À rebrousse-temps

Archéologues malgré eux. — Je comble à rebrousse-temps (ce joli terme prend sa source à la traduction d'un titre de P.K. Dick) les cinq interstices localisés entre ta fête d'anniversaire et la mienne. Dans quelques jours, plus personne ne s'en apercevra mais pour le lecteur assidu, celui ou celle qui lit ce blog quotidiennement — et il semblerait que ce lecteur- existe bel et bien ! —, la lecture ressemblera à une descente dans les profondeurs de la page. — Pendant quelques jours, ce lecteur se transformera en archéologue malgré lui, lisant par strates successives les épisodes de ma vie... à moins qu'il n'utilise un agrégateur de contenus, auquel cas il ne goûtera nullement aux joies de la fouille.
Le plagiat en héritage. — Un titre opposé au reste du texte par un tiret cadratin pour structurer chaque paragraphe : Nietzsche utilisait le même procédé dans ses ouvrages aphoristiques (comme Humain, trop humain ou Le Gai savoir, que je viens de me procurer en ce lundi de congé). — Constat : j'employais cette technique avant de lire quoi que ce soit de Nietzsche, de la même manière d'ailleurs que j'abusais déjà du tiret cadratin avant de découvrir Wittgenstein. Cependant, je me considère comme bien trop bête pour avoir trouvé tout seul cette habile structuration. La question est donc avant tout de savoir qui j'ai bien pu copier en décidant de ponctuer mes paragraphes de la sorte : si ce n'est Nietzsche, aurais-je plagié à mon insu un plagiaire de Nietzsche ?

Thaumaturgie informatique. — Le clavier et la souris de cet antique ordinateur ne répondent plus depuis des semaines, me préviennent Christiane et Sylvette. De bon matin, assis devant la machine récalcitrante que je viens seulement d'allumer, je constate que les deux périphériques fonctionnent pourtant parfaitement. Conclusion rationaliste : la panne était temporaire ; conclusion mystique : par ma seule présence, je commande aux machines ! — J'ai raté une belle occasion de lancer devant la vieille carte-mère paralysée : « Lève-toi, prends tes circuits électroniques et marche ! »

Le syndrome de l'imposteur. — Je leur dis : « Je donne l'image de quelqu'un qui maîtrise parfaitement toutes ces matières (la mise en page, le Web, les métadonnées et, plus personnellement en ce moment, des morceaux de philosophie) mais en réalité, je n'y connais que dalle. Mon entourage finit lui-même par croire que je m'y connais et pense sans doute : "Ha, voilà quelqu'un qui s'y connaît !", mais en fait, c'est faux : j'usurpe complètement ma condition. » C'est comme si j'avais constamment besoin de faire mes preuves, de montrer que je suis capable de cerner un problème de la manière la plus parfaite et professionnelle possible. (J'ai les mêmes hésitations avec ce blog : tout ce que j'y écris est en quelque sorte une usurpation de mon identité ; rien ne m'appartient en propre ; je ne suis pas capable de ça — et ne pas constater que je suis foncièrement malhonnête serait encore plus malhonnête.) Lorsque j'explique que j'ai constamment l'impression d'être un usurpateur dans tout ce que j'entreprends, mon chef Lodewijk ne comprend pas (« Si tout le monde reconnaît ton savoir dans une discipline, en quoi es-tu un usurpateur ? ») tandis que Charlotte s'exclame : « C'est le syndrome de l'imposteur ! ». Elle-même en « souffre » apparemment. Conclusion de mon chef : « Bon, sur le temps de midi, on vous couchera sur la table et vous nous expliquerez clairement votre problème. » — J'imagine déjà le tableau !

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