Archives mensuelles : avril 2015

Projets

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« Salut Hamil' !
— Ha tiens, Léandra, salut !
— Je reviens de mon cours de théâtre, je me suis dit que tu pourrais être là.
— Eh bien voilà, oui, je suis là ! »
Je me demande combien de personnes, à part Léandra, ont déjà eu pour programme de passer à la Maison du Peuple de Saint-Gilles le soir en pensant qu'elles pourraient m'y trouver, et aussi combien ont échafaudé le programme inverse, à savoir de ne surtout pas s'y rendre, pour exactement la même raison. Je m'imagine un bref instant déguisé en épouvantail et ça me fait sourire.
Je range mon ordinateur pendant que Léandra s'installe.
« Termine ce que tu étais en train d'écrire, hein.
— Oh non, non ! J'en ai marre. Je travaillais sur mon blog... Le séjour à Paris...
— T'en es à la moitié, maintenant ?
— Presque...
— Les deux articles du début, ceux de fin... Le train, le musée d'Orsay, le temps de midi... Ça fait sept. Il t'en reste neuf !
— Ouais, c'est ça : neuf. Mais pour le moment, j'écris plusieurs articles en parallèle. Quand j'en ai marre de travailler sur l'un, je passe à un autre. Là, je planchais sur Les Nymphéas, mais je change de temps en temps. »
Au départ, je voulais débuter l'article sur le musée de l'Orangerie par la mise en avant d'une seule peinture de nymphéas, Reflets d'arbres de Claude Monet, et la commenter de la même façon que j'ai commenté les huit tableaux du musée d'Orsay. Si je m'étais tenu à cette première version, le texte aurait été relativement court et serait déjà publié. Mais mon plan de départ s'est considérablement élargi dans la mesure où, entre-temps, je me suis mis en tête de parler aussi de Michel-Ange et de Mark Rothko, par association d'idées. Cet article sur Les Nymphéas est en passe de devenir à nouveau très long, voire trop long... Raison pour laquelle je rajoute à l'intention de Léandra (qui comprend très bien sans que je doive expliciter) :
« C'est horrible, c'est horrible ! »
En même temps — bonjour le paradoxe —, je ne crache pas sur ce genre de situation, car elle me permet de travailler à l'intérieur d'un cadre bien structuré, avec un objectif clairement défini dès le départ : écrire seize articles sur Paris. Comme pour la « Journée dont vous êtes le héros #1 » (encore bien plus « horrible » à concevoir, celle-là), il faut absolument que j'aille jusqu'au bout du projet. Et une fois ces articles terminés, l'ensemble produira sans doute une joli effet d'unité et de cohérence : c'est la carotte qui fait avancer l'âne.

[5]

Fin du mois de mars, au moment de rédiger sa version du même séjour, Léandra m'avait fait la remarque suivante : « Si j'écrivais mon article une semaine plus tard, je ne dirais sans doute pas du tout la même chose qu'aujourd'hui. Mais en ce qui te concerne, j'ai l'impression que ce que tu dirais ne changerait pas énormément. » Elle avait sans doute raison. Son commentaire me rappelle l'histoire des cartes postales virtuelles que j'avais postées sur mon ancien blog, fin de l'été 2012, alors que j'étais en vacances au Québec. (La première carte de la série se trouve ici.) Léandra avait déjà remarqué à l'époque que j'écrivais toutes ces cartes sans y mettre beaucoup d'affect ; que la plupart des courts textes que je rédigeais ne changeaient ni en fonction des circonstances, ni même vraiment en fonction de mon interlocuteur. Je faisais comme si je m'adressais à certaines personnes, mais la démarche paraissait forcée et artificielle. Léandra, quant à elle, avait écrit une unique carte postale à Jonas. Nul doute que si elle l'avait écrite une semaine plus tôt ou une semaine plus tard, elle n'aurait pas raconté la même chose. Léandra se comporte comme une actrice en représentation sur le devant d'une scène, et moi comme un simple spectateur anonyme perdu au dix-septième rang du second balcon ; ce qu'elle écrit est avant tout en rapport avec les préoccupations du moment, tandis que ce que j'écris ressemble beaucoup plus à un compte rendu, à une chronique ou à un récit historique. — On pourrait dire que cette façon d'écrire constitue ma marque de fabrique, mais je me demande si tout cela n'est pas en train de devenir nocif à plus ou moins long terme, d'autant plus que j'ai actuellement la fâcheuse tendance à m'enfermer dans ce rôle. Il faudrait que j'arrive à quitter cette « zone de confort » (comme ils disent) à l'intérieur de laquelle je veux tout contrôler.

[6]

« J'ai écouté cette liste des "choses à faire avant de mourir" de Georges Perec. C'est intéressant et assez marrant par moments, mais il y a beaucoup de "choses" qui me semblent faciles à faire... et pas du tout essentielles.
— Il n'aura pas eu le temps de les réaliser, me répond Léandra... Il est mort quelques mois plus tard...
— Il semblait assez excentrique, ce Georges Perec. C'est bien lui qui a écrit ce roman sans la lettre "E" ?
— Oui, La Disparition.
— Faudrait que je le lise un jour. Je pense que ça me plairait.
— Tu devrais essayer de pratiquer ce genre d'exercice dans ton journal... Écrire un article en excluant délibérément une lettre, mais sans préciser nulle part que tu l'as fait.
— Ha oui, ce serait amusant.
— Tu devrais écrire l'article normalement, puis essayer de remplacer tous les mots contenant la lettre interdite.
— Hmmm... Je pourrais même réaliser un ensemble d'articles en suivant cette logique... Je pourrais en écrire vingt-six... Un pour chaque lettre ! »
Mais là où Georges Perec a fait très fort, c'est qu'il ne s'est pas contenté d'effacer simplement la lettre « E » de son long texte : il s'est aussi amusé à faire en sorte que cette disparition soit au cœur de l'intrigue. Intrication de la forme et du fond, donc : un bel exercice. (Apparemment, la plupart de ses romans se déploient à partir de ce genre d'idées originales.)

* * *

Au cours des heures qui ont suivi la conversation avec Léandra, j'ai repensé à ces divers éléments. Cela dit, « repenser » n'est pas le bon terme : je les ai plutôt placés en arrière-plan, je les ai laissés mijoter sans trop m'en soucier. Ce n'est que par après, le lendemain et le surlendemain, qu'ils sont venus alimenter une réflexion plus générale sur l'avenir de mes projets d'écriture, réflexion que l'on pourrait résumer de cette façon (j'essaye de mettre de l'ordre dans mes pensées) :

[1] Pour ne pas dépérir, j'ai besoin d'un projet dans lequel je m'investis pleinement et que je considère comme totalement personnel (voire intime), sans rapport direct avec mes projets professionnels. Depuis 2011, les trois blogs/journaux que j'ai tenus ont rempli ce rôle. Et ils l'ont rempli assez bien.

[2] Pour tenir un blog sur le long terme, quel qu'il soit, j'ai besoin d'un « moteur », c'est-à-dire un je-ne-sais-quoi qui me fournira l'énergie nécessaire pour continuer à écrire.
[2.1] Le moteur du premier blog (Le blog du Noctambule) tournait autour du jeu d'échecs, mais il était trop alambiqué et est rapidement allé rejoindre le cimetière des blogs morts avant d'avoir réellement existés.
[2.2] Le moteur du second blog (Hamilton's Diary) était la stricte quotidienneté (« chaque jour, un article ; chaque article, un jour ») et il a très bien fonctionné, car il était simple et systématique. Cependant, il ne fonctionne plus aujourd'hui (j'ai essayé).
[2.3] Le moteur du troisième blog (celui-ci donc) ne tourne pas encore vraiment. Tout au plus y a-t-il un « moteur négatif », qui consiste à déclarer que la quotidienneté n'est justement plus un moteur. Mais une telle déclaration ne me permet pas de construire quelque chose de stable, solide et chargé de sens.

[3] Je ne compte pas abandonner le présent blog, mais il faut toujours que je trouve un moteur pour le faire avancer de façon moins chaotique, pour faire en sorte qu'il soit autre chose qu'un simple contenant sans fil directeur (on en revient à l'idée de ligne éditoriale chère à Léandra).

Voilà plus ou moins où en était restée la réflexion, que j'ai enfin réussi à débloquer de la manière suivante : et si, afin d'atteindre le but fixé dans le paragraphe ci-dessus [3], et plutôt que de courir après une quotidienneté invivable comme je le faisais dans mon précédent journal [2.2], je fonctionnais principalement par mini-projets, comme c'est le cas pour l'instant avec la narration étendue de notre séjour à Paris [4] ? Par « mini-projets », je n'entends pas spécialement des petits projets, mais plutôt des projets particuliers à l'intérieur du projet plus vaste que forme le présent blog dans sa globalité. Chaque mini-projet serait une sorte d'archipel dans une mer d'articles isolés. À chaque fois, je me fixerais un objectif et un cadre de travail précis, avec éventuellement une certaine contrainte formelle [6], j'échafauderais un plan pour concrétiser cet objectif et je m'y tiendrais coûte que coûte. Ensuite, une fois le projet en question terminé, j'en choisirais un nouveau... et ainsi de suite. Il me semble que je pourrais tabler sur quatre à huit projets par an, selon la taille de ceux-ci. (On notera qu'il ne s'agit pas d'une ligne éditoriale, mais plutôt d'une manière de fonctionner.)

Cependant, pour ne pas retomber dans mon principal travers qui consiste à tout décrire de manière froide et mécanique, et aussi à vouloir tout contrôler [5], il faudrait que je mette en place des cadres d'expression novateurs (du moins pour moi), m'obligeant à quitter le sol réconfortant des habitudes et des routines. Tous les projets entrepris ne devraient pas être strictement novateurs, mais certains pourraient l'être. On pourrait par exemple imaginer qu'un projet sur deux sortirait des sentiers battus, tandis que l'autre serait plus « classique » dans sa forme, et donc forcément plus reposant. J'ai d'ores et déjà dressé une liste de « mini-projets » possibles, en plaçant en première place les plus originaux :

  • Parler plutôt qu'écrire (idée géniale de Léandra) : basiquement, l'exercice consisterait à remplacer l'écriture par un simple enregistrement de ma voix. Je pourrais par exemple profiter de différents moments de la journée pour rapporter dans un enregistreur portable, sans préparation, mes sentiments par rapport à telle ou telle situation, puis poster l'enregistrement sur mon blog (techniquement, c'est assez facile à effectuer). Ce serait pour moi un excellent moyen de couper court à ma volonté de tout maîtriser. Et si, dans un second temps, je voulais aller plus loin, les possibilités de l'audio sont incroyablement diversifiées : avec un peu de matériel, d'expérience et d'entraînement, je pourrais réaliser des épisodes radiophoniques contenant de la musique, des bruitages, des invités, etc. (Je pense directement au fantastique roman radiophonique Welcome to Night Vale, une belle référence en matière de création d'ambiances.) — Ha, mais voilà que je retombe déjà dans le contrôle !
  • Écrire en collaboration avec une ou plusieurs personnes : cela ne signifie pas, comme je l'ai déjà fait à diverses reprises, « donner la plume à quelqu'un » (comprendre la plupart du temps : à Léandra), mais vraiment collaborer, c'est-à-dire construire un projet en commun. Ce serait un exercice très compliqué pour moi, puisqu'il faudrait que je laisse tomber de nombreuses exigences personnelles et que j'accepte un résultat final différent de l'image que j'en avais au départ. Ce serait un projet particulièrement intéressant et instructif. En cas de réussite, il donnerait naissance à quelque chose qui ne ressemblerait en rien à ce que j'ai déjà fait.
  • Décrire mes journées sous forme de bandes dessinées : on pourrait croire que ce serait un exercice très difficile pour moi, puisque je dessine comme un manche, mais ce serait tout de même moins traumatisant que les précédentes propositions. Léandra affirmait dernièrement qu'en dessinant, je serais toujours dans une forme de contrôle. C'est vrai : il suffit pour s'en convaincre d'observer le dessin au Rotring qui sert d'en-tête à ce blog. Cela dit, faire une BD serait un exercice qui me sortirait de l'ordinaire et qui m'obligerait... à apprendre véritablement le dessin, tout simplement.
  • Écrire une série d'articles dans un langue que je ne maîtrise pas, c'est-à-dire toutes les langues du monde sauf le français. Celle avec laquelle j'aurais le plus de facilité serait certainement l'anglais, raison pour laquelle ce ne serait pas une bonne idée de la choisir. Pour que l'exercice soit vraiment captivant, il faudrait que j'écrive plusieurs textes en arabe. C'est évident. L'arabe est une langue dont la structure diffère de tout ce que j'ai pu étudier auparavant : écrire en arabe, c'est décrire un monde nouveau, ou plus exactement décrire le monde de manière nouvelle, ce qui n'est pas vraiment la même chose. Cette langue est un monstre de logique et de clarté, tant dans sa structure que dans sa manière de décliner des concepts généraux... J'en reparlerai une autre fois. De toute façon, un projet de ce type ne pourrait pas voir le jour avant quelques années.
  • Partir en voyage dans un endroit dépaysant et tenir un « journal de bord » : je n'ai jamais vraiment quitté l'Occident. Si je me rendais au Cambodge ou au Botswana (simples exemples pris au hasard), si je prenais la mer (très improbable), autrement dit si je partais réellement à l'aventure, ce serait pour moi un changement beaucoup plus radical que de visiter pour une troisième fois la Province de Québec. J'aurais alors sans doute quelque chose de plus intéressant à raconter que tout ce que j'écrivais platement dans mes cartes postales en 2012 [5]. Une autre possibilité serait de me rendre dans un endroit moins exotique, mais néanmoins très différent de ce que je connais, comme par exemple le pied d'un fjord (à l'instar de Brand ou de Wittgenstein !). Le journal que je tiendrais serait manuscrit car je partirais sans matériel informatique. Les seules images qu'il contiendrait seraient des dessins, car je n'emporterais pas d'appareil photo. Par-dessus tout, la totalité du projet devrait être à la fois sincère dans le fond et austère dans la forme. Ni travestissements de la réalité comme ceux que l'on trouve hélas encore ici, ni fioritures d'aucune sorte. Enfin, pour éviter les interférences, il faudrait à tout prix que je fasse ce voyage seul. À la fin de l'expérience, je posterais directement sur ce blog, sans retouche, les pages du simple carnet qui m'aurait servi de journal.
  • Écrire une nouvelle (ou une série d'articles sur la vie quotidienne) en suivant rigoureusement certaines contraintes formelles : comme expliqué précédemment [6], ce genre de projet aurait plus d'intérêt si j'arrivais à mêler contrainte formelle et signification. Autrement dit, il faudrait que la disparition d'une ou plusieurs lettres (lipogramme) ou tout autre exercice de ce genre ait un sens au-delà de la bête figure de style. Simple exemple : un texte où chaque personnage aurait « sa » voyelle (monovocalisme) en fonction de sa personnalité : celui en « e » serait toujours hésitant (rappelant le « euh »), celui en « o » constamment surpris (« oh »), etc.
  • Décrire mes journées futures : c'est une idée assez proche de la précédente ; un exercice de style connu sous le nom de « pronostication » qui consisterait, par exemple, à décrire systématiquement le déroulement de ma journée de demain... Ou de plusieurs journées dans un an... Ou dans dix ans... Ou encore à essayer de raconter ma mort, ou mes funérailles, ou ce que diraient les gens après celles-ci, etc. Je serais un oracle prophétisant son propre destin et qui utiliserait le tutoiement pour se parler à lui-même. Ensuite, le jour venu, je pourrais comparer le pronostic avec la réalité... Sauf dans le cas de ma mort et de tous les événements ultérieurs à celle-ci, évidemment : il faudrait alors que d'autres personnes se chargent de la comparaison.
  • Créer un projet en lignes de code : contrairement à mes précédents blogs qui étaient hébergés sur une plate-forme prémâchée (à savoir Blogger), ce blog-ci est relié à un hébergement mutualisé complet et beaucoup plus performant (chez l'hébergeur suisse Infomaniak, que j'ai choisi après des mois de tergiversation). Il est donc tout à fait possible de faire autre chose de l'espace mis à disposition. Ainsi, rien ne m'empêche d'implémenter de nouvelles fonctionnalités ou bien de créer des scripts PHP personnels, des bases de données MySQL supplémentaires, etc. (ce que j'ai d'ailleurs déjà fait avec le déchiffreur de Dorabella). Par exemple, si je voulais réaliser une « journée dont vous êtes le héros » numéro deux, je pourrais m'y prendre de manière beaucoup moins artisanale que précédemment, en créant un moteur logiciel sous-tendant tout le processus. Parmi d'autres projets possibles, il y a aussi le « Psycholog'r » (titre provisoire), un algorithme qui dresse « l'état psychologique » précis et unique d'un internaute, mais avec beaucoup plus d'humour et beaucoup moins de sérieux que ce qu'on trouve hélas trop souvent sur le Web 2.0.
  • Écrire quelque chose d'utile pour autrui et donc aller à l'encontre — pour un temps limité en tout cas — de ce que je me donnais comme consigne à la naissance de ce blog, à savoir de « ne pas écrire pour les autres ». Un projet qui me tiendrait certainement en haleine serait la confection d'un « manuel du sceptique 2.0 » ou « manuel de critique des médias à l'ère des réseaux sociaux ». Ce serait une réponse personnelle (et forcément circonscrite) aux nombreux relâchements de l'esprit critique observés jour après jour sur le Web... Relâchements qui consistent, dans le pire des cas, à gober strictement tout ce qu'on y voit et tout ce qu'on y lit : les pires idioties non sourcées, les déclarations irrationnelles, les discours de propagande, etc. (Reste la question de l'utilité d'un tel manuel, car j'ai l'impression que ceux qui en auraient le plus besoin ne le liraient pas, et qu'à l'inverse ceux qui le liraient n'en auraient pas particulièrement besoin. C'est tout le paradoxe de ce genre de travail.)
  • Écrire des textes répondant uniquement à la question « comment te sens-tu ? » (une autre bonne idée de Léandra) : durant cet exercice, je pourrais révéler quelques éléments de contexte, mais la majeure partie du contenu devrait surtout se focaliser sur « comment je me sens », par exemple chaque matin et/ou chaque soir d'une semaine ordinaire. Autant dire que l'exercice serait très difficile, non seulement parce que, la plupart du temps, je ne sais pas du tout comment je me sens (c'est presque par « rétro-ingénierie », si je puis dire, que je peux savoir ce que j'éprouve), mais aussi parce que je ne suis pas quelqu'un de nuancé : si par malheur il m'arrive de ressentir tout de même quelque chose, je peux passer en un clin d'œil dans un mode binaire à la limite du ridicule : immense tristesse, forte colère, joie formidable, grand amour... Par conséquent, si l'exercice consistait à placer de subtiles gradations sur l'échelle des sensations, qui plus est à un moment où c'est la « vie de tous les jours » qui prédomine (comme le matin), cela m'obligerait à... À quoi exactement ? À trouver des nuances là où j'étais sûr qu'il n'y en avait pas ? Léandra pense que si je veux un jour écrire une nouvelle qui tienne la route, il faut que je passe par là.
  • Faire une liste et détailler dans une série d'articles spécifiques chacun des points de cette liste : liste des choses à faire avant de mourir (on en revient à Perec), liste des livres qui m'ont le plus marqué, liste des chansons à jouer lors de mon enterrement, liste des auteurs de romans les plus neuneus des trente dernières années, liste des chansons que j'adore mais que je devrais en toute logique détester... Cinéma, littérature, musique, dessins animés, bandes dessinées, etc. : la liste des listes est longue ! (Par ailleurs — et ce sera le mot de la fin —, toutes ces listes pourraient être réalisées sous forme de podcast ! On en revient au premier point : la boucle est bouclée, n'est-ce pas formidable ?)

En attendant, il faut toujours que je termine la longue narration de notre séjour à Paris. Je me donne encore un gros mois pour faire cet exercice sans le bâcler. De cette manière, aux alentours du solstice d'été, je pourrai me lancer dans tout autre chose.