Un papa à Barakiland

C'est un samedi "papa" pour Hamilton aujourd'hui. Gaëlle a dormi à Bruxelles cette nuit (je trouve que c'est plutôt une bonne chose), et comme elle s'est couchée tard hier, elle se lève tard ce matin. Hamilton habille sa fille, la fait manger et prépare ses affaires pour le voyage en train : cet après-midi, Gaëlle est invitée à l'anniversaire d'un petit voisin dans un parc à Namur. Hamilton n'est pas du tout motivé par le fait d'y aller, ce qui peut se comprendre, mais bon (il a même essayé de me convaincre de l'accompagner, mais ça aurait encore été un coup à ce que tout le monde croie qu'on est ensemble, alors j'ai décliné).
Avant de partir, Hamilton aide Gaëlle à faire ses devoirs. De la calligraphie (pour moi il n'y a pas d'autres mots). La pauvre a beaucoup de mal à tracer correctement, exactement comment la maîtresse a fait le modèle, une rangée de "1" et de "2". Elle dit textuellement "je suis stressée", et aussi son célèbre "j'y arriverai jamais". Quand elle s'énerve car elle n'arrive pas à faire quelque chose du premier coup, elle ressemble à Hamilton. Mais il tient le coup et l'oblige à faire son devoir correctement.
Ils prennent le train de 12h03 pour Namur à la gare du Midi. Le trajet (en train en tout cas) se passe calmement. Gaëlle est facile, elle s'amuse pendant tout le temps du voyage avec un billet presto à gratter perdant (cette enfant a un imaginaire extraordinaire, elle peut transformer le moindre bout de papier en n'importe quoi). Dans le même wagon qu'eux, il y a un type qui ressemble comme deux gouttes d'eau au Docteur Nanash. Même teint mat, même minceur, même regard inquiétant. Ce n'est pas encore dans ce train qu'Hamilton rencontrera la femme de sa vie. Une dame avec un accent allemand lui demande quand le train arrive à Namur, alors il lui répond simplement, car il connaît ce trajet par cœur à force de le faire depuis des années.
Le train arrive à 13h10, mais ils ne sont pas au bout de leurs peines. On peut même dire que c'est là que les Romains commencèrent à s'empoigner. En effet, pour aller au parc où ils doivent se rendre, il n'y a qu'un bus toutes les heures. Et ce bus est parti à 13h05. Ils sont donc bons pour poireauter dans la gare jusqu'à 14h05. Pour patienter, Gaëlle joue sur le petit train "à pièces" qu'il y a dans la gare (je vois parfaitement où il se trouve, car j'ai moi-même poireauté il y a pas si longtemps dans la même gare - mais je n'ai pas joué au petit train). Hamilton boit un milk-shake à la vanille.
Le bus arrive enfin, mais il est en panne (les portes ne se ferment pas). Un gars de la TEC arrive à réparer ça, et le bus démarre enfin. Mais c'était sans doute du bricolage, car à peine arrivés à Salzinne, rebelote : les portes restent obstinément ouvertes et ils ne peuvent redémarrer. Cette fois tout le monde est prié de descendre du bus, qui ne redémarrera pas de sitôt (ni de Cluny - comme je suis sur le blog d'Hamilton je peux me permettre de faire des blagues pourries). Ils prennent alors un autre bus, mais qui ne les emmène pas à l'entrée du parc. Hamilton doit faire un kilomètre à pied avec sa fille sur son dos (je vois la scène d'ici).
Ils arrivent au parc, dont l'entrée coûte 3 euros par personne. C'est gratuit pour les enfants de moins d'un mètre, mais Gaëlle mesure un tout petit peu plus et Hamilton est hyper légaliste et honnête (de toute façon, peut-être qu'ils l'auraient mesurée pour vérifier). Par contre, un autre gosse ne paie pas car il mesure pile 99 centimètres.
Hamilton et Gaëlle ont un mal fou à trouver la fête d'anniversaire. Hamilton n'a jamais vu ces gens, et il y a plein de monde (le temps est splendide). Finalement, ils trouvent. Il y a bien 30 gosses présents. Le petit voisin en question s'appelle Lewis et a le même âge que Gaëlle. Un autre petit garçon fête aussi son anniversaire. Ce sont des copains d'école, de foot. Gaëlle est la seule voisine (c'est aussi la seule fille, mais ça ne frappe pas Hamilton - c'est très, très bizarre je trouve). Le papa du gamin explique à Hamilton qu'il n'aurait pas dû payer l'entrée du parc mais qu'il aurait dû dire qu'ils venaient pour l'anniversaire de Lewis. Il insiste pour rembourser les 6 euros à Hamilton, que ces simagrées énervent certainement. Mais bon, il finit par se faire rembourser. De toute façon, Hamilton n'a pas une opinion très positive sur cette famille. Il trouve que ce sont "des barakis". À ce que m'en a dit Maïté, il n'a pas tout à fait tort.
Le gosse a reçu plein de cadeaux, des playmobils très chers. Il est pourri gâté comme on l'est souvent dans ces milieux (mais quelle horrible façon de parler et de juger : heureusement que je ne suis pas sur mon blog...). Gaëlle a offert à son copain un petit dragon de pacotille et un cœur en plasticine qu'elle a fait elle-même, mais le garçon s'en fiche. Gaëlle ne s'en formalise pas (à cet âge, on ne s'en fait pas encore pour les hommes - espérons qu'elle ne tienne pas de sa marraine et qu'elle continue comme ça longtemps).
Les autres enfants jouent ensemble mais elle reste plutôt solitaire. Ce qui ne l'empêche pas de très bien s'amuser. Son papa l'emmène faire du trampoline, du château gonflable, de la voiture électrique. Chaque attraction coûte 1 euro : c'est raisonnable. Si j'ai bien compris, c'est un parc un peu "social" (sans doute un truc provincial, mais je n'ai pas envie de vérifier). Les gens qui le fréquentent ne sont pas forcément distingués. Hamilton remarque entre autres deux filles de 15-16 ans, limite débiles mentales, qui s'obstinent à faire toutes les attractions réservées aux petits. C'est, dans l'esprit d'Hamilton, caractéristique du "quart monde" (de pire en pire ici, j'ai honte de raconter ça, mais je ne fais que répéter ce que mon ami m'a dit !). [Note d'Hamilton : Hé ! Je ne pense pas avoir jamais dit que c'était "caractéristique du quart monde" ! Juste caractéristique de ce genre de parcs d'attraction, c'est tout... Les lecteurs vont encore me prendre pour un gars cynique et condescendant, tsss...]
Hamilton fait un petit effort pour socialiser avec le papa de Lewis, qui lui offre une bière. Le type lui explique qu'il est au chômage et que son fils va à l'école catholique à Salzinne (c'est là qu'habite Gaëlle la semaine, mais elle va à l'école à Namur, dans une grosse école évidemment pas catholique - son grand-père maternel est le grand toumou des francs-maçons de Namur, puis Hamilton n'aimerait pas ça non plus).
Hamilton n'aime pas trop l'ambiance. Gaëlle aime le parc mais n'en a rien à foutre de l'anniversaire. Quand le gamin souffle ses bougies, elle refuse de chanter avec les autres enfants. Hamilton parle avec des vieux qui n'ont rien à voir avec la fête, qui promènent leur petit garçon de 5 ans. Celui-ci n'arrête pas de parler et semble particulièrement éveillé pour son âge. Comme il reste un billet en trop pour une attraction et que lui et Gaëlle doivent partir reprendre le bus (et comme ils sont sympathiques), Hamilton le leur donne.
Le trajet de retour est moins pénible que celui de l'aller. Il y a juste un couple de jeunes amoureux débiles qui énerve mon ami. Le chauffeur de bus est le même qu'à l'aller. Hamilton lui dit "Encore vous !". Le type lui explique qu'il fait le même trajet à longueur de journée. Ça doit quand même être très chiant…
Hamilton et Gaëlle doivent encore attendre un peu à la gare de Namur, Gaëlle rejoue avec le même petit train (quelle journée palpitante à raconter, j'en ai de la chance !). Elle sympathise immédiatement avec une petite fille. Hamilton se fait la réflexion qu'elle est très forte pour rentrer en contact avec une personne, mais que les groupes ne l'intéressent pas. Il se dit que c'est comme lui (je ne sais pas, peut-être qu'il se trompe, je me souviens de Gaëlle à l'anniversaire de Fred Jr, jouant avec tous les enfants, menant quasiment la danse).
Le reste du trajet est sans intérêt. Une petite fille et sa maman qui ne donnent pas envie à Hamilton de suivre les conseils de Lewis en matière de lutte contre son célibat ("tu dois viser les femmes divorcées avec enfants" : ta gueule, Lewis !). Des garçons arrogants et naïfs qui se gargarisent et qui posent des questions sur les raisons du trajet du train dans Bruxelles (cette fameuse boucle que je déteste quand je prends le train pour Namur, que même la plupart du temps je descends à Luxembourg tellement ça m'énerve de traînasser). C'est à peu près tout.
Ils arrivent à l'appart vers 18h30. À cette heure-là, il n'y a plus grand-chose à faire, surtout avec une enfant à la maison. Nous sommes tous (entendre par là "le reste de la dream team") dans le centre ville en train de manger un hamburger chic en terrasse. Emily a appelé Hamilton pour qu'il nous rejoigne mais c'est compliqué. Il fait prendre son bain à sa fille, lui cuisine du poulet aux champignons (pour une fois elle mange sans se faire prier, c'est bien car Hamilton a cuisiné avec soin comme toujours). Ils regardent un épisode des Simpsons. Il lui lit une histoire de Mélusine. Gaëlle ne s'endort pas avant 23 heures. Dans sa chambre, la veilleuse aux lapins nocturnes est du plus bel effet.
Hamilton a mal à la gorge. Il s'est laissé convaincre de prendre trois taffes de joint chez Zapata hier, et ça ne lui vaut rien. Il a l'impression d'avoir de l'asthme. Il tombe d'épuisement mais il veut absolument écrire la journée de jeudi (comme moi je veux absolument écrire cette journée d'Hamilton, pour en être quitte). Pour son article, il réécoute de vieilles chansons psychédéliques, que Flippo a passées hier. Il adore ce genre de musique. Ça le rend tout fou, tout bien, j'imagine son enthousiasme solitaire. Mon ami est quelqu'un de tellement authentiquement et constructivement passionné, c'est impressionnant. Il va enfin dormir, certainement très, très tard.

Laisser un commentaire