The maaaaarvelous « I6 » railroad car

Qui ne cesse de pester contre le manque de confort du matériel roulant des chemins de fer belges n'a sans doute jamais eu la chance de lier connaissance avec la merveilleuse, la magnifique, l'imposante, la splendide — que dis-je la splendide ? — la fastueuse voiture « I6 » de la SNCB. Lancée en 1977 afin de couvrir le trafic international vers les pays limitrophes (le Luxembourg, l'Allemagne) mais aussi vers l'Italie et la Suisse, elle est toujours en service et ne ressemble, pour autant que je sache, à aucune autre voiture actuellement en circulation sur le réseau ferroviaire belge.

À première vue, de l'extérieur, rien ne distingue ces voitures de toutes celles fabriquées en Belgique dans les années 1970 ou 1980... Une fois à l'intérieur, par contre, c'est le choc : on se croirait dans un de ces vieux trains à compartiments que l'on découvre, envieux, dans les aventures de Tintin ou dans celles d'Hercule Poirot. Et l'on en vient à s'imaginer, des décennies en arrière, en compagnie de gentlemen à chapeau et de bourgeoises à la coiffure « années trente »... Car il s'agit bel et bien, en deuxième comme en première classe, de voitures à compartiments, avec un couloir latéral grâce auquel on accède à de jolies petites cabines insonorisées de six places, munies d'un système d'air conditionné particulier, de sièges réglables avec de gros accoudoirs et un repose-tête (comme dans les avions !), de rideaux et de tout le confort d'un train moderne. (Manque plus que le Wi-Fi !)
Au départ, je me demande pourquoi un train à destination de Namur (où je me rends pour aller chercher ma fille à son école) est d'un si grand standing. Et puis je me rappelle qu'il continue sa route jusqu'à Luxembourg. C'est donc un train international, destiné aux longs trajets, et il est par définition plus confortable. Certains modèles sont même équipés de voitures-couchettes.

Le lecteur régulier et attentif remarquera à quel point je fais tout mon possible pour alimenter ce blog et le rendre moins monotone. C'est un combat de tous les instants, qui en l'occurrence n'a sans doute pas vraiment l'effet escompté. Car je suppose que pour d'aucuns, la description détaillée d'un modèle de voiture ferroviaire de la SNCB ne fait pas partie des sujets de conversation les plus sexys du moment. Peut-être ceux-là préféreraient-ils que je traite de long en large du système bielle-manivelle en vigueur sur une locomotive à vapeur ? Ou encore des procédures d'entrée dans les tunnels sombres, chauds et humides qu'empruntent les puissants trains parcourant les paysages joliment vallonnés voire carrément montagneux de Suisse et d'Italie ? — Mais je ne mange pas de ce pain-là, non Madame ! Je tiens un journal sérieux, dans lequel la vulgarité n'a pas sa place, non Monsieur ! (Poils aux essieux !)
* * *

Accourant vers moi de l'intérieur de la cour de récréation, Gaëlle me crie, enthousiaste : « Papa ! Papa ! », puis elle me montre directement une ligne rouge à la gauche de son cou : « Regarde ! C'est Andrew qui m'a fait ça... Il a essayé de m'étrangler !
— De t'étrangler ? Mais pourquoi ?
— Pour me faire pleurer !
— M'enfin ! Et tu as appelé au secours ? Tu l'as dit à quelqu'un au moins ?
— Oui, Andrew est allé chez la directrice. Même qu'il est privé de récré pendant une semaine !
— Ha. Et tu n'as pas essayé de te défendre ?
— Non, car je suis contre la violence. Je suis une pacifiste.
— Bigre. »

En soirée, de retour à la maison de mes parents, j'ai enfin réussi à la faire jouer aux échecs en suivant les règles, autrement dit sans que l'échiquier ne se transforme en un conte de fées miniature. À son âge (presque sept ans), apprendre les règles (simples) du jeu d'échecs n'est plus du tout un problème. Le problème réside autre part : lui faire comprendre le but véritable du jeu (le principe d'échec et surtout d'échec et mat) ainsi que les stratégies de base, du genre : ne pas se faire bouffer sa reine pour gagner un pion. — On est encore loin des ouvertures « Capablanca » ! (Mais ça viendra...)

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