juin et le 5 octobre 2011 aux États-Unis), Stan vient juste de fêter ses dix ans. Il devient vieux et, par conséquent, tout ce qu'il aimait plus jeune (la musique, les films, voire même certaines idées, certains discours...) sonne aujourd'hui comme de la merde, littéralement (cela donne d'ailleurs lieu à une surenchère de scatologie, évidemment). Stan se fâche avec Kyle, qui ne comprend pas son nouvel état d'esprit cynique/dépressif. En parallèle, les parents de Stan, eux aussi, vieillissent : alors que Sharon, sa mère, accepte la chose sans problème, Randy, son père, se réfugie dans une sorte de fausse rébellion adolescente et joue... de la merde, toujours littéralement. 
Difficile ne pas déceler dans ces deux épisodes une mise en abyme de la part des concepteurs de la série, Matt Stone et Trey Parker, dans la mesure où Stan et Kyle, les deux amis inséparables dans le dessin animé, représentent à maintes reprises la façon de penser de leurs créateurs, notamment au travers de la récurrente morale de l'histoire ("Tu sais, j'ai appris quelque chose aujourd'hui..."), à la fin de l'épisode. Matt Stone et Trey Parker, qui sont loin d'être des cons, se rendent-ils compte qu'ils deviennent vieux ("You're Getting Old"), qu'ils sont en manque d'inspiration, qu'ils écrivent des scénarios sans queue ni tête, bref qu'ils font de la merde ? Tout semble indiquer que oui.

Ou alors est-ce moi qui suis en train de vieillir ? Ce genre d'humour ne me fait-il plus rire ? Est-ce que je deviens totalement cynique ? Est-ce que je vois de la merde partout ? J'ai besoin d'une confirmation ou d'une infirmation... Je décide donc de visionner d'autres épisodes de South Park, ceux qui me faisaient pleurer de rire il y a quelques années : "Starvin' Marvin in Space" (dans lequel des missionnaires essaient d'évangéliser tout ce qui bouge, y compris des extraterrestres qui n'en ont rien à cirer) et "Something Wall-Mart This Way Comes" (épisode dans lequel un supermarché Wall-Mart se voit doté d'une vie propre, à l'instar des manoirs lugubres des vieilles nouvelles fantastiques). Me voilà rassuré : ça me fait toujours autant rigoler. Conclusion : c'est South Park qui change et pas moi. 
Et dire que je considérais South Park comme l'un des meilleurs héritiers des Monty Python (une des références de Parker et Stone en matière d'humour, soit dit en passant). Hé bien voilà : c'est fini ! Ne reste plus qu'une dizaine de saisons de bonheur presque intégral... C'est déjà pas mal, je trouve.

* * *

Le soir, je me rends chez mon médecin traitant pour faire le point sur mon opération. Il me donne une semaine de congé-maladie en plus : "Vous avez 16/11 de tension, 97 pulsations à  la minutes. C'est beaucoup trop. Vous travaillez loin. Reposez-vous". Pour briser la monotonie de cette convalescence, je vais rejoindre Emily à la Maison du Peuple. Elle s'y rend avec son ordinateur portable pour terminer quelques travaux en cours. De mon côté, j'en profite pour terminer tranquillement le texte d'hier sur Mimi₁₆ l'araignée et sur Sans Soleil. Ça prend plus de temps que prévu. Ça prend toujours plus de temps que prévu.

Discussions variées avec Emily, notamment sur son travail. Comme dans toute grosse boîte, Emily bosse avec des gens bizarres, dont voici une liste non exhaustive :
- (il y a plus d'un an) un collègue qui passe par la cuisine de son boulot devant plein de monde et ouvre la porte du frigo/freezer pour en ressortir un de ses slips (personne n'a apparemment jamais compris le fin mot de cette histoire) ;
- la collègue sous pression qui ne peut dialoguer qu'en criant ou qu'en pleurant, à la manière d'un petit enfant ;
- la collègue anglaise, sympa et efficace, qui va au réunion de management avec des plumes dans les cheveux (comme Andrew avec son chapeau !) ;
- la collègue végétalienne qui ne mange que des bananes bio, à la limite de la pourriture, et des germes : elle ne boit pas, ne fume pas, ne sort pas, ne fête pas son anniversaire et se rend au Luxembourg chaque week-end pour je ne sais quelle cérémonie.
À lire ce palmarès, je me dis que mes collègues sont totalement normaux et sains d'esprit, en fait. Je n'en ai d'ailleurs jamais douté.

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