Archives mensuelles : juin 2016

Bruxelles-Glasgow-Oban-Edinburgh-Bruxelles en train

Faster than fairies, faster than witches,
Bridges and houses, hedges and ditches;
And charging along like troops in a battle,
All through the meadows the horses and cattle:
All of the sights of the hill and the plain
Fly as thick as driving rain;
And ever again, in the wink of an eye,
Painted stations whistle by.

Here is a child who clambers and scrambles,
All by himself and gathering brambles;
Here is a tramp who stands and gazes;
And there is the green for stringing the daisies!
Here is a cart run away in the road
Lumping along with man and load;
And here is a mill and there is a river:
Each a glimpse and gone for ever!

(Robert Louis Stevenson, “From a Railway Carriage”,
in A Child’s Garden of Verses and Underwoods, 1913. [Lien])

Si je devais réaliser un classement personnel des moyens de transport que j'utilise, à n'en pas douter l'automobile se retrouverait tout en bas de la liste. Le fait que je dépende tant des voitures (et donc des conducteurs) pour certains de mes déplacements est chez moi une source constante de contrariété et d'insatisfaction. Je déteste ce véhicule et ce qu'il représente : le bruit des klaxons et des moteurs, les gaz d'échappement, la pollution, l'engorgement des villes, la fadeur des voies rapides... Je déteste aussi la fierté qui s'empare de certains individus détenteurs d'une voiture. Je déteste l'impatience qui les gagne dès qu'ils s'approchent d'un volant et d'une pédale d'accélérateur. Je déteste l'anxiété très particulière qui se dégage des voyages en voiture en compagnie de certains conducteurs stressés. — En résumé : je n'aime ni l'objet, ni le comportement qu'il induit presque inéluctablement.

Tout en haut de mon classement, trônerait le train, à mon sens l'une des plus belles et des plus utiles inventions issues de la Révolution industrielle. C'est de loin mon moyen de locomotion préféré, avant même le bateau et le vélo. Si je pouvais choisir, je n'utiliserais quasiment que lui ! Je rêve d'une Europe traversée par les lignes de chemin de fer, où chaque village serait joignable sans trop de difficulté par le rail. J'aime regarder les trains qui démarrent, passent ou s'arrêtent. J'aime la vie qui grouille aux abords des quais et dans les gares. J'aime la routine bien huilée d'un compartiment de voyageurs. J'aime aussi, tout simplement, ce que le train symbolise : un moyen de transport collectif rapide et fiable. J'aime enfin la sensation ressentie lors d'un voyage en train (surtout dans les plus anciens, qui ne sont pas insonorisés), décrite à la perfection dans le poème de Stevenson mis en exergue : un rythme très particulier et puis surtout ce paysage qui défile par la fenêtre : ponts, maisons, haies et fossés, chevaux et bétail, collines et plaines, gares, et pour finir toutes ces traces d'activité humaine dont on ne perçoit qu'un instant fugitif : enfants qui jouent, personnes dans leur jardin, automobiles (encore elles !) qui ne font que passer, autres trains, maisons, industries... — Prendre le train permet de voir le paysage d'une région ou d'un pays d'une manière assez particulière, d'observer les changements progressifs du décor.

Est-ce pour cette raison que j'ai décidé, avec ma mère et ma fille, que le voyage jusque le village portuaire d'Oban, en Écosse, se ferait uniquement en train ? Non : le train était de toute façon la seule possibilité viable, ces deux-là refusant catégoriquement de monter dans un avion et le voyage en ferry demandant une logistique beaucoup plus contraignante. Cependant, faire tout le voyage en train n'est évidemment pas pour me déplaire.

* * *

Nous partirons de la gare de Bruxelles-Midi, le 1er juillet prochain, pour un premier jour de voyage qui nous amènera à Glasgow, ancien grand bastion industriel en reconversion et ville la plus peuplée d'Écosse. Pour aller en train jusque là, c'est assez facile (et relativement rapide) : Eurostar jusque Londres (2 heures et 5 minutes de trajet), puis train du réseau intérieur jusque Glasgow (4 heures et 31 minutes). La correspondance à Londres est aisée : trois des nombreuses gares du centre-ville (St Pancras, Euston et King's Cross) se situent à tout au plus dix minutes à pied l'une de l'autre. À Glasgow, nous rejoindrons Andrew et Léah, arrivés la veille en avion. Le lendemain, nous repartirons ensemble vers Oban à bord d'un train local traversant les Highlands de l'Ouest et passant par le parc naturel du Loch Lomond qui, d'après Andrew, est un réel plaisir pour les yeux. Durée de ce dernier trajet : 3 heures et 9 minutes.

Après une semaine passée à Oban, nous repartirons vers Édimbourg, la superbe capitale de l'Écosse bâtie sur le flanc d'un volcan éteint, où nous passerons environ trois jours (dont deux complets) avant de repartir, le 12 juillet, vers la Belgique. Ma fille, ma mère et moi-même reprendrons alors à ce moment-là le train vers Londres (4 heures et 42 minutes), puis l'Eurostar vers Bruxelles... Coût total du voyage Bruxelles-Oban et Édimbourg-Bruxelles en train pour deux adultes et un enfant de dix ans : 747 euros et des poussières. Il y a très certainement moyen de réduire de quelques centaines d'euros ce montant, en prenant des trains plus lents, en partant à certaines heures ou jours creux, en attendant patiemment que des promotions ne tombent ou encore en utilisant astucieusement un système de « pass ». N'aimant pas avoir l'esprit occupé par les tracasseries administratives, j'ai choisi le plus simple, le plus direct et le plus rapide, au détriment du prix. Je ne suis pas à cent euros près : de toute façon, je suis déjà fauché. Amen.

* * *

Pour ces douze jours de vacances en Écosse, je compte réactiver ce blog et mettre sur pied un journal de voyage mêlant textes, photos, captations audio et peut-être aussi dessins (une idée de Léandra) — je suis un piètre dessinateur, mais pourquoi pas ? L'idée n'est pas de passer des heures devant mon ordinateur (comme ce fut le cas pour d'autres voyages), mais de simplement prendre environ une heure par soirée pour consigner une série d'impressions et mettre en ligne certains documents.

J'ai créé pour l'occasion une catégorie spéciale, ne reprenant que les articles dédiés à ce voyage (et à ses préparatifs), disponible via ce lien : [Écosse]. La suite au prochain épisode donc.