Ode à Trois-Rivières

« Trois-Rivières, ville algonquine presque quatre fois centenaire, berceau de l'implantation européenne en Amérique du Nord, capitale de la poésie, ville de science et de lettres !
» Trois-Rivières, dont les joyeux vallons, creusés par le vieux Saint-Maurice avant de se jeter dans le grand fleuve, laissent béat d'admiration le voyageur égaré !
» Trois-Rivières, dont les habitants — les "Trifluviens", le savais-tu ? — arborent en permanence un sourire qui n'a son pareil nulle part ailleurs dans la Belle Province !
» Trois-Rivières, bordée par le Saint-Laurent, voie navigable qui a servi de porte d'entrée triomphale à l'exploration sans limite du continent nord-américain ; cours d'eau impérial dont le débit dépasse de loin celui du Nil !
» Trois-Rivières... Écoute comme ce nom coule ! Écoute-le résonner à l'intérieur de ton esprit, tel le béluga nageant majestueusement au gré du courant et des marées !
» N'as-tu donc jamais observé, Hamilton, le soleil de septembre se coucher sur le lac Saint-Pierre ?
» N'as-tu jamais vu ces terrasses se remplir au premier rayon de soleil estival ?
» N'as-tu jamais entendu vibrer la ville lorsque, au gré des saisons, des groupes itinérants envahissent les rues, les esplanades et les terrasses pour jouer une musique qui, longtemps après son évaporation, bercera ton cœur ?
» N'as-tu jamais senti le souffle léger du vent du Sud-Ouest effleurer ta peau avec amour ; avec la même délicatesse que l'abeille butinant la rose au crépuscule ?
» N'as-tu jamais touché ces anciens murs de pierres préservés du grand incendie ? — Leurs aspérités sont aussi douces que la rosée glissant sur la feuille d'érable au petit matin...
» Tonnancour, Saint-Quentin, Laviolette, Attikameks, Capitanal... Ces mots qui aujourd'hui ne t'évoquent sans doute rien de connu seront pour toi comme une seconde nature après y avoir séjourné !
» Trois-Rivières est plus qu'une ville, c'est un pays à elle toute seule !
» Trois-Rivières est plus qu'un pays, c'est un...

— Ouais, ça va, c'est bon, t'as gagné, Flippo ! On va s'y arrêter quelques jours, à ta fameuse Trois-Rivières ! »

* * *

Après m'être fait convaincre, chez Flippo, de faire une escale de deux nuits à Trois-Rivières (on l'aura compris) pendant notre voyage au Québec en septembre prochain, je retrouve ma Maison du Peuple de Saint-Gilles pour y attendre Léandra, que je n'ai plus vue depuis des semaines. — Cela fait d'ailleurs des semaines que je n'ai plus vu grand monde...

Même si, pour le moment, ce n'est pas facile tous les jours — c'est le moins qu'on puisse dire ! — avec Jonas (avec qui elle sort/ne sort pas — biffer la mention inutile), Léandra n'est pas déprimée. Elle a profité à moitié de son pass pour le Brussels Summer Festival (BSF pour les intimes) et a vu (et adoré) Iggy Pop, le chanteur fou contorsionniste. Elle sera bientôt en vacances — encore ! — et ne sait toujours pas vraiment comment elle va en profiter.

Qu'écrire d'autre ?
Léandra n'essaie pas de me convaincre d'aller à Trois-Rivières.
Léandra s'en fout, des verts vallons creusés par le Saint-Maurice.
Léandra n'a pas d'atomes crochus avec le Canada, ni avec ses habitants.

Le prix des « antipasti » a augmenté.
Ils ont tout « arrondi » vers le haut, les salauds !

Il fait chaud — étouffant même !

Et puis Jonas envoie un message pour demander à Léandra de le recontacter, et la soirée se termine vers dix heures du soir ! — Au vu de la chaleur et de mon épuisement, ce n'est sans doute pas plus mal...

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